Assises : 20 ans de réclusion pour la mort de Maureen

Un homme de 38 ans a été reconnu coupable aux assises d'avoir battu à mort Maureen, sa compagne, en février 2019 à Houaïlou. La cour l'a condamné à vingt ans de réclusion criminelle, avec une période de sûreté des deux tiers. La défense a décidé de faire appel. 
[MISE À JOUR MERCREDI 11H25]

Les excuses de l’accusé n’ont pas convaincu les membres du jury. Mardi soir, la cour a suivi les réquisitions de l'avocat général en condamnant l'accusé à vingt ans de réclusion criminelle, avec une peine de sûreté des deux-tiers. 
A l’audience, le réquisitoire de Christian Pasta, l’avocat général, a constitué un coup de massue pour la défense. Le magistrat a fait l’inventaire des violences infligées à Maureen et aux précédentes concubines du mis en cause. L'avocat général a insisté sur la longue agonie de Maureen, ce soir-là. « Elle s’est vue partir petit à petit  », a-t-il indiqué, avant d'ajouter : « je dis qu’il ne l’a pas tuée, je dis qu’il l’a tellement massacrée, qu’il a fini par la tuer ».
Pour la maman de Maureen, ce verdict de 20 ans d'emprisonnement est un « soulagement ». Voici son témoinage : 

ITW maman Maureen

La défense, représentée par Me Siggrid Klein, a tenté de présenter une facette moins sombre de l’accusé. Sans succès, elle a décidé de faire appel de la condamnation, estimant la peine « disproportionnée ». Sa réaction à l'issue de l'audience : 

ITW Me Klein

 

Le calvaire de Maureen 

La matinée de ce mardi avait été consacrée aux témoignages des ex-compagnes de l’accusé et de la famille de Maureen. Les récits se rejoignent sur la personnalité de l’homme. Il avait besoin d’avoir de l’emprise sur toutes ses compagnes. 
Selon la soeur de Maureen, la jeune femme de 28 ans était parfois enfermée une semaine par son compagnon pour l’empêcher d’aller à son travail. Il lui interdisait aussi de se nourrir.
Le 7 décembre 2019, Maureen est retrouvée en train de marcher nue sur la route en pleine nuit, le crâne en sang. « Quand je l’ai vue, j’ai pleuré. Elle avait une partie des cheveux rasés avec une blessure à la tête. J’ai dit à ma soeur de le quitter » raconte à la barre la soeur de Maureen.
Deux mois plus tard elle décède des coups de son compagnon.
 

Une ex-compagne a perdu un enfant sous les coups 

Au procès, l’homme est un peu plus bavard qu’hier, mais seulement pour se défendre, notamment sur le récit de sa première ex-compagne sur la perte de leur deuxième enfant. A son huitième mois de grossesse, il lui porte des coups au ventre. Elle tombe alors sur le ventre. Evacuée en urgence, elle accouche d’un garçon mort-né. A l’époque, les médecins ne font pas le lien, la mère n’avait alors jamais parlé des violences subies. L’enfant sera enterré sur la propriété de l’accusé. Selon la soeur de Maureen, celle-ci lui avait fait des confidences : son compagnon l’avait menacée de la tuer et de l’enterrer à côté de la tombe de cet enfant. 
Quels que soient les témoignages, l’accusé est décrit comme quelqu’un de jaloux, de violent et d’incontrôlable. Par deux fois, il va même pointer son fusil sur le front d’une compagne parce que celle-ci était partie se baigner à la rivière.
 

Une requalification qui fait débat

La matinée de ce mardi s’est clôturée avec la plaidoirie des parties civiles. Me Boniface, son représentant, déplore la requalification des faits en coups mortels aggravés pour lesquels il encourt 20 ans de réclusion criminelle au lieu de meurtre et une peine possible de 30 ans. Pour l’avocat, c’est un « acte manqué » du juge d’instruction. Les violences subies par Maureen le soir de sa mort et les menaces appuient la thèse du meurtre et non les coups et blessures sans intention de donner la mort. « Il tue Maureen deux fois, une fois avec les coups, et une seconde fois en s’abstenant d’appeler les secours tout de suite » poursuit l’avocat qui a demandé une lourde peine pour « envoyer un signal aux hommes qui battent leur femme et pour que la mort de Maureen ne soit pas vaine ».
 

Vingt ans de réclusion

Cet après-midi, l’avocat général a requis vingt ans de réclusion criminelle avec une période de sûreté des deux tiers, Il demande aussi un suivi socio-judiciaire de 10 ans, l’interdiction de détenir une arme et le retrait de l'autorité parentale car il a battu une de ses compagnes devant leur enfant.
 
 

Une « amnésie défensive »

Après le long rappel des faits lundi matin, la séance de l'après-midi a surtout été marquée par le mutisme de l'accusé et de sa mémoire qui fait défaut. 
L'expert psychiatre, le Dr Lehericy parle d'ailleurs d'un « flou amnésique défensif ». A l'audience, il faut insister pour que le mis en cause de 38 ans parle. C'est d'ailleurs toujours dos à la salle qu'il s'exprime, pas une seule fois il ne jettera un regard vers la famille de Maureen. 
Malgré les médicaments prescrits par le médecin pour le détendre, l'homme est trahi à la barre par ses tremblements qui dévoilent son stress. 
Dans son analyse, l'expert psychiatre souligne à l'audience que l'accusé ne sait pas faire le lien entre ses coups portés à sa campagne à 19 h et la découverte de son décès à 1 h du matin. Au moment des faits, pour lui, c'est l'accident de voiture qui en est la cause.
 

La famille attend des réponses

Dans cette « amnésie défensive », s'il se rappelle de faits de violences dont il se dit victime par son frère en 2014, ceux concernant Maureen l'an dernier deviennent flous. « Je ne sais pas » ou « je ne m'en souviens plus » ont souvent été ses réponses face à la cour. 
Une attitude qui déçoit énormément la famille de Maureen, venue nombreuse assister au procès. 
Tous venaient dans l'espoir d'entendre l’accusé s'expliquer sur ce qui s'est passé et leur permettre de faire leur deuil. Pour ce deuxième jour, ils espèraient qu'il serait plus bavard. 
La famille a tenu ce mardi à manifester devant le tribunal avec des banderoles réclamant la justice pour Maureen.