Le gouvernement australien vient de rendre public son registre des exploitations agricoles. Surprise : ce ne sont pas des groupes chinois qui possèdent le plus de terres, mais des investisseurs britanniques et américains.
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13,6% des terres agricoles australiennes sont entre des mains étrangères, d'après ce rapport, qui s'appuie sur les données obtenues par l'administration fiscale. On apprend que les investisseurs britanniques possèdent en tout 27,5 millions d'hectares. Les États-Unis et les Hollandais complètent le podium des plus gros investisseurs. La Chine ne se place qu'en cinquième position avec 1,5 million d'hectares.
Ces données étonnent Mick Keogh, directeur exécutif de l'Institut agricole australien :
« C'est peut-être parce que les investisseurs chinois s'intéressent à l'industrie laitière et aux fermes de l'Australie-Méridionale, dont les superficies sont plus petites, mais qui peuvent être plus productives. Mais on s'attendait clairement à ce que les intérêts chinois apparaissent en haut de tableau. »
Ça aurait été le cas si le gouvernement australien n'avait pas bloqué la vente de l'empire Kidman à un groupe chinois à deux reprises, ces derniers mois. Avec ces 10 millions d'hectares supplémentaires, la Chine aurait devancé les États-Unis.
Depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement a fait changer la loi pour rendre l'acquisition de terres plus compliquée : la Commission de révision des investissements étrangers a plus de pouvoir qu'auparavant. Mais pour certains membres du parti National, allié des Libéraux au pouvoir, ça ne suffit pas. David Littleproud, élu du sud-ouest du Queensland, veut soumettre les investisseurs étrangers à des « tests de productivité » :
« Dans ma circonscription, on me dit que des terres ont été fermées et que les acheteurs étrangers sont partis. Ce qui se passe, c'est qu'ils achètent des terrains et qu'ils ne savent pas quoi en faire, ce qui n'apporte absolument rien à notre pays. »
Ce n'est pas le discours que tient le ministre des Finances, Scott Morrison, pour qui l'investissement étranger « contribue à la croissance, à la productivité et crée de l'emploi ».« On ne peut pas risquer notre avenir économique en se livrant au protectionnisme », fait-il remarquer. Il souligne tout de même que le gouvernement garde un « droit de véto absolu quand il s'agit de préserver l'intérêt national ». C'est cet argument qui a été utilisé pour empêcher la vente des stations d'élevage de la famille Kidman à un consortium chinois.