Avenir institutionnel : "La solution ne pourra se trouver qu'en Nouvelle-Calédonie" indique Simon Loueckhote, ancien sénateur

Simon Loueckhote, ancien sénateur, invité politique du dimanche. ©nouvellecaledonie
Invité du journal télévisé dimanche 15 décembre, Simon Loueckhote est revenu longuement sur la crise politique qui secoue l'Hexagone. Les prêts de l'État, pour l'heure en suspens, sont essentiels à l'avancée de la Calédonie vers une sortie de crise. Un dossier calédonien qui semble pourtant loin d'être une priorité nationale, estime l'ancien sénateur non indépendantiste.

Originaire d'Ouvéa, à l'origine instituteur, Simon Loueckhote, aujourd'hui sans mandat a été le plus jeune sénateur de France en 1992. Signataire de l'Accord de Nouméa, président du Congrès... son orientation politique marquée non indépendantiste l'a mené sous l'étiquette du Rassemblement national lors des dernières élections législatives. 

Invité du journal télévisé dimanche soir, l'ancien sénateur commente sans détour le contexte politique difficile dans l'Hexagone et les répercussions qui s'ajoutent à la crise générale qui frappe la Nouvelle-Calédonie depuis les évènements du 13 mai.

Le parcours politique de Simon Loueckhote retracé par Erik Dufour :

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Quel gouvernement pour François Bayrou ? 

Le 4 décembre, le parti d'extrême droite a voté la motion de censure du gouvernement de Michel Barnier, contraint par la suite de démissionner. Le Rassemblement national a déclaré qu'il ne censurerait pas "a priori" le futur gouvernement emmené par le nouveau Premier ministre, François Bayrou.

Simon Louekhote y voit comme un "renvoi d'ascenseur", lorsque François Bayrou avait donné son parrainage à Marine Le Pen pour les élections présidentielles de 2022. 

"Et puis, il n'y a pas de raison qu'aujourd'hui le Rassemblement national veuille censurer le gouvernement qui va être dirigé par François Bayrou, alors qu'on ne connaît pas encore les grandes lignes de sa politique."

Simon Loueckhote, ancien sénateur

Toutefois, "le mot a priori est important", tempère l'ancien candidat RN aux législatives. Et d'ajouter qu'une "ligne rouge a été fixée par le parti. La même que pour le gouvernement de Michel Barnier : ne pas taxer davantage les Français". 

François Bayrou, un Premier ministre de choix pour la Calédonie ?

"Être l'homme de la réconciliation en Métropole ne veut pas nécessairement dire qu'on l'est en Nouvelle-Calédonie. Localement, on ne doit pas trop compter sur les personnes en Métropole pour faire quelque chose de bien ici", insiste Simon Loueckhote. Il appartient aux Calédoniens, eux-mêmes, de se définir une ligne de conduite pour arriver à ce qu'ils veulent. Ce n'est certainement pas la Métropole qui doit dire ce que nous devons faire." 

Emmanuel Macron "devrait démissionner"

"À qui peut-on faire croire que la Nouvelle-Calédonie est devenue une priorité en France aujourd'hui ?", lance Simon Louechkote. Alors que le député Nicolas Metzdorf et le sénateur Georges Naturel requéraient, le 14 décembre, au Premier ministre nouvellement désigné François Bayrou, de se saisir en priorité du dossier calédonien, la donne a changé selon l'ancien sénateur.

D'abord, les ravages du cyclone Chido à Mayotte. Puis, l'instabilité politique dans l'Hexagone. "La France est empêtrée dans de sales histoires. Plus de majorité, plus de gouvernement, le président de République est devenu fragile." 

Le problème en France aujourd'hui, je crois, c'est lui. Il devrait démissionner, provoquer de nouvelles élections, reconvoquer des élections législatives, de façon à avoir une majorité qui puisse stabiliser les institutions françaises et donner une vision aux Français.

Simon Loueckhote

Aides de l'État : "La France n'a plus les moyens"

Le Congrès a voté, le 11 décembre, non sans difficultés, la décision modificative n°6 du budget, prévoyant d'intégrer l'aide de 27 milliards de francs de l'État sous forme de prêt. 

En contrepartie, des efforts budgétaires sont demandés à la Calédonie. Notamment des réformes fiscales. "Une règle de bonne gestion des affaires publiques", estime Simon Louekhote. D'autant que "la France aujourd'hui n'a plus les moyens d'agir comme elle le faisait. Auparavant, elle aurait pu donner les 27 milliards de francs", une somme dérisoire dans le budget du gouvernement national, qui ne l'est plus désormais, selon lui.

Nous n'avons pas assez de stabilité politique dans le pays pour influencer l'ordre national, de façon à ce que nous puissions obtenir ce que l'on souhaite.

Simon Louekhote

"Il y a une quinzaine d'années, jamais nous n'aurions pu connaître cela, c'est-à-dire des avances remboursables."

L'ancien sénateur se souvient d'un prêt de l'État de 40 milliards de francs octroyé "à la fin des années 1970, début des années 1980. Cette aide devait participer à la relance de l'économie du nickel. La Nouvelle-Calédonie devait la rembourser, jamais elle ne l'a fait."

Si j'étais un élu, j'intégrerais l'ensemble de ces sommes dans le budget de la Nouvelle-Calédonie. Le reste, on verra après.

Simon Louekhote, ancien sénateur

Quid des "discussions calédoniennes" ?

Alors que le calendrier des discussions entre les groupes politiques calédoniens devait normalement débuter le 15 décembre, Simon Louekhote porte un regard critique sur la méthode.

"Chacun défendant ses prérogatives ne pense qu'à une chose : les élections provinciales qui vont avoir lieu dans quelque temps. C'est pour ça qu'il faut réformer l'ensemble. Je préconise, comme au basket ou au volley-ball, un temps mort. Qu'on arrête toutes les simagrées et qu'on se consacre à l'essentiel, la relance du pays."

L'ancien sénateur lance un appel à la sagesse "pour arriver à une solution pérenne pour la Nouvelle-Calédonie". Précisant qu'une solution ne pourra se trouver qu'ici.