DÉCRYPTAGE. En Nouvelle-Calédonie, le ticket de bus plus cher qu’à Paris et New York

Le réseau Tanéo couvre Nouméa et son agglomération.
Nouméa est-elle en passe de remporter la palme du ticket de bus le plus cher au monde ? Oui, selon les données collectées par NC la 1ère : à 500 francs Pacifique l’aller simple, sans possibilité d’abonnement mensuel, le réseau Tanéo décroche la palme du transport en commun le plus coûteux, toutes catégories confondues.

L’augmentation vertigineuse du tarif du réseau Tanéo, qui fait suite à la grave crise traversée par la Nouvelle-Calédonie, a été pointée du doigt par l’UFC-Que choisir. "À 500 francs Pacifique le trajet, Nouméa va sans doute être l’agglomération où les transports en commun seront les plus chers au monde, s’insurgeait le président de l’UFC-Que choisir, Gilles Vernier, début octobre, en demandant “vigoureusement” au gestionnaire du réseau de transport urbain de l’agglomération nouméenne de “revoir sa copie”. 

Sans prétendre à l’exhaustivité, NC la 1ère a effectué une comparaison des prix pratiqués sur le réseau Tanéo selon plusieurs critères. Et à chaque fois, Nouméa termine sur la première marche du podium du prix le plus élevé. 

Devant Paris, New York ou Sydney 

Ainsi, les grandes capitales du monde, pourtant réputées pour pratiquer des tarifs élevés - à mettre en rapport avec un réseau souvent très étendu et un haut niveau de service en termes d’horaires et de fréquences de passage –, sont moins chères que Tanéo. Il en coûte 251,72 francs pour un aller simple en bus à Londres, 256,40 francs à Paris, 354,28 francs à New York. À Sydney, qui pratique plusieurs gammes de prix en fonction de la distance (de 0 à 3 km, de 3 à 8 km et au-delà de 8 km), le billet le plus cher, à 411,05 francs, reste moins élevé qu’à Nouméa.  

L'agglomération de Nouméa et ses quelque 180 000 habitants affiche un coût des transports en commun plus important qu'à Londres où vivent 9 millions de personnes.

Pire, toutes ces villes pratiquent des abonnements mensuels ou hebdomadaires qui permettent de réduire sensiblement la facture. Ainsi dans notre exemple le plus cher, Sydney, le forfait hebdomadaire avec trajets illimités est à 3 670 francs. Un usager de Tanéo doit, lui, débourser 5 000 francs, rien que pour un aller-retour domicile-travail 5 jours par semaine.  

Devant des villes métropolitaines comparables 

Nouméa ne s’en sort pas mieux face à des aires urbaines françaises de taille similaire (entre 180 000 et 220 000 habitants). La comparaison est là encore en défaveur du réseau Tanéo. Dans le Grand Reims, le ticket de bus s’affiche à 214,66 francs, contre 190,82 francs à Limoges et enfin 202,72 francs à Brest et Nîmes.

Contrairement à Tanéo, toutes ces villes proposent également des abonnements avantageux, ainsi que des “tarifs solidaires” destinés aux personnes sans emploi

Contrairement à Tanéo, toutes ces villes proposent également des abonnements avantageux, ainsi que des “tarifs solidaires” destinés aux personnes sans emploi. Parmi nos exemples, la ville au tarif mensuel “le plus cher”, Nîmes, affiche un abonnement mensuel à 5 336 francs. Sur la base de 20 jours ouvrés par mois, l’habitant de Nouméa ou du Grand Nouméa doit lui débourser 20 000 francs pour un seul aller-retour quotidien. 

Dans les villes de taille similaire de l'Hexagone, le transport par bus est près de deux fois moins cher.

Devant les autres grandes villes ultramarines 

Réputées plus coûteuses que l’Hexagone, les capitales des territoires ultramarins font toutes mieux que Nouméa (à l’exception de Wallis-et-Futuna, Mayotte et Sant-Pierre-et-Miquelon qui n’ont pas de réseau de transport collectif urbain comparable). 

À Papeete, le ticket de bus revient à 200 francs, tandis que l’aller-retour s’affiche à 340 francs. À Saint-Denis de La Réunion, le billet unitaire s’affiche à 155,03 francs, tandis qu’il s’affiche à 172,91 francs à Fort-de-France, à 214,65 francs à Pointe-à-Pitre, et à 238,41 francs à Cayenne. 

Devant... même pondéré par le niveau de vie 

Les salaires et le coût de la vie n’étant pas les mêmes, est-ce que Nouméa s’en sort mieux, une fois que l’on rapporte le coût mensuel des déplacements au salaire moyen ? Là encore, la réponse est négative. 

Rapporté au salaire moyen net mensuel, Nouméa reste la ville où se déplacer en bus coûte le plus cher.

Ainsi, il faut débourser 5,56% du salaire mensuel moyen en Nouvelle-Calédonie pour se déplacer 20 jours par mois à raison d’un aller-retour par jour sur le réseau Tanéo.  

Sydney, où le transport est particulièrement cher, arrive loin derrière, à 3,38% du salaire moyen, tandis que New York (2,12%) Paris (2,52%) et Londres (2,57%) restent sous la barre des 3%. 

Les grandes villes hexagonales de notre exemple sont toutes sous les 2% (1,60% pour Reims, 1,62% pour Limoges, 1,78% pour Brest, 1,97% pour Nîmes.)  

Outre-mer, les grandes villes que nous avons sélectionnées sont plus chères que l’Hexagone mais ne passent pas la barre des 3% : à Pointe-à-Pitre, les Guadeloupéens dépensent l’équivalent de 2,31% du salaire moyen net pour se déplacer, contre 1,97% à Fort-de-France (Martinique), 1,61% à Saint-Denis de La Réunion, 2,56% à Cayenne et, enfin 2,76% pour les habitants de Papeete (Polynésie française).