La chute du gouvernement de Michel Barnier, mercredi 4 décembre 2024, entraîne la Nouvelle-Calédonie dans une situation des plus compliquées. Les conséquences économiques de cette censure sont multiples, aussi bien pour la relance économique que pour les politiques publiques.
Une urgence et une extrême urgence
Gil Brial, 2ème vice-président de la province Sud ne cache pas son inquiétude. Selon l'élu, le pays se retrouve face à deux problématiques. Il y a "une urgence et une extrême urgence, c'est-à-dire comment on boucle les budgets des collectivités d'ici la fin de l'année ? Grâce au travail de Nicolas Metzdorf à Paris, il y a eu un projet de loi de fin de gestion qui a été voté une heure avant la chute du gouvernement, qui permettra d'apporter 27 milliards à la Nouvelle-Calédonie."
Une somme d'argent destinée à "sauver le Ruamm, payer le chômage de la Cafat, sauver Enercal via les hôpitaux, et puis sauver l'ensemble des collectivités de Nouvelle-Calédonie, provinces et communes (..) Si le Congrès de la Nouvelle-Calédonie vote la DM6 (projet de loi qui validera cette aide 27 milliards au territoire ) cette semaine, on devrait pouvoir régler ça."
Reste le budget 2025 que la province Sud votera la semaine prochaine. "Là encore, on a encore beaucoup, beaucoup d'incertitudes. Et donc, on travaille depuis hier à imaginer des solutions avec ceux qui sont nos interlocuteurs. Et c'est vrai qu'on n'a plus trop d'interlocuteurs au gouvernement aujourd'hui. "
Des politiques publiques menacées
Au dernier débat budgétaire de la province Sud, Gil Brial avait annoncé que si les aides de l'État n'arrivaient pas, plusieurs mesures sociales pourraient être supprimées. Un spectre toujours redouté. "Si on n'obtient pas une aide telle que prévue par l'État, d'un milliard d'euros pour l'ensemble de la Nouvelle-Calédonie, on se retrouve à présenter un budget où on ferme tous les centres médico-sociaux, les anciens dispensaires, où on ne verse plus de bourse en Nouvelle-Calédonie, où on n'a plus d'associations culturelles, sportives, où on passe d'un budget de 56 milliards à 41 milliards."
Sans une aide de l'Etat d'un milliard d'euros, c'est un effondrement du système calédonien. Ça, c'est le vrai dommage collatéral de la chute du gouvernement.
Gil Brial, vice-président de la province Sud.
Les mairies ne sont pas en reste. Après plusieurs mois de difficile adaptation face à la baisse des dotations, des arbitrages très durs se sont imposés comme celui de la suspension du financement des cantines et des transports scolaires.
"On peut s'attendre à pire" affirme Florence Rolland, maire de La Foa. "On a réformé tout ce qu'on pouvait réformer sur les dernières semaines dans l'optique d'avoir un peu d'oxygène, notamment au travers du projet de loi de finances."
[La chute du gouvernement central] c'est une très mauvaise nouvelle pour la Nouvelle-Calédonie. C'est une très mauvaise nouvelle pour les communes.
Florence Rolland, maire de La Foa
Certaines communes déjà en cessation de paiement
Face au travail parlementaire mené pour permettre le transfert de 27 milliards en faveur de la Nouvelle-Calédonie, Florence Rolland s'en félicite mais estime que "c'est une infime partie qui sera réservée aux communes, qui permettront de payer nos centimes additionnelles, mais ça ne sauvera pas le soldat commune. Ça, c'est une réalité. Donc au bout d'un moment, on ne sait plus faire. On est supposé préparer nos budgets 2025, mais on ne sait pas comment."
Une crainte partagée par le maire de Touho, Alphonse Poinine. "Nous avons les mêmes préoccupations, les mêmes craintes" reconnait le vice-président de l'association maires de Nouvelle-Calédonie. Et de poursuivre, "on est en situation de cessation de paiement. Ça veut dire qu'au 31 décembre, à la clôture des budgets, on n'aura pas les informations provenant de l'État ou du gouvernement pour la préparation de 2025".
Le reportage de Alix Maddec et Marion Thellier :