Ces crèches mobilisées pour rester ouvertes

Treize crèches sur 52 ont accepté de rester ouvertes en Nouvelle-Calédonie, malgré le confinement et avec des règles strictes : onze dans le Grand Nouméa, une à Koné et une à Bourail. Cette mesure permet notamment aux personnels soignants et aux professionnels prioritaires de continuer à travailler.
Chloé est directrice de crèche et infirmière de formation. Trois à quatre fois par jour, elle désinfecte tous les nids à microbes de son établissement, comme les portails ou les poignées de porte.
 

C’est très important. Ce sont des parties qui sont touchées par les parents, par les enfants, par le personnel, plusieurs fois dans la journée. Pour éviter qu’il y ait une transmission des microbes et des germes, on nettoie toutes ces parties qui sont sensibles.
- Chloé Lincoln, directrice de crèche

 

Plus de cœur que de peur !

Pendant la durée du confinement, cette structure est fermée à sa clientèle habituelle. Mais accueille une dizaine d’enfants des personnels de santé et autres professions prioritaires. Deux des employés se sont portés volontaires pour les encadrer. Ecoutant leur cœur plutôt que leur peur. 
 

On s’était posé la question de porter des masques, de mettre en place beaucoup de choses et au final, le lavage des mains toutes les trente minutes, la désinfection des portes, des surfaces, on s’y adapte assez bien, et je ne crois pas que le personnel a peur, à l'heure actuelle.
- Chloé Lincoln

 
 

Séparation des groupes

En tout, treize crèches sur 52 fonctionnent actuellement. Cette autre a mis en place une organisation de travail très particulière, pour pouvoir accueillir quatre groupes d’enfants. C' est ce qu'explique sa directrice, qui préside aussi l'Union des professionnels de la petite enfance. 
 

Lorsque les filles viennent travailler, elles sont uniquement avec "leurs" enfants, toute la journée. Elles ne se croisent pas entre elles et les groupes ne se croisent pas non plus. Que ce soit dans les espaces extérieurs ou intérieurs. Elles mangent aussi avec leurs enfants dans le même espace. Il n’y a aucun contact durant la journée. 
- Claudia Jeandot, directrice de crèche et présidente de l'UPPE 

 

Parents reconnaissants

Au portique, une maman n’a pas le doit de rentrer. «Ce sont les mesures d’hygiène. Et je trouve ça génial.» Ces conditions draconiennes semblent bien vécues par les parents, très reconnaissants du dispositif. 
 

Mon homme fait partie des entreprises aussi obligées d’être ouvertes. Je ne préfère pas confier mon bébé aux grands-parents. D’avoir une crèche ouverte qui puisse l'accueillir, c’est un grand soulagement. Ç’aurait été un gros casse-tête, sinon.
- Lorie Augsburger, préparatrice en pharmacie

 

Qui finance ?

Les frais de garde, les repas et les salaires des employés volontaires sont pris en charge par le gouvernement. Beaucoup de dépenses restent toutefois à la charge des crèches. Pas simple d’y faire face sans rentrée d’argent. 
 

La majorité des crèches travaillent en trésorerie tendue. On encaisse les mensualités des parents entre le 1 et le 10 du mois et on paie les employés avec. Aujourd’hui, on se retrouve à payer les employés au mois de mars sans avoir aucune rentrée puisqu’on ne peut pas les facturer. Pour la majorité, on a demandé des découverts de trésorerie supplémentaires aux banques.
- Claudia Jeandot


Un reportage de Caroline Antic-Martin et Gaël Detcheverry : 
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