"Je ne suis mandaté par personne en venant ici. Je suis venu car j’aime la Nouvelle-Calédonie et j’essaie de comprendre ce qui s’y passe. J’ai envie de participer à la création de son avenir." C'est ainsi qu'Edouard Philippe justifie sa visite sur le Caillou lors de son interview au journal télévisé de NC la 1ère, le mardi 26 mars. Depuis jeudi, il rencontre les acteurs économiques et politiques des trois provinces. La dernière fois qu’il est venu en Nouvelle-Calédonie, il y a six ans, Edouard Philippe était Premier ministre. Il se prépare désormais à la présidentielle en sillonnant le pays.
Au tout début de son séjour, il a rencontré le collectif Agissons solidaires, qui protestait contre le retrait de la taxe carburant."Je comprends que dans ce contexte économique difficile, les décisions fiscales peuvent être contestées", indique le maire du Havre.
Une réalité économique peu connue à Paris
"Je retiens de ce déplacement, la chaleur de l’accueil, j’en suis très touché", lance-t-il. Il a rencontré de nombreux responsables politiques mais aussi des acteurs économiques, des maires, etc. Pour lui, la réalité économique du pays n'est pas assez connue par les responsables politiques nationaux. "À Paris, quand on parle de Nouvelle-Calédonie, on s’intéresse aux questions institutionnelles et au nickel", commente le maire du Havre. "Je ne suis pas certain que les difficultés actuelles, les grandes inquiétudes exprimées par les chefs d’entreprise sur l’avenir ou les décisions d’investissement soient traitées à leur juste mesure."
Une tension politique "réelle"
À la question de savoir s'il pouvait être l'homme providentiel pour la continuité des discussions sur l'avenir institutionnel, Edouard Philippe répond : "Je ne crois pas être la personne indispensable. Quand on essaie d’intervenir sur une question aussi sensible que la Nouvelle-Calédonie, on l’aborde avec un peu d’humilité." Mais d'ajouter : "La tension politique est réelle". "Je crois à l'avenir du territoire par le dialogue."
Concernant le dégel du corps électoral, "l’essentiel pour l’Etat est de mettre les partis indépendantistes et non-indépendantistes dans leur diversité en position de signer et de convenir d’un accord. Je pense que c’est possible." A noter qu'Edouard Philippe s'exprimait avant le vote des sénateurs dans la nuit de mardi à mercredi (heure de Nouvelle-Calédonie). Pour lui, l'urgence de trouver un accord est bien réelle, notamment à cause de la situation économique. "Il faut laisser du temps, se parler, comprendre, mais c’est difficile d’en laisser trop. Souvent en Nouvelle-Calédonie, parce qu’on avait du temps, on a discuté au dernier moment.
Il y a une tension qui est en train de se créer et elle est dangereuse pour la Nouvelle Calédonie.
Edouard Philippe, ancien premier Ministre
Le pacte nickel : "essentiel pour l’avenir de la Nouvelle-Calédonie"
" Ce n'est pas à moi de dire s’il faut signer ou pas le pacte nickel mais il est essentiel pour l’avenir de la Nouvelle-Calédonie, de la France. Je vois bien que les difficultés sont de plus en plus grandes pour les usines de nickel et cela fait courir un risque évident pour le pays", lance l'ancien Premier ministre. Pour lui, il n'y a pas que "le nickel pour l’avenir économique de la Nouvelle-Calédonie, il y a aussi le tourisme, l'agriculture..."
"J’ai un regret, conclut Edouard Philippe : quand j’étais Premier ministre, je me suis beaucoup occupé de l’avenir institutionnel, de l’avenir du nickel mais pas suffisamment des autres dossiers et je pense qu’il ne faut pas reproduire cette erreur !"