96,49% des électeurs ont voté Non à l'accession de la Nouvelle-Calédonie à la pleine souveraineté, le 12 décembre. Le Oui n'a obtenu que 3,5% des voix et 56,1% des électeurs n'ont pas participé au scrutin. Une semaine après ce référendum qui a clôturé l'Accord de Nouméa, Philippe Gomès a évoqué les discussions politiques à mener. Invité du journal télévisé de NC la 1ère, dimanche 19 décembre, le député de la deuxième circonscription est aussi revenu sur le texte déposé par Calédonie ensemble au Congrès pour demander le report de l'obligation vaccinale pour les professions exposées et les personnes vulnérables. Un texte qui sera examiné en séance publique, mardi 21 décembre. Voici ce qu'il faut retenir de son intervention.
"Tisser des liens entre les électeurs du Oui et les électeurs du Non"
"La moitié de la population ne peut pas imposer sa volonté à l'autre moitié de la population". Le leader de Calédonie ensemble se dit conscient du consensus à dégager, par le dialogue, tout en réaffirmant le résultat sorti des urnes. "Il faut entendre la voix de celles et ceux qui veulent rester au sein de la République. Ils se sont une nouvelle fois déplacés en masse, ce qui n'était pas évident", intervient le député, qui garde en tête que l'appel à la non-participation "a été massivement suivi".
Dresser un audit de l'Accord de Nouméa
Appelant à "rendre utile" les six mois à venir, au cours desquels les campagnes présidentielles et législatives vont battre leur plein, le député de la deuxième circonscription souhaite "qu'un véritable audit, un véritable bilan de l'Accord de Nouméa, du processus de décolonisation dans lequel nous sommes engagés, depuis maintenant 30 ans" soit dressé. "L'objectif de ce bilan, c'est d'objectiver les discussions qui auront lieu ensuite, que nous ne partions pas sur des procès en sorcellerie sur tel ou tel aspect". Outre les préoccupations institutionnelles, Philippe Gomès évoque les arbitrages budgétaires à mener localement. "La Nouvelle-Calédonie est en quasi dépôt de bilan, comme toutes les collectivités de la Nouvelle-Calédonie et là aussi, il y a du travail à faire".
Redéfinir le corps électoral
"Le corps électoral, c'est le cœur du réacteur nucléaire calédonien", résume le président de Calédonie ensemble. Reconnaissant une évolution "d'un droit autochtone à l'autodétermination à l'exercice d'un droit calédonien à l'autodétermination", Philippe Gomès explique que "35 000 Calédoniens qui vivent en Nouvelle-Calédonie (…) ne peuvent pas, aujourd'hui, participer ni aux élections provinciales ni au référendum". Enjeu majeur des discussions entre loyalistes et indépendantistes, l'ouverture du corps électoral est impérative face aux "situations d'injustice majeure", pour les franges de la population calédonienne "à l'écart de la vie démocratique".
Le nouveau corps électoral, cela ne peut pas être open bar, nous l'avons bien compris. Ou alors ce sont des désordres qui seront au rendez-vous.
Philippe Gomès
Il cite "celles et ceux qui sont devenus Calédoniens par leur cœur, qui sont des Calédoniens d'adoption, qui sont installés durablement en Nouvelle-Calédonie, qui ont investi, qui ont le centre de leurs intérêts matériels et moraux, qui, parfois, se sont investis dans la vie de la cité".
Trouver un "consensus définitif" qui conjugue souveraineté et République
Une séance publique de l'assemblée nationale sera consacrée à la Nouvelle-Calédonie, le 6 janvier, à l'initiative du député, qui siège au sein de l'UDI (Union des démocrates et indépendants) dans l'hémicycle parisien. Philippe Gomès y dévoilera son objectif des 18 prochains mois. A savoir construire un référendum de projet "pour passer des consensus transitoires, que nous avons connus, avec Matignon, sur 10 ans, et Nouméa, sur 20 ans, à un consensus définitif sur l'avenir du pays. Un consensus libéré des référendums pour ou contre l'indépendance qui rythment la vie de notre pays."
A la recherche d'une solution "pour que la Nouvelle-Calédonie n'ait plus à voter pour ou contre l'indépendance" pour les décennies à venir, le leader de Calédonie ensemble passe en revue les quatre hypothèses pour achever le processus de décolonisation aux yeux de l'Onu (l'Organisation des nations unies) : l'indépendance, l'Etat associé, l'intégration à l'autorité de tutelles, ou tout statut politique librement décidé et approuvé par les populations concernées. Il opte pour cette quatrième voie.
C'est cela qu'il faut que nous construisions avec les indépendantistes. Il faut qu'ils acceptent de ne plus avoir recours au droit à l'autodétermination.
Philippe Gomès
"Comment le faire ? En conjuguant la souveraineté et la République. C'est ce que nous faisons depuis 30 ans", argumente le député. "Pendant trois référendums, nous les avons opposées, pendant 30 ans nous les avons conjuguées. Continuons à les conjuguer. Il y a un point d'équilibre que nous pouvons trouver pour construire ce consensus", insiste-t-il, "pour permettre aux jeunes générations de se projeter".
Reporter l'obligation vaccinale pour les personnes passibles d'amende
Favorable au maintien de l'obligation vaccinale au 31 décembre pour l'ensemble des Calédoniens de plus de 18 ans, Calédonie ensemble souhaite son report pour les salariés des secteurs essentiels : établissements de soin, secteurs portuaire et aéroportuaire, industries de la mine, etc., ainsi que pour les personnes vulnérables en longue maladie. "Il y a une catégorie de Calédoniens pour laquelle l'obligation est un peu plus lourde car, s'ils ne se vaccinent pas, ils sont soumis à une amende de 175 000 francs", développe Philippe Gomès.
Il y a un nouveau variant qui est en train d'arriver (...) Peut-être qu'il circule et que l'on ne le sait pas. Peut-être qu'il fera autant de dégâts qu'en a faits le variant Delta. Il ne faut surtout pas (...) lever l'obligation vaccinale.
Philippe Gomès
Retrouvez ci-dessous l'intégralité des propos de Philippe Gomès, interrogé par Yvan Avril :