Gérald Darmanin sera présent en Nouvelle-Calédonie du lundi 28 novembre au dimanche 4 décembre, accompagné de Jean-François Carenco, le ministre délégué aux Outre-Mer pour les trois premiers jours de visite.
Rencontre avec le FLNKS
Cette fois, le ministre de l'Intérieur et des Outre-Mer devrait pouvoir s'entretenir avec les membres du FLNKS. Les différents partis composant le Front de libération national Kanak socialiste ont en effet décidé, lors de leurs congrès respectifs, de participer à des réunions bilatérales avec l'Etat. Fin octobre, les indépendantistes avaient refusé d'aller à une rencontre organisée à Paris sous l'égide de la Première ministre Elisabeth Borne.L'objectif était de définir la méthode, les thématiques et le calendrier des négociations sur le futur statut de la Nouvelle-Calédonie après trois référendums qui ont rejeté l'indépendance, mais dont le dernier est contesté par le camp indépendantiste.
Un signe positif, alors que les indépendantistes, avec qui le dialogue est rompu depuis plus d'un an, avaient souligné plusieurs maladresses pour expliquer leur méfiance : passage éclair de Yaël Braun-Pivet au ministère des Outre-mer, annulation d'un premier déplacement de Gérald Darmanin en juillet et visite en demi-teinte de Jean-François Carenco en septembre qui a échoué à convaincre les indépendantistes de faire le déplacement à Paris.
Cependant, si les partis indépendantistes entendent rouvrir le dialogue, ce sera sur la seule et unique base de l'indépendance, assortie d'un éventuel partenariat avec la France.
Du côté des Loyalistes
De l'autre côté de l'échiquier politique, les loyalistes veulent pour leur part que l'Etat confirme au territoire un statut définitif de "Nouvelle-Calédonie dans la France", légitimé selon eux par leur victoire aux trois référendums d'autodétermination prévus par l'accord de Nouméa de 1998 et qui se sont tenus en 2018, 2020 et 2021.
Mais les indépendantistes, qui ont boycotté le scrutin du 12 décembre 2021 en raison de la crise Covid, contestent le résultat de ce troisième référendum remporté à 96,5% par les partisans de la France, mais avec une participation de seulement 43,8% contre 85,69% en 2020 et 81,01% en 2018.
"Rôle d'équilibriste"
Loyalistes et indépendantistes ont toutefois un point commun : ils veulent que l'Etat sorte d'une supposée neutralité et prenne position. Ce qui entraînerait à coup sûr le départ d'un des protagonistes de la table des discussions.
Contraint à un difficile rôle d'équilibriste, Gérald Darmanin sera aussi interrogé sur l'aide que la France peut apporter à un territoire quasi exsangue, malgré les réformes engagées par le président indépendantiste Louis Mapou.
De nombreux dossiers à étudier
A l'arrivée du ministre de l'Intérieur, la fonction publique calédonienne sera en grève pour la revalorisation du point d'indice face à une inflation de près de 10% en un an.
La Société Le nickel (SLN), premier employeur privé du pays, devrait être en cessation de paiement au plus tard en mars prochain. En visite sur le territoire la semaine dernière, la PDG d'Eramet, principal actionnaire de l'entreprise spécialisée dans l'extraction et la transformation du nickel, n'en a pas fait mystère. Christel Bories envisage de demander une nouvelle fois l'aide de l'État, après un premier prêt de 200 millions d'euros contracté en 2016.
Enercal, société d'économie mixte en charge du réseau électrique du territoire, est elle aussi au bord de la cessation de paiement, en raison de l'explosion du coût des énergies fossiles dont la Nouvelle-Calédonie est très dépendante.
Des dossiers pourtant de compétence calédonienne, mais auxquels l'archipel, surendetté depuis la crise Covid, ne peut faire face seul. La Nouvelle-Calédonie a ainsi contracté deux prêts auprès de l'Agence française de développement, l'un de 240 millions d'euros en mai 2020, l'autre de 175,5 millions d'euros en juillet dernier.