Baromètre santé 2022 : les chiffres clés de la santé sexuelle en Calédonie

Le préservatif reste le contraceptif le plus utilisé en Calédonie. Il protège aussi contre les maladies sexuellement transmissibles.
Quatrième volet de notre série consacrée au baromètre santé adultes, publié par l'Agence sanitaire et sociale. Aujourd’hui, nous nous intéressons à la santé sexuelle des Calédoniens.

Après le tabagisme, la santé mentale ou la consommation d'alcool, penchons-nous à présent sur la santé sexuelle des adultes de Calédonie. Ce volet s'appuie cette fois encore sur les résultats du baromètre santé réalisé en 2021 et 2022, auprès de plus de 3 500 personnes âgées de 18 à 64 ans.
Moyens de contraception, grossesses non désirées, agressions sexuelles.... Voici quelques thèmes que nous avons choisi de développer, chiffres à l'appui. 


Un premier rapport sexuel après 17 ans

En moyenne, l’âge du premier rapport sexuel est de 17 ans et 9 mois. On note qu'il est plus tardif chez les femmes (18 ans et 4 mois) que chez les hommes (17 ans et 2 mois). Le premier rapport sexuel a aussi lieu plus tard dans les îles Loyauté (18 ans et 2 mois) qu'en province Nord (18 ans) et qu’en province Sud (17 ans et 8 mois). C'est globalement similaire au précédent baromètre de 2015, où l’âge moyen du premier rapport était de 17 ans et 7 mois. 


Dans 2 % des cas, le premier rapport était forcé 

Les enquêteurs ont interrogé les Calédoniens sur leur perception du premier rapport sexuel et notamment la question du consentement. Parmi ceux qui ont déjà eu des relations sexuelles, un peu plus de 2 % ont déclaré que leur premier rapport était forcé, 11 % ont indiqué qu'ils avaient accepté "sans vraiment le vouloir" et 87 % qu'ils le souhaitaient à ce moment précis. 

Et les disparités sont fortes en fonction de l'âge ou du sexe. Les femmes sont un peu plus de 15 % à avoir accepté sans vraiment le vouloir et 3,4 % à avoir été forcées. La part des jeunes n'ayant pas vraiment désiré ce premier rapport sexuel est aussi plus élevée : 20 % contre 9 % des 25-44 ans et 10 % des 45-64 ans. 

Les jeunes sont en revanche moins nombreux à avoir été forcés : 1 % des 18-24 ans, contre 2 % des 25-44 ans et 2,7 % des 45-64 ans. 

Premier rapport sexuel sans vraiment le vouloir, par tranche d'âge


Moins de 2 % des Calédoniens se déclarent homosexuels

Sur les quelque 3 500 Calédoniens interrogés, 92 % se disent hétérosexuels, 1,5% homosexuel, 1,1% bisexuel, 5,5% ne se définissent pas et 0,3% ont répondu « autre » à la question sur leur attirance sexuelle. On ne constate pas de différence selon le genre.

Aux îles Loyauté, ils sont plus nombreux à avoir répondu « je ne me définis pas » (12.5 %) qu'en province Nord (7 %) et Sud (5 %). En revanche, c'est dans le Sud que les habitants ont déclaré le plus souvent être homosexuels (1,8 %) ou bisexuels (1,2%).


15 % des jeunes ont eu au moins trois partenaires dans l'année

A la question : "avec combien de personnes avez-vous eu des relations sexuelles, au cours des douze derniers mois ?" : 74 % ont répondu avec une seule personne, 5 % avec deux personnes et 6 % avec trois personnes différentes ou plus.

La proportion de personnes sexuellement actives est la plus élevée chez les 25-44 ans : 92 % contre 82 % chez les 18-24 ans et 78 % chez les 45-64 ans. En revanche, les plus jeunes sont plus nombreux à avoir plusieurs partenaires : 15 % des 18-24 ans disent avoir eu des relations sexuelles avec trois personnes ou plus au cours des douze derniers mois. 


Plus d'une personne sur cinq n'utilise jamais de préservatif

L'enquête porte aussi sur les moyens de contraception et de prévention des maladies sexuellement transmissibles. Ils sont 22 % à ne jamais utiliser de préservatif, "sans déclarer avoir un partenaire unique", précise le baromètre, et 12 % à en utiliser occasionnellement. Ils sont en revanche 12 % à en utiliser systématiquement et 54 % à ne pas en faire usage, du fait qu'ils ont un ou une partenaire unique. Le recours au préservatif "a peu évolué depuis 2015", relève l'enquête. 

Utilisation du préservatif chez les personnes ayant eu des relations sexuelles au cours des 12 derniers mois, par tranche d'âge.


Dans trois cas sur dix, les IST sont diagnostiquées lors d'une visite de routine

Concernant les infections sexuellement transmissibles, ils sont 2,2% à déclarer avoir eu un diagnostic d'IST au cours des 12 derniers mois. La tranche des 25-44 ans est la plus concernée (3,4 %), contre 2,1 % chez les 18-24 ans et 0,6 % chez les 45-64 ans. 

Dans quatre cas sur dix, le diagnostic a été fait lors d'une consultation en raison de symptômes cliniques tels que rougeurs, brûlures, picotements ou sensations désagréables. Dans trois cas sur dix, c'était lors d'une visite de routine. Les autres situations sont le dépistage anonyme et gratuit après un rapport non protégé ou un changement de partenaire (17 %) ou lors d'un accouchement, d'une fécondation in vitro, etc... (13 %). 


Deux tiers des adultes aux Loyauté n'ont pas de contraception

Seule la moitié des adultes ayant eu un rapport sexuel au cours des douze derniers mois déclare avoir recours à un moyen de contraception. Les femmes sont plus nombreuses (58 %) que les hommes (42 %). L'usage du contraceptif est moins fréquent dans les Iles Loyauté (33 %) qu'en province Nord (47 %) et province Sud (52 %).  

Proportion des personnes ayant déclaré avoir utilisé une contraception au cours des 12 derniers mois parmi ceux ayant eu des rapports sexuels, par province.


L'implant représente presque la moitié des contraceptifs sur les Iles

Le préservatif reste de loin le premier contraceptif utilisé (41 %), suivi du stérilet (26 %), de l’implant (21 %) et de la pilule (20 %). Parmi les utilisateurs de contraceptifs, ils sont 3 % à évoquer la ligature des trompes, 3 % la pilule du lendemain, 1 % la vasectomie et le retrait. 

On note des différences en fonction des provinces. L’implant est plus souvent utilisé en province des Iles (44 %) qu’en province Nord (30 %) et qu’en province Sud (18 %). Les jeunes de 18-24 ans ont également plus recours à l'implant (34 %) que les 25-44 ans (21 %) et les 45-64 ans (13 %). 

Principaux moyens de contraception utilisés, parmi les personnes utilisant un moyen de contraception.




Environ 23 ans pour la première grossesse 

L’âge de la première grossesse varie entre 12 et 43 ans. Et l’âge moyen est de 23 ans et 4 mois. On fait en moyenne des enfants plus jeunes en province Nord ou Iles (21 ans et 11 mois), qu'en province Sud (23 ans et 11 mois). Les Calédoniens semblent aussi faire des enfants un peu plus tard qu'avant. L'âge moyen de la première grossesse était de 21 ans et 11 mois en 2015, soit deux ans de moins qu'en 2022. 


Moins d'une jeune adulte sur deux a désiré sa grossesse

Parmi les femmes ayant déjà été enceintes, 73 % déclarent avoir désiré leur première grossesse. Elles sont 18 % à dire qu'elles "auraient préféré attendre encore un peu" et 9 % à déclarer qu'elles ne voulaient pas être enceintes.
Les chiffres sont plus inquiétants pour les jeunes femmes de 18-24 ans : seules 48 % d'entre elles ont répondu avoir désiré leur grossesse. En province Nord, plus d'une femme sur trois n'a pas désiré sa première grossesse ou aurait préféré attendre. 


Une Calédonienne sur trois a avorté

Le baromètre révèle que 34 % des femmes ont eu une interruption volontaire de grossesse. Presque les trois quarts d'entre elles n'ont eu qu'une seule IVG, un peu plus d'un cinquième en ont eu deux et 6 % ont eu plus de deux avortements. On ne constate pas d'évolution depuis 2015. L'âge moyen est de 24 ans et demi. 


Près d'une femme sur sept agressée sexuellement pendant son enfance

Le baromètre aborde aussi la question des agressions sexuelles. Avec cette question : « en pensant à votre enfance (avant vos 18 ans), est-ce qu’un adulte ou une personne plus âgée que vous d’au moins 5 ans vous a touché sexuellement, essayé de vous toucher ou forcer à avoir des relations sexuelles ? »

Au total, 9 % ont répondu "oui". C'est presqu'un Calédonien sur dix. Or, la proportion est trois fois plus élevée chez les femmes : 14 %, contre 5 % chez les hommes. L'enquête ne révèle pas de différence selon les provinces ou en fonction de la tranche d’âge.


Presqu'une femme sur dix a subi un viol à l’âge adulte

Autre question : « depuis vos 18 ans, vous a-t-on déjà forcé à avoir des relations sexuelles (vaginale, orale ou anale) alors que vous ne le vouliez pas ? ». L’enquête n’utilise pas explicitement le terme de "viol", mais c'est bien de cela dont il s'agit. Sur les personnes qui ont accepté de répondre : 5,8 % ont répondu "oui", dont 3,1 % une fois, 1,5 % deux ou trois fois et 1,1 % quatre fois ou plus.

Les femmes sont plus nombreuses que les hommes à se déclarer victime d'un viol à l'âge adulte (8,3 % contre 3,2 %). D'après les réponses du baromètre, les habitants des Loyauté sont également plus touchés : 8,6 % contre 6,8 % en province Nord et 5,3 % en province Sud.