Crise en Nouvelle-Calédonie. Le Congrès renvoie l'examen du plan quinquennal proposé par Calédonie ensemble

Les élus du Congrès de la Nouvelle-Calédonie en pleine séance.
Le Congrès de la Nouvelle Calédonie s'est réuni ce mardi pour examiner le plan quinquennal de 500 milliards de francs proposé par Calédonie ensemble. Une somme qui serait à la charge de l’Etat, pour répondre à la crise que traverse le territoire. La résolution a finalement été renvoyée à une prochaine réunion qui intégrera tous les groupes politiques pour élaborer un projet commun.

Ce ne sera pas pour cette fois. Ce 20 août, les élus du boulevard Vauban ont préféré se donner du temps plutôt que de donner le feu vert, le jour même, au plan quinquennal de Calédonie Ensemble.

La résolution n’a pas été votée mais une motion préjudicielle a été adoptée à l’unanimité pour examiner le texte en réunion avec toutes les formations politiques.

Eviter la mort économique et sociale des émeutes de la faim d’ici la fin de l’année.

Philippe Gomès, de Calédonie ensemble


Éviter une "insurrection sociale"

Ce document de quatorze pages dresse un constat sans appel : la Nouvelle-Calédonie est au bord du précipice. Le pays a besoin d’un plan de sauvegarde de l’Etat de 500 milliards de francs sur cinq ans. Aucun secteur n’est épargné, qu’il soit public ou privé.

Pour Philippe Gomès, tout l’enjeu de ce plan quinquennal est d’"éviter la mort économique et sociale des émeutes de la faim d’ici la fin de l’année". Pour l’élu de Calédonie ensemble "c’est vers cela qu’on s’achemine inexorablement". Le risque, si rien n'est fait, est de "subir une insurrection sociale qui vienne compléter l’insurrection politique du 13 mai", estime l'élu.

Si les Calédoniens arrivent divisés face à l’Etat, on n’aura que des miettes. Il faut qu’on fasse bloc.

Nicolas Metzdorf, de l'intergroupe Les Loyalistes


Une motion préjudicielle pour amender le texte

Dans l’hémicycle, plusieurs réserves ont été exprimées : abstention annoncée par l’Uni, réticences des Loyalistes et du Rassemblement… Le texte soumis par Calédonie ensemble ne pouvait compter que sur l’Union calédonienne et l’Eveil océanien.

Finalement, c’est Nicolas Metzdorf, de l’intergroupe Les Loyalistes, qui a proposé une solution : une motion préjudicielle qui doit permettre aux groupes politiques de se rencontrer rapidement pour amender la résolution et la présenter à l’Etat.

"Si les Calédoniens arrivent divisés face à l’Etat, on n’aura que des miettes. Il faut qu’on fasse bloc pour obtenir suffisamment d’argent pour relancer l’économie calédonienne."

Un projet nécessaire pour rassurer les Calédoniens, rassurer le monde économique et leur donner des perspectives.

Pierre-Chanel Tutugoro, président du groupe UC-FLNKS et Nationalistes


"Urgence absolue"

Pour Pierre-Chanel Tutugoro, chef du groupe UC-FLNKS et Nationalistes, cette résolution "ne va pas à l’encontre de la démarche portée par le gouvernement". Il estime ce projet "nécessaire pour rassurer les Calédoniens, rassurer le monde économique et leur donner des perspectives".

Philippe Michel, à la tête du groupe Calédonie ensemble au Congrès, réaffirme la démarche de son parti. "On est à un moment crucial de la vie de la Nouvelle-Calédonie avec une crise sans précédent, 200 milliards [de francs] de destruction d’infrastructures, au moins 100 milliards par an de besoins financiers pour compenser les pertes de recettes, financer le chômage partiel, assurer la survie des services publics essentiels".

L'élu calédonie ensemble constate aussi que "cette motion préjudicielle permet d’entrevoir une unanimité des élus du Congrès sur l’urgence totale et absolue d’adresser un message fort à l’Etat pour sauver ce qui peut encore l’être avant l’effondrement".

Il faut être sûr que ce qu’ont subi les Calédoniens ne se reproduise plus jamais.

Virginie Ruffenach, chef du groupe Rassemblement


Assurer la stabilité du pays

Pour Virginie Ruffenach, pas question de demander ces fonds sans apporter de garanties. "Parce que sinon, c’est un seau percé. Il faut être sûr que ce qu’ont subi les Calédoniens ne se reproduise plus jamais. Et que l’argent qui sera mis dans la reconstruction soit effectif pour une reconstruction durable."

La cheffe du groupe Rassemblement estime que le texte doit être retravaillé pour obtenir "un accord global de tous les groupes politiques [du Congrès]". Et ce, avant de présenter cette demande à l'Etat, "qui a une responsabilité morale et financière en Nouvelle-Calédonie, parce que nous sommes Français".

Les cinquante-quatre conseillers du Congrès disposent de quelques jours pour se réunir et enrichir la résolution avant le 29 août prochain, date du renouvellement annuel du Congrès.