"Nous ne referons pas l'Histoire, nous souhaitons envisager l'avenir". C'est le titre de la tribune co-signée ce vendredi 7 juin par 38 avocats du barreau de Nouméa. Un appel au respect des idées de chacun et des fondements de la société démocratique.
"Alors que les droits les plus fondamentaux de la démocratie ne sont plus respectés, certains tentent de légitimer les exactions commises en invoquant un combat qui serait plus noble, plus essentiel : celui des peuples à disposer d’eux-mêmes", écrivent les auteurs.
"Cependant, même le plus noble des combats ne peut être effectif et efficient qu’à la condition de respecter les règles les plus essentielles, celles qui fondent notre société démocratique et permettent de préserver la paix", poursuivent-ils.
L'exercice délicat de la profession
Longue de cinq pages, la tribune revient notamment sur les spécificités juridiques du territoire et l'autonomie acquise progressivement au cours des trente dernières années, les trois référendums d'autodétermination ainsi que le non-rétablissement de l'ordre public depuis un mois. Les signataires évoquent plus loin la difficulté d'exercer en tant qu'avocats dans un contexte aussi tendu.
"Nous demeurons mobilisés et continuons à assurer nos missions, afin que les droits des prévenus soient respectés, et ceux des victimes reconnus [...] Il est dès lors très difficile de lire et d’entendre qu’il s’agirait d’une « Justice coloniale », lorsque les magistrats, les greffiers, les huissiers et les auxiliaires de justice mettent tout en œuvre, parfois au péril de leur sécurité, pour assumer leur mission d’intérêt général", est-il écrit dans la tribune.
Les signataires ne reviennent toutefois pas sur la manifestation organisée jeudi après-midi par les Loyalistes et le Rassemblement devant le tribunal pour exhorter la justice à condamner les leaders de la CCAT. Un mouvement que les chefs de la Cour d'appel ont qualifié dans la foulée de "manifestation illégale" constituant "une pression inacceptable [..] dans un contexte difficile", avant de demander davantage de sérénité de la part des "responsables politiques, qui sont à l'origine de ce mouvement, alors que leur mandat devrait les conduire à rechercher l’apaisement et le dialogue".
"Un avenir serein pour tous"
"Depuis le début des émeutes, des justiciables, sans distinction, ont été poursuivis, des condamnations
ainsi que des relaxes ont été prononcées ; parce qu’en Nouvelle-Calédonie aussi, la présomption
d’innocence s’applique", poursuivent les auteurs de la tribune, qui disent également craindre "l'avenir proposé par les émeutiers".
Leurs revendications "ont évolué, d’une demande de retrait de la loi constitutionnelle votée aux assemblées parlementaires, à une accession à leur pleine souveraineté, nonobstant les considérations juridiques et électorales précitées".
"Nous ne referons pas l’histoire, mais souhaitons pouvoir envisager un avenir serein pour tous. Et cet avenir, ensemble, dans le respect de chacun, ne pourra se faire que dans la paix et lorsque l’ordre public sera rétabli. Car nous ne voyons d’issues que dans le respect de la démocratie", conclut la tribune.
Retrouvez ci-dessous l'interview de Maître Rose-Marie David, l'une des co-signataires de la tribune :