Les principaux auteurs présumés des deux meurtres qui ont eu lieu à Yaté ce week-end ont été placés sous contrôle judiciaire pour homicide et violence volontaire, ce mardi 20 février. Il s'agit de deux hommes de 64 et 38 ans. Ils faisaient partie des huit personnes interpellées après la terrible nuit du drame. Ces deux hommes ont également l'interdiction de se rendre à Yaté.
Détail de cette soirée
Les investigations se poursuivent sous l’autorité du juge d’instruction, a indiqué le procureur de la République dans un communiqué, ce mardi 20 février. Les six autres personnes sont placées en garde à vue ont été remises en liberté. "À ce stade de l’enquête, les investigations diligentées n’ont pas permis d’identifier les auteurs des tirs lors de ces premiers faits [le premier tir mortel] ", explique Yves Dupas, le procureur de la République. Il revient également sur le détail des faits qui se sont déroulés sur la première scène de crime : " À l’issue d’un échange d’insultes, des personnes qui revenaient de la fête de l’igname, ont pénétré dans une propriété. Lors de cette fusillade croisée qui a duré entre 20 à 30 minutes, un homme a été mortellement touché, et deux individus ont été blessés."
Concernant le deuxième tir mortel, "lors de leurs auditions en garde à vue, les deux auteurs présumés ont contesté leur implication dans l’homicide volontaire comme dans les violences avec arme." Cette deuxième scène de crime s'est déroulée ainsi : "des personnes, alertées par les premières violences, ont décidé de protéger l’accès à leur propriété . Un homme, en possession d’un sabre d’abattis, a pénétré dans la propriété concernée. De nouveau, des échanges de coup de feu ont eu lieu et l’homme, qui avait dégradé un véhicule des résidents avec son sabre, a été mortellement atteint. Trois blessés ont été évacués vers le dispensaire". À savoir que l’une des victimes a été admise en réanimation et reste hospitalisée à ce jour avec un pronostic vital non engagé.
Pour rappel, samedi soir, à Touaourou, les habitants marquaient la fin de la fête de l’igname. C'est là que la soirée a pris une tournure irrémédiable. Jusqu'à jeudi matin, un couvre-feu est instauré à Touaourou de 18 heures à 6 heures.
Origine du conflit
Le conflit, qui a plongé Yaté dans le deuil, court depuis plus d’un an et aurait une origine foncière. Le 22 novembre 2022, des blocages et des heurts impliquaient jusqu’à une centaine de personnes, comme le rappelle l’arrêté de couvre-feu. Ils ont fait deux blessés graves et entraîné des coups de feu.
Le 28 décembre 2022, c’était des dégradations, une voiture brûlée et “une personne gravement blessée au bras par un véhicule qui l’aurait percutée”. On peut encore citer les violences physiques de janvier et février 2024. L’arrêté sur l’alcool et les armes mentionne un tir dans la nuit du 14 au 15 février, qui a conduit à évacuer une victime au Médipôle.
Dans le cadre de ce conflit, une mise en demeure d’expulsion coutumière a été prononcée par le président du conseil des chefs de clans. Celui-ci s’était aussi montré défavorable au maintien de la fête de l’igname. Au fil des semaines, différents événements avaient ainsi été annulés en raison du contexte jugé explosif. Un contexte qui a vu intervenir des autorités coutumières, administratives et institutionnelles.
Le Sénat coutumier appelle au calme
Dans un communiqué, le Séant coutumier, lance "un appel solennel à toutes les familles, les clans et les tribus de la commune de Yaté, les invitant à faire preuve de calme, de retenue et à privilégier le dialogue selon les traditions coutumières." L'autorité appelle également "le peuple kanak dans son ensemble, ainsi que les autorités coutumières, à soutenir et à accompagner les clans et les familles de Yaté sur le chemin de la réconciliation. En ces temps difficiles, il est essentiel que nous nous tournions vers nos valeurs traditionnelles de solidarité, de respect et de pacification pour guider nos actions."