L'enquête a livré ses conclusions sur les raisons qui ont conduit le Kea Trader à s'encastrer dans un récif de Nouvelle-Calédonie. Le rapport rendu depuis Malte, port d'attache du navire, privilégie la piste de la défaillance humaine.
•
Depuis l’échouement du Kea Trader, dans la nuit du 11 au 12 juillet 2017, une question restait sans réponse: comment un navire flambant neuf, commandé par un capitaine expérimenté, a-t-il pu s'encastrer sur un récif que toutes les cartes maritimes indiquent?
Le reportage de Coralie Cochin.
1. un mauvais paramétrage du système de navigation numérique;
2. un manque de vigilance du capitaine d’origine croate et de son équipage philippin;
3. un système d’alarmes sonores qui avait été volontairement désactivé, pour éviter de perturber la navigation avec des déclenchements intempestifs dûs à un système de navigation trop pointu.
L'enquête revient au pays du pavillon
Les éléments de réponse sont venus de Malte. Le porte-conteneurs battait pavillon maltais et selon les règles de l’Organisation maritime internationale, la mission d'investiguer revient au pays auquel le bateau est rattaché. Et ce, dans un délai maximum d’un an à compter de la date de l’accident.Le reportage de Coralie Cochin.
Ce que pointe le rapport
Comme le pressentaient nombre d’experts locaux, les conclusions de l'enquête convergent vers une succession d’erreurs humaines. La panne technique ou les conditions météorologiques sont écartées. Dans le rapport final, les enquêteurs pointent notamment :1. un mauvais paramétrage du système de navigation numérique;
2. un manque de vigilance du capitaine d’origine croate et de son équipage philippin;
3. un système d’alarmes sonores qui avait été volontairement désactivé, pour éviter de perturber la navigation avec des déclenchements intempestifs dûs à un système de navigation trop pointu.
Plusieurs alertes
Car plusieurs indicateurs auraient dû signaler le danger. Le 11 juillet, 23 heures avant l’échouement, un message d’alerte est activé. Il annonce une zone de danger, mais n’est pas pris en compte. Quelques minutes avant la collision, le système de navigation signale encore, à deux reprises, la proximité d’un obstacle. Sans réaction de la part du second, qui est alors l’officier de quart. A minuit 54, le Kea Trader vient s’encastrer dans le récif Durand en prenant tout le monde de court.«Les avantages de la technologie sont devenus un fardeau, ce qui entrave l'utilisation judicieuse de l'équipement.»
Pas assez familiarisés avec l'outil
Au-delà des réponses qu’il apporte sur les circonstances de l'accident, ce rapport maltais interpelle sur la confiance sans doute trop importante que les équipages accordent au système de navigation entièrement informatisé. «Les avantages de la technologie sont devenus un fardeau, ce qui entrave l'utilisation judicieuse de l'équipement», est-il écrit au fil des pages. Dans le cas précis du Kea Trader, les hommes n’étaient visiblement pas assez familiarisés avec l’outil technologique.Final safety investigation report (Transport Malta) by Nouvelle-Calédonie La première on Scribd