Comment redonner de l’attractivité à la fonction publique calédonienne ? La question est au centre de plusieurs ateliers organisés ce jeudi et ce vendredi par le gouvernement. En juillet, après une nouvelle grève des fonctionnaires de la Nouvelle-Calédonie pour demander une hausse de salaires, il s’était en effet engagé à lancer des assises. C’est chose faite. Des décideurs, des fonctionnaires, des syndicats et des chercheurs y participent. Ils discuteront notamment de rémunération.
Des disparités de salaires
Pour Lionel Woreth, trésorier de la Fédé, elle explique les difficultés à trouver de la main-d’œuvre dans plusieurs secteurs. La santé et le social par exemple. “Aujourd’hui, un certain nombre de professionnels, les infirmiers, les assistants sociaux, les éducateurs, sont moins bien payés en Nouvelle-Calédonie qu’en France.” Il cite aussi la pénurie d’informaticiens, d’ingénieurs, de juristes. “Dans le privé, ils peuvent négocier leur salaire. Ils ont un treizième mois et des avantages qu’on n’a pas.”
D’après l’Institut de la statistique et des études économiques (Isee), en 2021, à temps plein, les salariés du privé gagnaient en moyenne 301 000 francs par mois. Les employés du public, 446 000 francs par mois. Un chiffre qui cache une importante disparité entre fonctionnaires d’Etat et fonctionnaires de Nouvelle-Calédonie.
L’écart de rémunération était de 175 000 francs en 2021 entre ces deux catégories. Il s’est depuis creusé. Les fonctionnaires d’Etat ont en effet obtenu une hausse de 3,5 % en juillet 2022, puis de 1,5 % en juillet 2023. Après plusieurs mouvements de grève et manifestations, les Calédoniens ont fini par obtenir 1 %. Et la promesse de ces assises.
L'occasion de "tordre le cou aux idées reçues" ?
Lionel Woreth espère qu’elles permettront aussi de “tordre le cou à un certain nombre d’idées reçues”, celle du fonctionnaire “fainéant” notamment. Autre repoussoir à ses yeux. “Pourtant, on est bien content d’avoir des pompiers qui interviennent au milieu de la nuit, des urgences ouvertes 24 heures sur 24.”
Les syndicats et le gouvernement sont déjà d’accord sur au moins une chose : il faut stopper la pénurie, qui entraîne une dégradation des conditions de travail. “Quand on dit à un médecin ou à une infirmière qu’ils vont devoir travailler sept jours d’affilée, qu’ils vont être de garde trois week-ends par mois, qu’ils vont devoir tourner avec moins d’effectifs, ils craquent à un moment, ils s’en vont.” Un cercle vicieux.