Nombre de nos compatriotes font le choix de quitter la Nouvelle-Calédonie. Études, recherche d’emploi, envie d’ailleurs, les raisons sont multiples. Mais qui sont ces Calédoniens qui tentent l’aventure hors du Caillou ? Cette semaine, Jorys Mene, footballeur.
Embrasser une carrière de sportif professionnel implique autant de joies que de peines, autant de désillusions que de satisfactions. Jorys l’a compris très tôt, parfois à ses dépens, mais les épreuves qu’il a traversées lui ont permis de se forger un mental d’acier.
Originaire de Kouaoua, le Kanak est initié très jeune au foot. Licencié du club de la commune dès ses 6 ans, le jeune garçon continue de s’entraîner au gré des déménagements de la famille, sa mère étant enseignante. Quand celle-ci vient passer le concours de directrice d’école à Amiens, Jorys, 12 ans l’époque, s’inscrit au club de la ville. « J’avais la bougeotte surtout que je venais de passer de la tribu à la vie dans un appartement. » Bien lui en prend car c’est ici que débute son rêve de venir footballeur professionnel. Le Calédonien intègre très vite les sélections benjamines et enchaîne les compétitions. L’année de ses 15 ans, sa mère repart en Nouvelle-Calédonie. L’adolescent fait le choix de rester en métropole, déjà fermement décidé à mener bien son rêve. Il s’installe chez des proches. « Ils sont devenus comme ma deuxième famille. Je fais tout avec eux. » Préformation, centre de formation au collège et au lycée, le Calédonien toutes les étapes d’un parcours classique. Il obtient son bac SMTG en 2014 l’année où il est transféré au Havre en U19 (la catégorie Junior ndlr). Il y reste deux ans. « A 18 ans, je touchais du bout du doigt mon rêve. Je gagnais ma vie, j’avais un agent. »
Mais des années d’errance footballistiques s’annoncent alors. Sur les conseils de son agent, l’international calédonien part en Belgique, à La Louvière, club de deuxième division. Mais pour des raisons contractuelles, il ne reste que quelques mois. Le latéral droit revient en France où il joue à Tourcoing en CFA2 (l’équivalent de la quatrième division). « Ça se passait bien, j’avais un contrat fédéral qui me permettait de vivre. » Mais ramené à Tourcoing par son coach, celui-ci est viré et Jorys n’est pas dans les plans du nouvel entraîneur. « Ce fut un coup dur mais c’est fréquent dans le foot. » Le revoilà à Amiens, « sa ville repère ». « Je suis resté six mois sans jouer. » De quoi réfléchir à son avenir et s’endurcir. « Il n’y a pas meilleur enseignement de la vie que quand tu vis seul en France. » Son nouvel agent lui décroche une place dans un autre club belge, le Royal Franc Bourrain. Avec son équipe, le Calédonien parvient à se hisser en D2. Pendant deux saisons, il jouit d’un appartement de fonction, d’une voiture et d’un salaire fixe. Mais là encore, il se retrouve sans club pour des raisons contractuelles. Retour à la case Amiens. La bouffée d’air vient du Pacifique. En mai 2019, Jorys intègre la sélection calédonienne de football. Son équipe dispute les Jeux du Pacifique aux Samoa et remporte la médaille d’argent. Après avoir bien profiter de son Caillou, le Kanak revient en France où un agent le place à Loon-Plage, commune située non loin de Dunkerque, en septembre 2019. Si le club est en division inférieure, le sportif peut revenir à l’essentiel. « Ça m’a permis de rejouer, d’avoir plus de visibilité, de faire fructifier mon réseau. »
Alors qu’il effectuait une saison plus que correcte – « quand je suis arrivé, on était dernier, quand la saison s’est terminée à cause de la crise sanitaire, on était quatrième » - Jorys a profité du confinement pour écrire une nouvelle page de son histoire. Le Calédonien a signé le 14 mai un contrat de trois ans avec le FC Alisontia Steinseil. Un club luxembourgeois évoluant en première division. A 25 ans, Jorys ne compte rien lâcher. « J’ai été balloté d’agents en agents. Un m’a même envoyé aux USA une semaine, d’autres m’ont promis des clubs d’Europe de l’Est. Mais maintenant, je n’attends plus la promesse d’un agent. Je suis plus prudent. De connaître des déceptions, des peines, ça m’a forgé. Je suis très fort mentalement. Ce qui doit m’arriver est écrit, c’est ma destinée. »
par ambre@lefeivre.com
Originaire de Kouaoua, le Kanak est initié très jeune au foot. Licencié du club de la commune dès ses 6 ans, le jeune garçon continue de s’entraîner au gré des déménagements de la famille, sa mère étant enseignante. Quand celle-ci vient passer le concours de directrice d’école à Amiens, Jorys, 12 ans l’époque, s’inscrit au club de la ville. « J’avais la bougeotte surtout que je venais de passer de la tribu à la vie dans un appartement. » Bien lui en prend car c’est ici que débute son rêve de venir footballeur professionnel. Le Calédonien intègre très vite les sélections benjamines et enchaîne les compétitions. L’année de ses 15 ans, sa mère repart en Nouvelle-Calédonie. L’adolescent fait le choix de rester en métropole, déjà fermement décidé à mener bien son rêve. Il s’installe chez des proches. « Ils sont devenus comme ma deuxième famille. Je fais tout avec eux. » Préformation, centre de formation au collège et au lycée, le Calédonien toutes les étapes d’un parcours classique. Il obtient son bac SMTG en 2014 l’année où il est transféré au Havre en U19 (la catégorie Junior ndlr). Il y reste deux ans. « A 18 ans, je touchais du bout du doigt mon rêve. Je gagnais ma vie, j’avais un agent. »
Mais des années d’errance footballistiques s’annoncent alors. Sur les conseils de son agent, l’international calédonien part en Belgique, à La Louvière, club de deuxième division. Mais pour des raisons contractuelles, il ne reste que quelques mois. Le latéral droit revient en France où il joue à Tourcoing en CFA2 (l’équivalent de la quatrième division). « Ça se passait bien, j’avais un contrat fédéral qui me permettait de vivre. » Mais ramené à Tourcoing par son coach, celui-ci est viré et Jorys n’est pas dans les plans du nouvel entraîneur. « Ce fut un coup dur mais c’est fréquent dans le foot. » Le revoilà à Amiens, « sa ville repère ». « Je suis resté six mois sans jouer. » De quoi réfléchir à son avenir et s’endurcir. « Il n’y a pas meilleur enseignement de la vie que quand tu vis seul en France. » Son nouvel agent lui décroche une place dans un autre club belge, le Royal Franc Bourrain. Avec son équipe, le Calédonien parvient à se hisser en D2. Pendant deux saisons, il jouit d’un appartement de fonction, d’une voiture et d’un salaire fixe. Mais là encore, il se retrouve sans club pour des raisons contractuelles. Retour à la case Amiens. La bouffée d’air vient du Pacifique. En mai 2019, Jorys intègre la sélection calédonienne de football. Son équipe dispute les Jeux du Pacifique aux Samoa et remporte la médaille d’argent. Après avoir bien profiter de son Caillou, le Kanak revient en France où un agent le place à Loon-Plage, commune située non loin de Dunkerque, en septembre 2019. Si le club est en division inférieure, le sportif peut revenir à l’essentiel. « Ça m’a permis de rejouer, d’avoir plus de visibilité, de faire fructifier mon réseau. »
Alors qu’il effectuait une saison plus que correcte – « quand je suis arrivé, on était dernier, quand la saison s’est terminée à cause de la crise sanitaire, on était quatrième » - Jorys a profité du confinement pour écrire une nouvelle page de son histoire. Le Calédonien a signé le 14 mai un contrat de trois ans avec le FC Alisontia Steinseil. Un club luxembourgeois évoluant en première division. A 25 ans, Jorys ne compte rien lâcher. « J’ai été balloté d’agents en agents. Un m’a même envoyé aux USA une semaine, d’autres m’ont promis des clubs d’Europe de l’Est. Mais maintenant, je n’attends plus la promesse d’un agent. Je suis plus prudent. De connaître des déceptions, des peines, ça m’a forgé. Je suis très fort mentalement. Ce qui doit m’arriver est écrit, c’est ma destinée. »
par ambre@lefeivre.com