REPLAY. Avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie : Manuel Valls repart avec "de l'espoir pour les Calédoniens"

Le ministre des Outre-mer, Manuel Valls était l'invité du journal télévisé de ce samedi 1er mars, à 19h30. A quelques heures de son départ, quel bilan tire-t-il des discussions avec les formations politiques calédoniennes, avec les acteurs économiques et la société civile ? Quelle suite envisage-t-il ? Résumé.

"Le dialogue, le respect, l’écoute permettent d’avancer", c'est l'un des bilans tirés par Manuel Valls de ses huit jours en Nouvelle-Calédonie. Avant de reprendre l'avion, le ministre des Outre-mer a accordé un entretien exclusif à NC la 1ère. "Le seul fait que tous les acteurs politiques calédoniens soient autour de la table, c’est un succès pour eux. C’est à eux de construire, avec l'ensemble citoyens de ce beau territoire, l’avenir", souligne-t-il. Indépendantistes, non-indépendatistes et État n'avaient pas été réunis, tous ensemble, depuis quatre ans. 

Je repars avec le sentiment du travail accompli et de l'espoir pour les Calédoniens, parce que ce pays est incroyable, cette terre a tellement d’atouts, le premier, ce sont les femmes et les hommes qui la font vivre.

Manuel Valls le 1er mars 2025

Au cours de la semaine, le ministre et son équipe ont parcouru une bonne partie du territoire, à la rencontre des agriculteurs, des acteurs économiques, des jeunes, des maires. "Tout le monde dit : il faut la paix, reconstruire le pays", retient-il. Lui le répète aux Calédoniens : "la France, l’État, le gouvernement sont là", ses annonces l'ont, il le souhaite, prouvé.

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Mais "le plus difficile reste à venir, c'est-à-dire trouver un accord", poursuit le ministre, espérant que "des négociations se noueront dans les prochaines semaines". "Ce miracle calédonien, qui a ému tout le monde il y a plus de trente ans", avec les accords de paix, "est qu’on est capable de le retrouver ?", se demande-t-il, évoquant de la fascination pour la Nouvelle-Calédonie. 

Je souhaite que si nous arrivons à trouver un accord, toute la société calédonienne s’en empare, à travers les maires, le Congrès, le Sénat coutumier, des assises. Il faut que ça bouillonne.

Manuel Valls

 

Cette Nouvelle-Calédonie tellement divisée sur son lien avec la France, l'un des trois thématiques retenues pour les négociations. "Il y a une volonté de terminer la décolonisation, d’émancipation du peuple kanak, c’était la base de l’Accord de Nouméa, il faut la faire vivre. Et puis les Calédoniens ont voté trois fois, même si le dernier référendum a laissé un goût d’inachevé", trois fois non à l'indépendance, pose-t-il une fois de plus.

Un projet de société comme base ? 

Alors comment réunir des positions opposées ? Via "un projet de société", au-delà de l'accord politique et institutionnel, comme ont voulu le faire Jean-Marie Tjibaou et Jacques Lafleur ? "Il faut faire pays, faire société, créer les conditions d’un peuple calédonien, des gens qui ne se regardent pas en chien de faïence", estime en tout cas Manuel Valls. S'accorder sur une citoyenneté permettrait à ses yeux de régler l'épineuse question du corps électoral.

Pas de date butoir mais...

Le ministre, qui prévoit de revenir autour du 22 mars, refuse toujours de fixer une date butoir à la conclusion d'un accord. "On sait tous qu’il y a les provinciales, qu’avant il faut un processus institutionnel et constitutionnel. Mais je ne veux pas casser le fil. Parfois on a voulu précipiter les choses et c’est pour ça que ça n’a pas marché", répète-t-il. Il reviendra cependant "avec des propositions parce qu’il faut avancer, le débat ne peut pas durer des mois et des mois." Objectif de son prochain séjour : "arriver à un accord si c’est possible, mais encore une fois, je ne veux bousculer personne".

En Calédonie, les non-dits sont importants, les silences aussi, il faut prendre le temps pour avancer et créer les conditions d’une confiance pour permettre l’accord. Je pense que ces bases là ont été établies.

Manuel Valls

D'ici là, des groupes de travail seront mis en place "sur des questions plus techniques, sur les compétences régaliennes, les questions de fiscalité dans les provinces parce que nous avons parlé du rôle plus important que peuvent avoir les provinces tout en gardant la solidarité pour tous les Calédoniens", "une Calédonie une et indivisible".

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Au cours des discussions, il a aussi noté des points de convergences. "De la lucidité sur le fait que si on avance pas sur un accord, le pire est à craindre", commence-t-il. Des priorités aussi : "la jeunesse, la santé, le problème du logement, du transport", sur lesquels "nous allons aider les communes du Grand Nouméa", promet-il. 

Le nickel appartient à cette terre, il faut être capable de le conserver et de gagner en compétitivité.

Manuel Valls

 

Et puis, il y a le nickel. L'urgence de sauver le secteur, "des milliers d'emplois sont en jeu, l'avenir des provinces". Mais comme pour l'accord politique, pas question de se précipiter, au risque de braquer les interlocuteurs sur une question elle aussi sensible, le rejet du pacte nickel, l'a montré. "Nous allons continuer à travailler. (...) Il faut créer les conditions d’une réouvertuire des mines à travers un dialogue avec les élus, avec les coutumiers, les partenaires sociaux, examiner les offres de reprise", incite-t-il.

Comme ses prédécesseurs, il le martèle : "le nickel est stratégique mais il faut une nouvelle stratégie, des changements, adapter l’outil industriel, regarder de près les offres qui existent", repenser le système électrique. Mais ne jamais oublier d'analyser les "retombées sociales et environnementales. La soutenabilité, l’acceptation du nickel, c'est aussi un sujet", il l'a compris. La suite dans un peu plus de deux semaines ?