Quatre individus, originaires de Maré, sont suspectés d'être les auteurs de l'agression le lundi 4 mars, sur la place du Mwâ Kââ, d'un homme de l'Ile des Pins. Des faits d'une extrême violence filmés et diffusés sur les réseaux sociaux. Invité du journal radio, ce jeudi 7 mars, le procureur de la République Yves Dupas révèle les avancées de l'enquête.
De jeunes suspects sans antécédents judiciaires
"Aujourd'hui, je suis en mesure de vous dire que quatre personnes mineures sont déférées au tribunal en vue de leur convocation devant le juge des enfants. Ce sont des mineurs qui n'ont aucun antécédent judiciaire et qui feront l'objet d'un placement sous contrôle judiciaire." Et de préciser que sur ces quatre individus, deux d'entre eux sont également suspectés de vols avec violence. Car "la victime a été frappée, a reçu des coups d'une violence inouïe, mais elle a également été volée de ses biens" ajoute Yves Dupas.
Filmer une agression et/ou la diffuser, c'est être complice de l'agression
Concernant les appels à venger la victime, particulièrement nombreux sur les réseaux sociaux, le procureur de la République rappelle que tout acte de représailles donnerait lieu à l'ouverture d'une enquête. "Ces actes sont aussi inacceptables" affirme t'il.
"Les appels a la violence, ou à la haine, sur les réseaux sociaux constituent un délit puni d'une peine d'emprisonnement de cinq ans. Par ailleurs, la diffusion sur les réseaux sociaux de messages ou de scènes de violence constituent également un délit pénal, puni, là aussi, d'une peine d'emprisonnement de cinq ans. Les enquêtes seront menées avec la plus grande rigueur (..) cela concerne notamment les jeunes à la sortie des établissements scolaires. La police nationale déploiera les moyens nécessaires pour contrôler cette situation. " Et d'enfoncer le clou sur les principes de loi pénale, souvent méconnus des plus jeunes : "la loi française considère que la personne qui enregistre une scène de violence est complice de ces actes de violence. Le degré de responsabilité pénal est là. "
Des autorités coutumières invoquent le chemin du pardon
Par ailleurs, le procureur de la République salue les appels au calme des autorités coutumières. Des réactions qu'il qualifie de "très positives". Il faut désormais, selon lui, laisser la justice exercer ses missions. Un état d'esprit partagé, notamment, par le représentant de l'aire Djubéa Kapumé, John Tindao : "Notre avis est de laisser les forces de l'ordre faire leur travail et calmer nos populations pour qu'elles ne fassent pas justice elles-mêmes. Les agresseurs ont été arrêtés, la justice est en train de faire son travail. Par contre, on encourage les parents et les chefs de clans des agresseurs à prendre le chemin du pardon pour aller vers celui qui a été agressé."
Autre réaction, dans le même esprit d'apaisement, celle du conseil coutumier Nengoné, qui "condamne avec fermeté l'agression qui a eu lieu au Mwâ Kââ" et "s'indigne que nos jeunes s'adonnent à de telles atrocités qui, de plus, sont publiées sur les réseaux sociaux" avant de conclure par un souhait de retour au calme et à la sérénité "pour une vie paisible en Nouvelle-Calédonie".
A noter que depuis la diffusion de cette agression au Mwâ Kââ, les forces de l'ordre sont régulièrement sollicitées par les chefs d'établissements scolaires afin d'éviter les actes de représailles. Le dernier incident en date remonte à mardi au lycée de Bourail. Cinq élèves de Maré ont été pris à partie en raison de leur origine. Si la situation a pu être maîtrisée à temps, la vigilance reste de mise dans l'ensemble du pays. Demain, vendredi, un dispositif de police spécial sera déployé dans les lycées et collèges de Nouméa.