ÉMEUTES. La ville de Nouméa indemnisée par son assurance à hauteur de cinq milliards de francs

Le cadeau de Noël vaut cinq milliards de francs. C’est le montant du dédommagement auquel la ville de Nouméa peut prétendre, sept mois après, pour les dégâts engendrés par les violences de la mi-mai. Sonia Lagarde l’a annoncé vendredi 20 décembre, en fin de conseil municipal : “Nous avons reçu un mail la nuit dernière pour dire que l’assureur allait nous rembourser.” Grâce à une délibération ajoutée en urgence à l’ordre du jour, elle a été habilitée à signer l'accord trouvé avec la compagnie Helvetia. 

Trois agents dédiés aux démarches

Cette “bonne nouvelle” couronne un marathon de démarches. “Depuis les émeutes, nous avions une équipe de trois personnes qui a travaillé avec l’assureur”, insiste la maire de Nouméa. “Ça a mobilisé pratiquement tout leur temps parce que les demandes étaient extrêmement précises, il fallait y répondre très très vite et ne pas lâcher ce dossier.” L'affaire a aussi impliqué un courtier local et un cabinet missionné pour assister la municipalité.

Enjeu majeur

L’enjeu était de taille. Les incendies, saccages et dégradations ont coûté à la commune au moins 37 bâtiments municipaux, dont des écoles, les médiathèques, ses ateliers… Mais aussi une centaine de véhicules, une partie du réseau de vidéosurveillance et une quantité de mobilier urbain. Le coût des dommages a été arrêté à 6,339 milliards de francs, sachant que le contrat souscrit permettait une indemnisation jusqu’à cinq milliards. La plus grande ville du Caillou obtient donc le maximum possible. Et dans des délais plutôt réduits, comparé aux difficultés que rencontrent de nombreux professionnels. 

Entreprises "en souffrance"

Sonia Lagarde a eu une pensée pour eux : "Beaucoup d’entreprises sont en souffrance, elles n’ont pas réussi à obtenir un dédommagement de leur assureur.” “Tant mieux pour la mairie, il faut espérer que les assureurs aillent aussi vite et aussi loin pour les petites entreprises de la place”, a renchéri l'élu d’opposition Emmanuel Bérart, pour le groupe Générations Nouméa.

La conseillère de la majorité Cindy Pralong a apporté une précision à ce sujet : "J’étais intervenue lors du dernier conseil municipal", début novembre, "pour vous informer qu’on était à 4 % de remboursement, suite aux exactions, au niveau des entreprises et des particuliers. Aujourd’hui, on est à 24 %."

Une enveloppe réservée

Comment ces cinq milliards seront-ils dépensés ? L'élu d'opposition Joseph Boanemoa, du groupe Unité pays, a suggéré un soutien aux habitants, en matière de transport par exemple. Réponse de la maire : "On a deux écoles à reconstruire, le mur d’escalade, la direction des risques sanitaires qui a brûlé… Dans les instructions budgétaires, j’ai tenu à dire au service des finances que cette somme ne servira à rien d’autre qu’à la démolition, et ensuite à la reconstruction." 

"La Nouvelle-Calédonie nous doit 5,1 milliards"

Même avec des caisses qui se sont vidées, pas question de piocher dans cette enveloppe pour faire tourner les services. "Si on commence à utiliser un peu de cet argent pour le fonctionnement, on entrera dans une spirale et une dérive. Quand il va falloir reconstruire, on n’aura plus les moyens", a prévenu Sonia Lagarde.

Cette indemnité massive ne règle donc pas les soucis financiers de la mairie, inquiète pour le paiement des salaires à partir de février. "Il ne reste plus qu’à attendre que les élus du Congrès votent un certain nombre de délibérations, dans les jours qui viennent, pour que nous puissions obtenir une aide de l’Etat. Je rappelle que la Nouvelle-Calédonie nous doit 5,1 milliards."

Sonia Lagarde, maire de Nouméa, est ce soir l'invitée du journal télévisé, à partir de 19h30