Ce qu’on sait des radars mobiles en voie d'être déployés sur les routes calédoniennes

Démonstration de radar mobile à Nouméa, rue Béchade.
Nouveaux outils de lutte contre les excès de vitesse, en Calédonie. D’ici la fin janvier, quatre radars bien spécifiques doivent entrer en fonction. Mobiles, compacts et plus performants que les appareils habituels, ils feront désormais partie de l’équation qui vise à faire baisser la mortalité sur les routes.

On dirait un trépied d'appareil photo. Sauf que la scène se passe en bord de route, et que le pied est déployé pour supporter un radar. Un des quatre radars mobiles compacts qui doivent bientôt être déployés à travers la Grande terre. Celui-ci était testé devant la presse mardi 9 janvier dans l'après-midi, à Nouméa, rue de Béchade. Présentation de ces nouveaux venus qui vont faire partie du paysage routier. 

1 Une vitesse dramatique

​En 2023, la Calédonie a subi 47 accidents mortels de la circulation. Ils ont fait 51 victimes. Et dans presque deux cas sur trois, une vitesse inadaptée était imputée. Si l'on prend encore plus de recul, les autorités estiment qu'au cours des cinq dernières années, la vitesse a été responsable de 288 accidents graves ou mortels, dans lesquels 125 personnes ont été tuées et près de 500 personnes blessées, dont plus de 300 gravement.

Dans les accidents en Nouvelle-Calédonie, la vitesse est un facteur extrêmement aggravant. 

Karim Ouni, directeur des Infrastructures, de la topographie et des transports terrestres

2 Une recommandation

Voilà pour le contexte. Le déploiement de radars, en général, constitue une réponse. Et "acquérir des moyens de contrôle de vitesse nouvelle génération", en particulier, était une recommandation du Conseil calédonien de la sécurité routière. D'où ces quatre radars mobiles compacts que la Nouvelle-Calédonie a achetés.

3 Un coût de dix-sept millions

Leur coût total : dix-sept millions de francs CFP. En phase de test, ils doivent être mis en œuvre à compter de fin janvier 2024. Mis à la disposition de l'Etat, ils vont être répartis entre les compagnies de gendarmerie de Nouméa, La Foa, Koné et Poindimié. La grande question étant "où seront posés les radars portables ?" 

4 Une liste d'endroits identifiés

Éléments de réponse avec le capitaine David Roussel, officier adjoint de sécurité routière à la gendarmerie : "Nous, nous avons fait un travail pour évaluer les points d'accumulation d'accidents corporels ou matériels. Les endroits où on sait que ça roule vite. Ça peut être les sorties de mine, les traversées de tribu, près des écoles… Des endroits où on a vraiment besoin que la vitesse soit contrôlée. Les brigades de gendarmerie, qui connaissent très bien le territoire, nous ont déjà donné leur liste des endroits, clairement identifiés, où on posera les appareils."

5 Un laser à balayage

Ces radars nouvelle génération utilisent la technologie Lidar, de détection et de télémétrie par la lumière. Les appareils, compacts, mesurent la vitesse de jour comme de nuit, grâce à des faisceaux de lasers à balayage, qui repèrent et identifient les véhicules en infraction parmi le flot de circulation. La portée peut atteindre cent mètres, contre cinquante mètres pour les anciens modèles. Quant à la fréquence de mesure, elle est de plus d’un véhicule par seconde, en rapprochement comme en éloignement.

6 Du "contrôle de masse"

"Ce sont des appareils capables de fonctionner de jour comme de nuit, par tous les temps, et qui vont nous permettre de faire du contrôle de masse", souligne le capitaine Roussel. Traduction : "Ça permet de contrôler l'ensemble des usagers de la route, sur l'ensemble du territoire, et de sanctionner immédiatement. On va prendre une photo du véhicule en infraction. Le procès-verbal qui va matérialiser cette photo sera envoyé directement à l'usager, en gros dans la semaine qui va suivre."

L'idée de ces appareils est de contrôler les usagers au maximum et partout.

Capitaine Roussel, officier de gendarmerie chargé de la sécurité routière

7 Un effet sur les comportements

Pour David Roussel, l'efficacité du dispositif n'est plus à prouver : "On sait que le contrôle de masse permet de baisser la vitesse moyenne des véhicules sur un territoire et ça va permettre d'épargner des vies, sur les conséquences des accidents." Directeur de la DI3T, Karim Ouni décrit quant à lui "des outils performants, qui vont être capables de flasher en approche, en éloignement, en double voie. L'idée est vraiment de modifier et d'influer sur le comportement des usagers de la route qui, aujourd'hui, pour une partie d'entre eux, ne respectent pas les règles et mettent en danger la vie des autres." 

8 Une contravention de 10 000 à 15 000 F

Pour un excès de vitesse éligible à la procédure de l’amende forfaitaire, l’usager qui a commis l’infraction s’expose à une contravention de 10 000 à 15 000 francs. En 2023, les radars ancienne génération ont donné lieu à quatre mille procès-verbaux. "Aujourd'hui, l'argent des amendes va à 60 % pour les communes et 40 % à la Nouvelle-Calédonie", signale Karim Ouni. "Nous, l'objectif, c'est que le fruit de ces amendes vienne aider à l'éducation routière auprès des plus jeunes, et participer à la mise en œuvre d'actions de sensibilisation. On va se servir de la répression pour favoriser l'éducation."