"Il n’est jamais trop tard pour évoquer ces sujets. Ce qui compte c’est d’avoir une dynamique", celle d’inverser la courbe de la délinquance et de changer le comportement des Calédoniens face aux conduites à risques, comme le prévoit le plan territorial de sécurité et de prévention de la délinquance 2018-2022. Un comité de pilotage s’est réuni vendredi pour la première fois depuis cinq ans en présence du procureur de la République, d’un représentant de l’Etat, des provinces et du Sénat coutumier, "nous avons une marge de progression sur un certain nombre de sujets, je pense notamment aux addictions. C’est une thématique qui est transversale qu’il s’agisse des violences, des violences intrafamiliales, des cambriolages, des accidents mortels ou corporels". En ce sens, Yves Dupas plaide pour la création d’une structure pilote chargée de lutter contre les addictions (cannabis et alcool), "je déplore qu’il n’y ait pas de structure pilote qui porte cette problématique sur le territoire". Une structure qui pourrait voir le jour dans le nouveau plan territorial du gouvernement mis en place l’an prochain.
La Calédonie gangrenée par la délinquance du quotidien
Vols de véhicule, cambriolage, phénomène d’errance : la délinquance du quotidien est un véritable fléau sur le territoire. Les faits de délinquance sont majoritairement commis en province Sud et plus particulièrement dans le Grand Nouméa qui regroupe à lui seul 74% des délits. Pour le procureur de la République, « il est important de prendre en compte toutes les situations. Lorsqu’il s’agit d’un récidiviste, la politique pénale est assez ferme, ce qui conduit parfois à l’incarcération. Pour les primo-délinquants, ce qui est essentiel c’est de mettre en place une sorte d’étayage, par une mesure de travail d’intérêt général pour ramener la personne vers un cadre de vie sociale dans l’espoir qu’elle puisse s’engager sur une meilleure voie ». S’agissant des jeunes délinquants, plusieurs outils de prévention sont mis en place, car "il faut intervenir le plus tôt possible", souligne le procureur. Parmi ces dispositifs : le conseil des droits et devoirs des familles, "c’est un outil très pertinent qui permet la convocation des familles en cas de situation d’alerte : absentéisme scolaire anormal, consommation de stupéfiants et parfois pour des comportements violents. Il s’agit surtout d’un accompagnement à la parentalité, c’est un outil que les maires doivent s’approprier".
1500 procédures pour violences conjugales ouvertes en 2021
Le constat est sans appel : depuis trois ans, les violences conjugales ont explosé. Rien que l’an dernier, 1500 procédures ont été ouvertes. Le taux de violence physique et sexuelle au sein des couples est sept fois plus élevé qu’en Métropole, ce qui fait de la Nouvelle-Calédonie le territoire le plus exposé. Deux phénomènes peuvent expliquer ces violences, "la société calédonienne demeure très patriarcale où l’égalité hommes-femmes n’est que balbutiante et puis il y a ces addictions à l’alcool. 80% des procédures sont marquées par une addiction à l’alcool", détaille Yves Dupas.
Un entretien à retrouver ici.