L'état d'urgence a été décrété en Nouvelle-Calédonie après plus de trois nuits d'émeutes ayant fait 4 morts, dont un gendarme, et des centaines de blessés. "Ce qui se passe là-bas est sans commune mesure avec ce qu’il y a chez nous", annonce le conseiller départemental de Sada-Chirongui, Soula Saïd Souffou, avant d'ajouter au sujet de la réponse des autorités: "ne pas comprendre pourquoi il y a un tel déséquilibre dans le traitement de deux territoires ultramarins."
La mise en place de l'état d'urgence à Mayotte est une demande formulée à plusieurs reprises par les élus et des collectifs. "Pourquoi est-ce qu’un mort mahorais ne vaut pas un mort calédonien ? Il ne s’agit pas de faire une concurrence des douleurs, mais d’exiger l’égalité", affirme l'élu. "C'est un deux poids, deux mesures. A Mayotte, nous vivons tous les jours une situation exceptionnelle, il nous faut des mesures fortes." Il dénonce notamment "un manque d'expérience" des gouvernements sur les questions ultramarines.
Projets de loi Mayotte : "je suis sceptique, mais je garde espoir"
Alors que l'Assemblée nationale a adopté le projet de loi constitutionnel pour dégeler le corps électoral en Nouvelle-Calédonie, le conseiller départemental se dit à l'inverse favorable à une telle mesure à Mayotte, en cas de nouvelles consultations sur le statut de l'île. "Nos aïeux se sont battus pour la départementalisation et nous savons que nous avons un voisin qui revendique notre territoire et qui nous envoie massivement sa population pour changer la démographie et donc la destinée politique", explique Soula Saïd Souffou. "L'ONU et l'OTAN ont déjà reconnu que les populations pouvaient être instrumentalisées pour déstabiliser un territoire."
À la veille de la présentation à l'Élysée des projets de loi Mayotte aux élus mahorais par le président de la République, l'élu ne cache pas sa méfiance. "Je ne m'attends pas à une révolution, car le premier retour qui nous a été fait sur les 120 propositions du département n’a rien de rassurant. Je suis sceptique mais je garde l’espoir qu’au vu de la dégradation de la situation, le gouvernement ait un sursaut politique", résume-t-il. "Nous avons déjà dit non à un premier texte qui ne correspondait pas aux attentes des Mahorais, s'il le faut, nous dirons non à un deuxième texte."