"Nouméa aujourd'hui, c'est 6,7 milliards en moins", déplore la maire de Nouméa Sonia Lagarde

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Invitée du JT ce dimanche 10 novembre, la maire de Nouméa Sonia Lagarde est revenue sur la situation financière très délicate de la commune, et les arbitrages qui doivent nécessairement être réalisés en conséquence.

Sa commune avait été la plus impactée lors des exactions de mai 2024 et continue de l'être. La maire de Nouméa Sonia Lagarde, invitée du journal télévisé ce dimanche 10 novembre, a fait le point sur la situation financière délicate de la ville, quelques jours après des coupes franches opérées dans le budget municipal 2024.

3,85 milliards de francs ont ainsi été rabotés, sans pour autant ramener les finances à l'équilibre. "Nouméa aujourd'hui, c'est 6,7 milliards en moins", a rappelé Sonia Lagarde, évoquant notamment parmi les causes de ce déficit le non-versement par la Nouvelle-Calédonie des cotisations des patentes.

"Normalement, elles sont dues au 31 janvier et la Nouvelle-Calédonie nous les verse en trois fois, en février, en mars et en avril. Nous n'avons pas perçu ces 3 milliards", a pointé l'ancienne députée, citant également une diminution du fonds intercommunal de péréquation (FIP) versé par le territoire.

Vers une mise sous tutelle ?

De quoi laisser planer le spectre d'une mise sous tutelle de l'Etat, autrement dit d'une prise en main du budget municipal par le Haut-Commissariat. Un temps réclamée par les organisations patronales au niveau calédonien, la mesure revient désormais régulièrement sur la table des conseils municipaux. "Si nous ne sommes pas capable de voter des budgets à l'équilibre ou si les budgets sont insincères, c'est l'Etat qui prend le relais", a rappelé Sonia Lagarde. 

D'ordinaire, la mise sous tutelle d'une collectivité survient en raison d'une mauvaise gestion. Cette fois, elle serait donc volontaire, faute de rentrées d'argent suffisantes pour élaborer le prochain budget.

"C'est pour ça qu'on dit qu'on va rendre les clés du camion, dire à l'Etat de reprendre la main car on ne peut pas voter les budgets", a-t-elle ajouté. Dans ce contexte, l'arrivée de la mission de reconstruction économique du territoire, chapeautée par Bercy et attendue fin novembre, peut-elle changer la donne ? 

Sonia Lagarde a en tous cas pointé la nécessité de "discuter ferme avec ses représentants afin de savoir comment on fait en 2025 pour voter nos budgets à l'équilibre".

Le recours à l'Etat

Pour la maire de Nouméa, la seule solution possible pour éviter la mise sous tutelle réside aujourd'hui dans l'intervention de l'Etat. "On fait appel à lui parce que la France a envoyé énormément d'argent depuis les émeutes. Mais c'est de l'argent qui est parti vers Enercal, vers la CLR, vers le RUAMM. Et les communes ont été les oubliées de l'histoire", a souligné la première édile.

Les maires des 33 municipalités du territoire auront d'ailleurs l'occasion d'évoquer leur situation avec la mission de concertation et de dialogue, menée par Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet. "Le fait qu'on nous écoute, je trouve ça très bien parce qu'on a une sensibilité particulière et les mains dans le cambouis tous les jours, avec un ressenti de la population qui est différent", a noté Sonia Lagarde.

Et de conclure : "Il ne faut pas oublier une chose. Tous les investissements qui sont faits, ce sont en général les communes qui les réalisent et qui font travailler les entreprises calédoniennes. Donc, il faut nous donner les moyens de pouvoir continuer".

Les croisièristes de retour

Le retour des paquebots de croisière à Nouméa fera-t-il office d'éclaircie dans la grisaille ambiante ? "C'est une bonne chose parce que tout était à l'arrêt. Les gens proposant des excursions et des artisans étaient en souffrance", a rappelé la maire, tout en rappelant que "les touristes ont peu d'argent à dépenser, entre 5000 et 7000 francs" en moyenne. Un élément d'explication au faible nombre de commerces ouverts aux abords des quais ce dimanche 10 novembre, lors de l'arrivée de l'Ovation of the Seas.

"Si les bateaux reviennent de manière régulière, nous percevrons une taxe à travers le retour des touristes", a-t-elle ajouté, faisant référence à la taxe croisière votée par le Congrès juste avant les émeutes. Pour l'heure, la visibilité reste cependant restreinte, les réservations n'ayant pas encore rouvert.