Malgré un nickel australien de qualité, des mines et usines ferment successivement en Australie-Occidentale. Tout comme la Nouvelle-Calédonie, l’Australie ne fait pas le poids face aux faibles coûts de production et de main d’oeuvre de ses concurrents étrangers, au premier rang duquel figure l’Indonésie, premier producteur, avec près de 40 % de la fabrication mondiale.
Des milliers d'emplois sur la sellette
Face à l’accroissement de l’offre indonésienne, les cours du nickel ont décroché en 2023 et fait chuter les prix mondiaux de près de 40 %. Et à l’image des trois usines métallurgiques calédoniennes, les actionnaires ne veulent plus ou ne peuvent plus injecter de l’argent dans l’outil de production.
Certains sites ont ainsi dû réduire leurs capacités ou pire, mettre la clé sous la porte. Le secteur fait face à de nombreuses suppressions d’emplois. Plus de 10 000 postes seraient menacés.
BHP déprécie ses actifs
Cette baisse prolongée des prix du nickel a poussé certains groupes à déprécier la valeur de leurs actifs. Le géant minier BHP a ainsi annoncé le 15 février qu'il allait réduire de 2,3 milliards de dollars la valeur de ses actifs liés au nickel en Australie-Occidentale. Le groupe anglo-australien a invoqué les "conditions actuelles du marché", dans une communication à la bourse australienne. "L'industrie du nickel est confrontée à des défis et les prix ont fortement chuté", a déclaré BHP dans un communiqué.
"L'offre de nickel en provenance d'Indonésie a considérablement augmenté et le London Metals Exchange (principale Bourse des métaux non ferreux, ndlr) a commencé à accepter des produits du nickel d'origine indonésienne". "Ces conditions d'exploitation défavorables devraient perdurer pendant une longue période", a ajouté la société.
Le groupe suisse Glencore, rival de BHP, a récemment annoncé qu'il envisageait de se débarrasser de sa participation dans l'usine de production de ferronickel de Koniambo Nickel SAS (KNS) en Nouvelle-Calédonie, en raison d'importantes pertes.
Cinquième producteur au monde
Pourtant l’enjeu est de taille. L’Australie est le 5ème producteur mondial de nickel. Le pays vient de classer le nickel comme "minérai critique", de quoi ouvrir la voie à une aide gouvernementale de plusieurs milliards de dollars pour cette industrie en crise. L'Australie-Occidentale a annoncé également qu'elle offrirait un allègement des redevances aux producteurs de nickel en difficulté, avec pour objectif de soutenir la filière en crise.
"Le prix international du nickel devrait rester relativement bas jusqu'en 2024, et probablement pendant plusieurs années encore, jusqu'à ce que l'excédent de nickel sur le marché soit corrigé", a déclaré Madeleine King, la ministre des ressources, dans un communiqué.
Des investissement chinois massifs
Le nickel est essentiel à la fabrication de l'acier inoxydable et des batteries de voitures électriques, très demandées pour la transition énergétique.
Mais ce marché a été chahuté par une forte hausse des exportations indonésiennes, à la suite d'investissements chinois massifs dans le secteur et à une révolution dans les techniques de raffinage qui ont permis d'utiliser du nickel de moindre qualité pour la fabrication de batteries.