Emmanuel Macron au Vanuatu : la stratégie indopacifique au cœur de son discours

Le discours d'Emmanuel Macron au Vanuatu.
C'est le premier président de la République qui vient au Vanuatu. Dans son discours prononcé à Port-Vila, Emmanuel Macron réaffirme la position de la France dans l'Océanie, en évoquant les partenariats qu'il souhaite mettre en place pour une stratégie indopacifique. Il évoque notamment le climat, les relations commerciales, la présence militaire ou encore la francophonie.

Le dernier chef de l'Etat français à avoir foulé le sol du Vanuatu était le général de Gaulle, en 1966. Il était alors venu, aux Nouvelles-Hébrides, rendre hommage à ceux qui avaient combattu pendant la Première et la Seconde Guerre mondiale. Ce jeudi matin, Emmanuel Macron faisait face à un chef coutumier qui se souvenait de son père ayant fait la coutume avec Charles de Gaulle.

C'est avec ce moment historique qu'il commence son discours à Port-Vila. Il réaffirme ainsi sa "présence renouvelée en Océanie": "la France est une puissance indopacifique et nous reconnaissons l'importance de ce territoire! "

La coutume avec le chef de l'Etat au Vanuatu.
L'ancien premier ministre, Maxime Carlot Korman, qui se souvient du dépôt de gerbe avec le général de Gaulle.

Une stratégie "respectueuse"

Le chef de l'Etat vise à positionner la France comme "puissance d'équilibre", pour proposer "une alternative" face à l'influence de la Chine. "L'Indopacifique tout particulièrement a une souveraineté bousculée par le monde contemporain", explique-t-il. Il détaille : la prédation des grandes puissances, les navires étrangers qui pêchent de manière illégale dans une [zone économique exclusive] (...) des pratiques commerciales de plus en plus detournées de leur fondement, des ingérences qui se multiplient, de nouveaux impérialismes qui apparaissent et une logique de puissance qui vient menacer la souveraineté de nombreux Etats." 

Comme dans son discours aux Calédoniens, il revient aussi sur les conséquences directes du changement climatique : "le trait de côte recule et les cyclones se multiplient".  Et d'ajouter une nouvelle fois : "c'est pourquoi notre stratégie consiste à défendre par ses partenariats l'indépendance et la souveraineté de la région." 

Emmanuel Macron reconnaît le passé colonial au Vanuatu et indique qu'aujourd'hui, cette stratégie est "respectueuse de l'histoire des peuples autochtones, respectueuse des cultures, des collectivités mais elle assume complètement la force et l'ambition qu'elle veut porter."

Les amoureux de la francophonie pour qui cette visite est importante.

 

Réengagement diplomatique et militaire

"Cette stratégie indopacifique repose sur notre réengagement diplomatique et militaire", répète avec conviction le chef de l'Etat, qui souhaite consolider cette alliance par des "missions communes".  Et de détailler l'arrivée du dernier patrouilleur Bénébig, la mission Pégase 2023, les actions renforcées de lutte contre la pêche illégale. Il rappelle que la formation à l'Académie du Pacifique (une académie militaire qui devrait être mis en place en Nouvelle-Calédonie et annoncé lors du discours mercredi) fera partie de l'offre de coopération proposée par la France.  

Dans son discours, il répète le mot "partenariat" : partenariat diplomatique, partenariat de développement... et indique vouloir porter un changement "profond de philosophie à appliquer dans la région."

Le climat, un pilier

"Le climat est un pilier de la stratégie indopacifique", continue le président de la République. Il réaffirme que la France va investir dans des moyens de recherche et d'action au Vanuatu comme une "manière de tresser les savoirs qui existent dans les peuples autochtones et la science que nous apportons." Pour rappel, le Premier ministre du Vanuatu Ishmael Kalsakau avait demandé, devant l'ONU, aux dirigeants du monde de "réagir, et vite", contre le changement climatique pour éviter "l'Apocalypse". Il avait alors réussi à faire adopter une résolution par l'Assemblée générale des Nations unies, demandant l'avis de la Cour internationale de justice sur les obligations climatiques des Etats.

Appel d'Ifira

Emmanuel Macron et le Vanuatu lancent donc un appel commun pour "une action immédiate face au changement climatique", illustration de la diplomatie environnementale que le président français veut renforcer dans cette région. Dans cet "appel d'Ifira", du nom d'un îlot face à Port-Vila, la capitale vanuataise, les deux pays demandent à tous les acteurs mondiaux d'"accroître considérablement les ressources mobilisées en faveur des pays et des communautés vulnérables". Ils plaident pour une accélération de "la transition énergétique à l'échelle mondiale en abandonnant progressivement les énergies fossiles". Et se disent "favorables à une réforme ambitieuse de l'architecture financière internationale qui prenne en compte les vulnérabilités face aux changements climatiques", un projet défendu par le chef de l'Etat français lors d'un sommet organisé en juin à Paris.

Le président de la République revient aussi sur "l'élévation du niveau des mers" qui menace des îles de la région. Parmi les "priorités" évoquées, figure encore "la protection de la biodiversité marine, notamment s'agissant des grands fonds marins" dont il veut bannir totalement "l'exploitation".

Il évoque également l'intensification des échanges internationaux, notamment lors de la réactivité de la France pendant les cyclones. Et d'indiquer enfin : "nous soutenons le gouvernement de Nouvelle-Calédonie dans un accord de commerce pour renforcer les liens entre les commerces de la region.

Les drapeaux du Vanuatu et de la France pour l'arrivée d'Emmanuel Macron

Programme Erasmus du Pacifique

Emmanuel Macron souhaite renforcer les échanges humains, culturels et scientifiques dans la région avec un "programme Erasmus du Pacifique" . "La France veut bâtir un programme océanien de circulation des étudiants pour permettre des années d'échange entre les étudiants de la région". Il souligne que le Vanuatu est "le seul Etat indépendant francophone", l'une des trois langues officielles du Vanuatu avec l'anglais et le Bislama . "Ce lien n'est pas qu'un lien du passé, c'est un lien d'avenir basé sur les échanges régionaux." Le Français qui vous permet aussi d'échanger, la francophonie est une chance, la francophonie n'appartient pas à la France." En 2024, se tiendra le sommet de la francophonie, à Paris, qui permettra de réaffirmer "l'ambition indopacifique, l'ambition océanienne".

Pour finir, le chef de l'Etat annonce l'ouverture d'une nouvelle ambassade à Samoa, la première en Polynésie.

Des Vanuatais venus assister au discours.

Retour sur la visite d'Emmanuel Macron par Laurence Theatin et Mourad Bouretima

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