Covid-19 : quand les Affaires sanitaires mènent l'enquête 

Le Dr Martine Noël explique les méthodes d'investigation autour des cas et des personnes-contacts.

Quand un cas positif de Covid-19 est détecté en Nouvelle-Calédonie, comment les autorités sanitaires s'y prennent-elles, pour remonter la chaîne de transmission, et identifier les personnes-contacts ? Explications, assorties de quelques définitions.

Ce mardi, le point dédié à la crise sanitaire (à retrouver en entier ici) a fait la part belle aux investigations de la DASS. Le Dr Martine Noël a détaillé le processus mis en œuvre quand un test revient positif au virus. 

Son intervention (à 7mn 50 du début) :

 

«On sait comment il est arrivé»

«Concernant cette crise actuelle que nous vivons, la bonne nouvelle, c'est qu'on sait comment le virus est arrivé en Nouvelle-Calédonie : par des voyageurs en provenance du territoire de Wallis et Futuna», développe le Dr Noël. «On a commencé à agir, de deux façons différentes» :

  • essayer d'informer les voyageurs et les inviter à se signaler au travers d'un numéro vert, le 05 02 03, qui est toujours valide;
  • par ailleurs, la Dass a monté des équipes pour, vol par vol, contacter tous ces voyageurs.
Covid-19 : distribution de masques à Wallis-et-Futuna

 

Tests en fonction

Quand ces personnes sont identifiées, «on va leur proposer des tests qui pourront être de nature différente selon leur date d'arrivée»

  • PCR pour les arrivées récentes, afin d'essayer d'identifier si les voyageurs sont porteurs du virus ; 
  • sérologie pour celles et ceux qui ont débarqué il y a plus longtemps (une prise de sang avec la recherche d'anticorps que le corps aurait pu fabriquer en présence du virus).

Le type de test est déterminé en fonction de la date d'arrivée [de Wallis et Futuna].

 

En amont et en aval

«Le deuxième axe de travail est tout ce qui peut se passer autour des  personnes dépistées cas positifs.» 93 depuis le 18 mars 2020, dont 35 depuis le 7 mars et l'alerte qui a donné lieu à un nouveau confinement. «On a des équipes d'investigateurs formés, on se met en contact avec la personne. On va s'entretenir avec elle le temps qu'il faut», relate le Dr Noël en rappelant que ces échanges sont couverts par le secret médical. « L'objectif est d'identifier la chaîne de transmission du virus. On va chercher en amont qui a pu transmettre le virus à cette personne et en aval, les personnes à qui elle a pu le transmettre.» 

Evaluer le risque

Les investigateurs se mettent alors en relation avec chacune de personnes-contacts, pour identifier celles à risque négligeable et celles qui seront considérées comme personnes-contacts à risque. Il sera demandé à celles-ci de passer un test. «Si le test initial est négatif, on va demander à la personne d'être en quarantaine jusqu'au quatorzième jour après la date de son contact avec le cas positif.» A l'issue de ces quatorze jours, deuxième test. «S'il est négatif, alors on pourra lever la quarantaine.» 

Près de l'unité Covid du Médipôle en 2020.

 

Isolement, et rebelote

Mais si le test initial a été positif, la personne est placée en isolement - «pour le moment, ça se passe au Médipôle». Et «on va recommencer une investigation autour de ce nouveau cas pour que, de proche en proche, on puisse essayer de contacter toutes les personnes qui ont pu être à risque autour». Avec des critères précis. «C'est la méthode la plus éprouvée qui existe pour ne pas partir dans tous les sens». Il s'agit aussi d'une technique très chronophage, alors même que «c'est une course de vitesse».

C'est une course de vitesse.

 

Qui enquête ?

«Les agents du service de santé publique de la DASS-NC effectuent des enquêtes depuis de nombreuses années autour d’un certain nombre de maladies, principalement celles qui nécessitent de mieux les comprendre, ou celles pour lesquelles des mesures autour des cas sont à prendre pour éviter une diffusion à la population», pose le gouvernement dans son récapitulatif du point presse.

 

Présentation d'un masque par une pharmacienne inspectrice de la DASS, en 2020.

 

Avec 88 relais

«C’est donc tout naturellement que ce service a mis au point et régulièrement actualisé des procédures d’investigation autour des cas de Covid-19, et mené depuis 2020 les enquêtes autour des cas importés». Cela dit, des professionnels relais ont aussi été formés depuis août 2020.
Cela représente 88 personnes (71 personnels des trois provinces, de certains établissements sociaux et médicaux sociaux, et il y a quelques jours, 17 agents volontaires en renfort à la DASS durant le confinement). Soit «un pool d'une vingtaine d'investigateurs», a résumé le Dr Noël. «Ça peut être plus, ça peut être moins, selon les jours, selon les besoins.» 

«Personne-contact» ou «cas-contact» ? 

Attention à ne pas confondre «personne-contact» et «cas-contact», comme ça arrive souvent :

  • la personne-contact a été au contact (!) d'un cas qui s'est avéré positif, les risques qu'elle ait été contaminée à son tour peuvent aussi bien être minimes qu'importants;
  • le cas-contact désigne une personne qui a bel et bien été détectée positive après avoir été en contact avec un cas lui-même positif.

 

C'est quoi, une personne-contact à risque ?

Quelqu'un qui a été au contact d’un cas positif dans les contextes suivants, selon la DASS : 


  • ils vivent sous le même toit; 

  • ils sont restés face à face sans masque efficace, à moins de deux mètres l'un de l'autre;
  • ils sont restés sans masque efficace dans une pièce au moins quinze minutes, même à plus de deux mètres; 

  • ils ont partagé un repas, un verre ou une pause cigarette à moins de deux mètres;
  • ils ont eu un contact physique, par exemple une bise. Une poignée de mains sans s'être 
désinfectée peut être à risque si la main est ensuite portée au visage. 
Et un plexiglass sur un comptoir ou le port d’une visière sans masque en dessous n’annulent pas le risque.

Ce qui n'est pas à risque

Une personne-contact d’un cas positif n’est pas à risque, toujours d'après la DASS : 

  • si elle portait correctement un masque efficace (chirurgical, UNS1 ou FFP2, FFP3 
pour les professionnels)
;
  • si elle a déjà eu le Covid-19 dans les deux derniers mois, soit une immunisation naturelle;
  • si elle était séparée de la personne malade par une vitre dans une cabine fermée;
  • ou si elle l'a croisée de façon "furtive" dans l’espace public.