Emploi : le recensement 2019 résumé en six chiffres

En 2019, plus de la moitié des personnes ayant un emploi sont employés ou ouvriers.

Des emplois en légère baisse et plus précaires, des écarts entre communautés qui perdurent… Voici ce qu’il faut retenir des résultats du recensement 2019.

L'Institut de la statistique et des études économiques (Isee) continue de dévoiler par thématiques les chiffres du recensement, mené du 10 septembre au 7 octobre 2019. L'institution est revenue, mercredi 5 mai, dans le détail sur les dernières données en matière d'emploi. NC la 1ère décrypte cette étude en six chiffres marquants.

  • 700 emplois en moins sur le marché du travail

Entre 2014 et 2019, la Nouvelle-Calédonie a perdu 700 emplois, quand elle en avait créé 15 000 entre 2009 et 2014. Il s’agit d’une "conséquence directe du ralentissement économique que subit la Calédonie depuis 2012", explique Olivier Fagnot, le directeur de l’Isee. C’est en province Nord que l’emploi a le plus reculé. "Pour la première fois depuis les accords de Matignon en 1988, la population active occupée diminue", signale l’Institut de la statistique et des études économiques. En 2019, 53 000 personnes se sont déclarées inactives, soit 3,2% de plus qu’en 2014. 

  • Un actif sur cinq est en emploi précaire

Autre effet de ce contexte économique au ralenti : le temps partiel et les contrats précaires sont en très nette hausse. Le nombre de CDI a baissé de 74 000 en 2014 à 68 000 en 2019, quand celui des CDD est passé de 18 400 à 23 300 sur la même période. Ces emplois précaires représentent 21% du total des emplois occupés, contre 11% en France.

Les Kanak sont les premiers concernés par ces emplois précaires : 29% contre 17% pour les non Kanak. Quant aux emplois à temps partiel, ils sont passés de 10 400 à 15 000 en cinq ans. "Un Kanak sur cinq est à temps partiel, contre un non Kanak sur dix", pointe le rapport de l’Isee. Enfin, les emplois saisonniers ou intermittents sont à la hausse, eux aussi, passant de 7 000 à 10 000 entre 2014 et 2019. Ils concernent essentiellement le secteur agricole.

  • 70% d’emploi local 

"Pour la première fois depuis au moins trente ans, la part des emplois occupés par des natifs a progressé", relève l’Isee. Elle est passée de 65% en 1989 à 70% en 2019, avec 77 000 personnes au total, alors qu’elle était figée à 65% à tous les recensements depuis 1989. 

Explications avancées par l’Isee : la loi sur la protection de l’emploi local de 2010 mais aussi un solde migratoire de près de 10 000 personnes, au dernier recensement, dont une majorité de non natif. Néanmoins, de fortes disparités demeurent entre communautés. Moins d’un Kanak sur deux a un emploi. Les personnes vivant en tribu sont les plus touchées.

  • Deux chômeurs sur trois sont Kanak  

En 2019, 110 000 personnes en âge de travailler ont un emploi et 20 000 sont au chômage. Le taux de chômage s’établit à 15,3%, soit 3,2% de plus qu’au précédent recensement en 2014. C’est légèrement plus qu’en Métropole (13,5%) mais "deux fois plus faible que dans l’outre-mer français", compare l’institut. Alors que le chômage stagne dans le Sud et les Iles, il progresse en province Nord (27% contre 24% en 2014). "Il dépasse 50% à Belep et 40% à Ponérihouen et Pouébo", détaille l’Isee. Plus de deux tiers des chômeurs sont Kanak. Dans le détail, le taux de chômage est de 5,3% parmi les non natifs, de 9,9% parmi les non Kanak et de 26,7% chez les Kanak. 

"L'absence de qualification est le principal facteur d’exposition au chômage", indique l’institut. En Calédonie, près d’un tiers des 25-64 ans n’a aucun diplôme. Chez les jeunes de 24 à 34 ans, seuls 28% ont un diplôme de l’enseignement supérieur, contre 48% en Métropole.

Malgré trente ans de politiques de rééquilibrage, l'Isee relève toujours des écarts importants en matière de diplômes : seuls 16% des natifs ont un diplôme de l’enseignement supérieur, contre un non natif sur deux. "Dans la communauté Kanak, seuls 8% sont diplômés de l’enseignement supérieur et c’est en tribu que le taux est le plus faible (5%)", précise Olivier Fagnot. 

  • Plus de la moitié des cadres n’est pas née en Calédonie 

Sur le Caillou, les CSP+ (catégorie socioprofessionnelle regroupant les cadres, les chefs d’entreprises, les professions libérales…) représentent 34% des emplois contre 45% en Métropole. Les jeunes de moins de 30 ans ont un poids croissant dans ces catégories. Pour 100 jeunes non natifs hautement diplômés récemment arrivés sur le territoire, 84 occupent un poste de CSP+. C’est 13 points de plus que les non natifs arrivés avant 2014 et c’est 19 points de plus que les natifs. "Il y a des compétences qui arrivent de l’extérieur qu’on n’a pas en local, et qui expliquent que ces jeunes arrivent et s’insèrent très largement sur le marché du travail", observe le directeur de l'Isee. 

En trente ans, le nombre de cadres kanak a été multiplié par dix : 140 en 1989 contre 1 400 aujourd’hui. Mais ils restent sous-représentés avec seulement un poste occupé sur dix. 

Les Kanak exercent nettement plus dans le secteur public que dans le privé et sont quasi inexistants dans les professions libérales.

Olivier Fagnot, directeur de l'Isee

 

  • Les femmes deux fois plus touchées par le temps partiel 

Les femmes sont de plus en plus présentes sur le marché du travail en Calédonie, quelles que soient leurs communautés. Elles occupent 47% des emplois, contre 37% il y a trente ans. L’écart avec les hommes est quasi identique à celui de la Métropole (7 points). 

Les femmes sont aujourd’hui plus diplômées que les hommes : 34% ont un diplôme de l’enseignement supérieur contre 28% des hommes. Et pourtant, elles occupent des emplois plus précaires. Deux femmes sur dix sont à temps partiel, contre un homme sur dix. Or, contrairement aux idées reçues, cette situation est subie dans les deux tiers des cas. Les explications d’Olivier Fagnot.   

ITW Olivier Fagnot

 

L'intégralité du rapport de l'Isee est à retrouver ici.