Antoine Kombouaré : "Cela dépasse l'imaginaire, même les rêves les plus fous"

Après la demi-finale de Coupe de France remportée contre Monaco, l'entraîneur du FC Nantes, Antoine Kombouaré raconte l'incroyable émotion ressentie sur le banc. Il prône cependant l'humilité pour la suite de la saison, en rappelant l'importance du maintien en Ligue 1. Son interview d'après-match, résumé par Martin Charmasson.

Quelle est votre première réaction, à chaud, après cette qualification pour la finale ?

Il y a plein de choses qui passent par la tête, là. Bien sûr, une énorme satisfaction, de la fierté, et puis des trucs qui dépassent l'entendement, parce que j'ai vu les gens envahir le stade ! Beaucoup d'émotions, vraiment. C'est un moment assez rare de voir le public envahir la pelouse sur une demi-finale. C'est très beau ce qu'on est en train de vivre. On a envie de continuer à rêver.

C'était un match très accroché ...

On savait que Monaco, c'est une très belle équipe avec de grosses individualités. On l'a vu surtout en première mi-temps, même si on fait une très belle entame de match, dans les dix premières minutes, et qu'on peut ouvrir le score très vite. Après, on a beaucoup souffert, et, logiquement, ils ont pris l'avantage. On a la chance de vite revenir, mais on a fait une fin de première mi-temps compliquée. Par contre, pour avoir revu le match et analysé les statistiques, on a mieux contrôlé la deuxième mi-temps, c'était plus équilibré. Mais on a eu un adversaire redoutable qui nous a posé beaucoup de problèmes.

Est-ce que vous avez cru que votre chance était passée, quand Monaco égalise à 2 partout ?

Non, j'étais déjà projeté sur la séance des tirs aux buts. C'est pour ça que j'ai fait peu de changements. J'ai fait rentrer Seb Corchia, parce que je sais qu'il a un super pied et que, sur les tirs aux buts, il est très bon. Et puis j'ai gardé Moses Simon, Randal Kolo Munai, et Ludovic Blas, même si je savais qu'ils étaient très fatigués. J'avais besoin d'eux pour aller aux tirs aux buts et avoir le maximum de chances de l'emporter. 

Vous réalisez que vous serez au stade de France pour la finale le 9 mai face à Nice ?

Ah oui, oui je réalise. Mais je l'ai dit à mes joueurs : vous êtes des grands malades ! Heureusement qu'on a le coeur bien accroché, parce que ce qu'ils sont en train de nous faire vivre, c'est quelque chose. Déjà contre Lens, lorsqu'on est mené 2-0, après un quart d'heure, et que l'on gagne 3-2, c'était quelque chose de fantastique (18e journée), avec le stade qui a explosé dans tous les sens. Ensuite, il y a le match remporté 3-1 face au PSG, qui est aussi un grand moment.

Là, ce soir, ce sont aussi des émotions, très, très fortes parce que c'est un match difficile qui a mis du temps à se dessiner. Il y avait beaucoup de crispations et même de la peur.

A un moment donné, on doute, et puis le fait que ca bascule du bon côté pour nous, les gens se sont lâchés. Ils ont eu très peur et il y a eu une forme de libération lorsque l'on a gagné la séance de tirs aux buts. 

Si on vous avait dit, il y a un an jour pour jour, que vous seriez en finale de la Coupe de France, auriez-vous trouvé cela plausible ?

Je vous aurais pris pour un fou. Cela dépasse l'imaginaire, même les rêves les plus fous qu'on ait pu faire. Aujourd'hui, on est septième de la ligue 1 et on est en finale de la Coupe de France. Avec pratiquement la même équipe. Je vais même aller plus loin. Les supporters que vous voyez, aujourd'hui, l'année dernière à la même époque, ils conspuaient les joueurs. Ils les traitaient de chèvres, de mauvais joueurs. Et aujourd'hui, ce sont les mêmes qui leur disent merci pour le bonheur donné. Il y a cette communion exceptionnelle, bravo aux joueurs. Quand ils sont capables de faire de belles choses, les gens viennent, les gens suivent. 

La seule chose qui a changé en un an, c'est l'entraîneur ....

Non, c'est l'état d'esprit des joueurs. Le fait de s'être fait très peur l'année dernière fait qu'ils n'ont plus envie de revivre cela. Ils ont envie d'aller chercher toujours plus, toujours plus. Ils se sont accaparés le projet, ils ont envie d'aller le plus loin possible, c'est ce qu'ils font. Nous on doit les accompagner. On sait apprécier, mais il y a beaucoup de retenue. On est calme, on s'enflamme jamais, on a toujours les pieds sur terre. On sait que c'est fragile, que du jour au lendemain, cela peut basculer. On est plein d'humilité. On est fier et content, mais on ne s'enflamme pas. Ce groupe vit comme ça.

Ce serait sympa de ramener la Coupe en Nouvelle-Calédonie, non ? 

On va déjà récupérer et jouer Montpellier, dimanche. On fera l'entraînement, vendredi après-midi, pour qu'ils puissent bien dormir. Il faut préparer les échéances qui viennent. Vous vous doutez bien que pour faire une grande finale et gagner, il faut faire des bons matchs. Il faut bien la préparer, en continuant d'avancer dans le championnat de Ligue 1. On aimerait aller voir ce qui se passe là-haut. Mais d'abord, il faut battre Montpellier. On a 39 points, et avec 3 points supplémentaires, on est à 42 pour le maintien ? Eh bien voilà, il faut prendre ces points du maintien et ensuite on pourra envisager autre chose.