Ce qu'on peut retenir du premier tour des élections législatives en Nouvelle-Calédonie

A Dumbéa, qui 22 794 électeurs, la participation a atteint de 32,53 %.
Philippe Dunoyer et Nicolas Metzdorf, d'Ensemble! Majorité présidentielle, ont terminé en tête du premier tour des élections législatives en Nouvelle-Calédonie, dimanche 12 juin. Wali Wahetra et Gérard Reignier, du FLNKS, sont eux aussi qualifiés pour le second tour, le week-end prochain. La participation s'élève à 32,51%.

Le soutien d'Emmanuel Macron et de la majorité présidentielle ont donné l'effet escompté à Philippe Dunoyer et Nicolas Metzdorf. Les deux candidats loyalistes sont sortis en tête du premier tour des législatives, dans les deux circonscriptions de Nouvelle-Calédonie. Tour d'horizon et analyse des premiers enseignements du scrutin du dimanche 12 juin.

1Deux loyalistes en tête du premier tour face à deux indépendantistes

Dans la première circonscription, le député sortant Philippe Dunoyer, cette fois sous la bannière Ensemble ! Majorité présidentielle, a recueilli 40,83 % des suffrages. Et Wali Wahetra, du FLNKS, 21,67 % des suffrages. Ils sont tous deux qualifiés pour le second tour. Virginie Ruffenach, candidate Rassemblement-Les Républicains, est en revanche battue, avec 14 % des suffrages.

A Nouméa, Philippe Dunoyer recueille 48,95 % des suffrages. Dans les îles Loyauté et à l’île des Pins, c’est en revanche Wali Wahetra qui arrive en tête. A Lifou, la candidate mène avec 89,44 % des voix. Même succès pour la candidate à Ouvéa. Où elle recense 87,18 % devant Philippe Dunoyer, à 7,18 %. Et à Maré, où elle recueille 82,57 % des suffrages devant Philippe Dunoyer, avec 7,54 %. Même chose à l’Ile des Pins, Wali Wahetra obtient 55,1 % des suffrages.

Dans la deuxième circonscription, où le député sortant Philippe Gomès ne se représentait pas, Nicolas Metzdorf, de la majorité présidentielle a obtenu 33,7 % des voix. Pour sa première participation aux législatives, le maire de La Foa arrive sans surprise en tête dans sa commune, mais aussi dans des communes emblématiques : Bourail, Païta, Dumbéa, le Mont-Dore et dans toutes les bastions loyalistes.

Face à lui : Gérard Reignier, du FLNKS. Pour son retour sur le devant de la scène politique, il arrive premier dans 17 communes sur 27, et obtient 32,8 % des voix. Records enregistrés à Belep (93,5 %), à Canala où il réunit notamment 90,7 % des voix, et 80 % à Thio ainsi qu'à PoumA l’inverse, Thierry Santa du Rassemblement-Les Républicains n'atteint que 21,79 % des voix, sans mener dans aucune commune. Et Muneiko Haocas, du MNIS, doit se contenter de 3,39 %. Pour rappel, ces deux candidats ont décidé de ne pas s’unir à leur mouvance respective. Ils ne seront pas au second tour.

2Un précédent, en 2007

Le dernier double duel entre loyalistes et indépendantistes remonte aux législatives de 2007. Dans la première circonscription, Gaël Yanno, du Rassemblement-UMP, et Charles Washetine, de l'Uni-Palika FLNKS, s'étaient alors qualifiés pour le second tour. Dans la deuxième, Pierre Frogier, du Rassemblement-UMP, et Charles Pidjot, de l'UC-FLNKS se sont opposés. Au second tour, les candidats du Rassemblement-UMP l'avaient emporté.

3Une forte abstention

C'est l'autre information importante de ce scrutin. Sur l'ensemble du pays, elle s'élève à 67,49 %, soit une participation de 32,51 %, en recul de - 3,21 points par rapport à 2017. Sur les 219 160 inscrits, un tout petit peu moins d'un électeur sur trois s'est déplacé aux urnes, dimanche.

Dans la première circonscription, à Nouméa, l’île des Pins, Lifou, Maré et Ouvéa, le taux de participation est de 31,01 %. Soit trois points de moins qu’en 2017. A Nouméa, la participation a reculé de 7 points. Elle s’établit à 33,6 %. A Lifou, où le taux de participation a augmenté cette année (et dont Wali Wahetra est originaire), il est de 29,46 % contre 13 % en 2017. A l'Ile des Pins, la participation est cette année de 24,5 %.

Dans la seconde circonscription, le taux de participation global s’élève à 33,70 %, soit 4 points de moins qu’en 2017. Pourquoi les électeurs ne se sont pas déplacés? Eléments de réponse à Koné avec ce reportage de Brice Bachon et Nathan Poaouteta :

©nouvellecaledonie

 
A noter que la mobilisation a été un peu plus forte que la moyenne à La Foa et à Farino, des communes bonnes élèves en la matière.


4Réactions et premiers ralliements

Dans la première circonscription, Philippe Dunoyer a évoqué "une victoire de l'union" des loyalistes. Wali Wahetra a fait part de sa grande satisfaction. Virginie Ruffenach, battue, a donné sa consigne de vote pour le second tour, en appelant très vite à voter Philippe Dunoyer. Guy-Olivier Cuénot, du Rassemblement national, a précisé qu'une conférence de presse sera tenue, mardi 14 juin, pour indiquer la consigne du parti aux électeurs.

Dans la seconde circonscription, Nicolas Metzdorf appelle à l'union des loyalistes pour le second tour. Thierry Santa l'a félicité. "Il a bénéficié d'une dynamique de la présidentielle", estime le président du Rassemblement, qui appelle à faire barrage au candidat indépendantiste. Gérard Reignier s'est réjoui de son résultat et d'avoir atteint l'objectif d'atteindre le second tour.

>> Le tour des réactions à retrouver ici.

5Les autres candidats

Dans la première circonscription, Pascal Lafleur, candidat sans étiquette, a obtenu pas moins de 7,40% des voix. Guy-Olivier Cuénot a recueilli 6,61 % des suffrages exprimés et Joël Kasarhérou, de Construire autrement, termine à 4,98 %. Jérémy Simon, pour Les Patriotes, a obtenu 686 voix (2,34 %). et Antoine Gil, du Mouvement des citoyens français, est à 2,20 %.

Dans la seconde circonscription, Alain Descombels réalise 3,98%, Muneiko Hoacas est cinquième, à 3,39% avec 1 362 voix, Michèle Homboé, de Construire Autrement, est à 2,52%, Véronique Pagand, de Debout la France, a recueilli 1,06% et Joannes Ititiaty, sans étiquette, a obtenu 193 voix et Manuel Millar, également sans étiquette a été plébiscité par 120 électeurs.

6Quelles conséquences dans le camp loyaliste ?

Dans la famille non-indépendantiste, le Rassemblement-Les Républicains est le grand battu de cette élection. Son président Thierry Santa, qui dispose pourtant d'une plus grande expérience politique que Nicolas Metzdorf, n'est arrivé en tête dans aucune commune. Virginie Ruffenach, vice-présidente du parti et chef de file du groupe Avenir en confiance du Congrès, n'a pas fait mieux. S'ils ont rapidement appelé à voter pour Nicolas Metzdorf et Philippe Dunoyer, le Rassemblement-Les Républicains sort fragilisé de ce cavalier seul infructueux. Va-t-il rejoindre l'union des loyalistes ? Le parti siège encore sous la bannière AEC, au Congrès, en compagnie de Guy-Olivier Cuénot, qui a pourtant représenté le Rassemblement national aussi bien à la présidentielle que pour ce scrutin. Le temps où Thierry Santa présidait le seizième gouvernement, de juillet 2019 à juillet 2021, et où le Rassemblement envoyait deux députés siégé à Paris, en 2007, semble déjà loin.

Nicolas Metzdorf, s'il est élu député, dimanche prochain, devra sans doute démissionner de son mandat de maire, pour éviter les cumuls. Le conseil municipal de La Foa devra alors se réunir pour désigner son successeur.

Quant au Rassemblement national, il n'a pas réédité son score de la présidentielle. Au premier tour, Marine Le Pen avait obtenu localement 13 273 voix, puis 27 960 au second tour. Dimanche, Guy-Olivier Cuénot et Alain Descombels n'ont recueilli respectivement que 1 941 et 1 600 suffrages. Ils entendent toutefois continuer à prôner l'organisation de référendums d'initiative citoyenne.