731 millions, c’est la somme qui manque à la caisse locale de retraite, au 30 juin 2024, pour verser les pensions de ses 6026 ayants droit. La situation est inquiétante, car elle risque la cessation de paiement à partir de septembre prochain.
Des impayés du CHT et du CHN notamment
Le non-versement des cotisations de certains employeurs publics accentue les difficultés de trésorerie de la caisse. Les émeutes, en cours depuis le mois de mai en Nouvelle-Calédonie, ont en effet accéléré la dégradation des finances. Les impayés viennent principalement du CHT et du centre hospitalier du Nord, pour un montant total de 457 millions de francs CFP.
Certaines communes, aussi, n’ont pas honoré leurs cotisations, l'équivalent de 245 millions au total.
Une aide de 900 millions de l'Etat
Seule bonne nouvelle pour le moment : une aide très ponctuelle. "Il y aurait une aide de 900 millions pour la CLR, ce qui permettrait de payer les pensions jusqu’à fin août. Et effectivement à partir du mois de septembre, il n’y aura plus rien, si rien n’est fait, précise Alain Monnier, secrétaire de l'intersyndicale des retraités. Et d'ajouter que "c’est une aide de l’état".
Une visibilité jusqu'à 2026, peut-être moins
La Nouvelle-Calédonie compte 46 000 retraités en tout, du privé, du public, sans oublier les fonctionnaires d’Etat. "La situation est catastrophique. Mais les fonctionnaires d'Etat seraient très peu impactés, heureusement d’ailleurs", précise Alain Monnier.
Les perspectives sont en revanche plus inquiétantes pour les retraités de la fonction publique territoriale comme du privé. "La Cafat, qui verse les pensions des retraités du privé, a une visibilité des retraites jusqu’à début 2026. Mais on pense même que ça sera peut-être plus tôt, peut-être dès 2025."
Des retraités qui perdent du pouvoir d'achat
L'intersyndicale doit être reçue dans les prochains jours par la Cafat. "La Cafat, c’est 42 000 retraités. Et il ne faut pas oublier que presque 70% de ces retraités touchent moins de 120 000 francs par mois. Si la caisse périclite, c'est une catastrophe sociale qui pointe son nez. Déjà les retraités perdent du pouvoir d’achat et il y a certaines aides qui sont supprimées."
Toujours pas de réforme du Ruamm
Depuis, une étude a été demandée par la Cafat pour essayer de trouver des solutions. "Ce n'est pas évident, parce que les éventuelles pistes ne sont pas très rassurantes. Le problème c’est qu’il y a moins de cotisants et les entreprises et les collectivités ne payent plus. Avec la crise, elles ne payent plus leurs cotisations sociales."
Sans oublier la réforme du Ruamm qui tarde à venir. "Je ne sais pas ce que font nos politiques, mais ça aurait dû être validé déjà depuis plusieurs mois. Nous, on souhaiterait qu’il y ait des aides, qu’on arrive à pérenniser. Que tout le monde se mette autour de la table pour discuter de tout ce qui est social sur le territoire. Parce que là, les comptes sociaux vont à la catastrophe", martèle Alain Monnier.
Des retraités qui participent à l'économie du territoire
Selon l'intersyndicale, il y a urgence. "II faut qu’on préserve les caisses de retraite. C’est important, sinon on va appauvrir une partie de la population. Ça fait des mois qu’on a l’impression de ne plus être écoutés. Le gouvernement ne nous reçoit pas. Les retraités ont le sentiment d’être mis de côté. Ils le vivent très mal parce qu’ils participent à l’économie du territoire."
Ils payent des impôts, ils payent leurs assurances, ils aident leurs enfants et des fois leurs petits-enfants.
Alain Monnier, secrétaire de l'intersyndicale des retraités