C’est un verdict jugé sévère qui ramenait ce matin Harold Martin et Willy Gatuhau au tribunal. En juin 2019, en première instance Harold Martin avait écopé de deux ans d’emprisonnement, dont un ferme, et cinq ans d’inéligibilité. Pour Willy Gatuhau, c’est un an avec sursis et trois ans d’inéligibilité. Le dossier regorge de témoignages précis d’échanges d’enveloppes et de promesses d’emplois. De dépôt d’espèces sur des comptes et d’écoutes téléphoniques.
"Pendant les débats ont été évoquées des pratiques des deux principaux prévenus notamment : d'avoir accès à des éléments de l'enquête avant même les gardes à vues, avant même la mise en examen avec des fonctionnaires de gendarmerie haut placés. Un autre qui lui appelle directement le haut-commissaire pour s'étonner de sa garde à vue ou de sa mise en examen, indique Maitre Stéphane Lentignac, avocat de Frédéric De Greslan pour la partie civile. Des pratiques qui ne sont pas celles, me semble-t-il, de ce que doit être la conduite d'un homme politique. Fût-il injustement mis en cause, d'après eux."
Les deux accusés nieront en bloc. Harold Martin parlera de complot fomenté par Philippe Gomès qui "voulait sa peau". Les avocats n’auront de cesse de dénoncer un tissu de mensonges sans aucun élément objectif.
Une exécution provisoire de l'inéligibilité
"Nous, on est allé au fond des choses. On va sur le dossier et puis on démontre que tout ce que ces gens disent est faux. Et ça, c'est parfaitement démontré, assure Maître Philippe Reuter, avocat d’Harold Martin. Les gendarmes ont bien fait leur travail. Dès que ces gens font des affirmations, ils vont vérifier et systématiquement, ça s'avère faux. On espère que la cour nous a entendus. Nous avons fait une démonstration sérieuse sur la base des éléments du dossier. Je ne vois pas une juridiction prendre autre chose qu'une décision de relaxe."
L’avocate générale, elle, demande de reconnaître la culpabilité des accusés, de confirmer les peines et requiert une exécution provisoire de l’inéligibilité pour Willy Gatuhau.
Et Maître Fabien Marie, avocat de Willy Gatuhau de relever :"on lance des accusations à l'emporte-pièce qui ne reposent sur aucun élément. Sauf que Willy Gatuhau (…) est le seul aujourd'hui qui risque quelque chose dans ce dossier. C’est un homme qui a consacré toute sa vie à la commune de Païta. Il y est depuis 1995. Il a été très bien élu. Aujourd'hui alors qu'il n'y a aucun élément dans le dossier, on demande simplement à ce qu'il soit rayé de la carte de la commune de Païta."
Ce qui serait effectivement le cas si le tribunal suivait à la lettre le réquisitoire de l’avocate générale. Le jugement est renvoyé au 8 novembre.
Le reportage de Bernard Lassauce et Franck Vergès :