En Nouvelle-Calédonie, 119 baleines ont été observées pendant la saison 2024

Les baleines observées dans les eaux calédoniennes cette année.
119 baleines observées, soit une soixantaine de groupes. Et 36 nouveaux spécimens recensés. Ce sont les résultats de la saison d’observation des baleines, menée dans les eaux calédoniennes. Elle s’est clôturée en septembre dernier et selon les chercheurs de l’IRD, la population se porte plutôt bien.

Elle a réuni cette année, une dizaine de chercheurs de l’Institut de recherche pour le développement et de spécialistes de l’association Opération cétacés. La saison d’observation des baleines, réalisée depuis trente ans dans les eaux calédoniennes, se déroule du mois de juillet au mois de septembre.

Pour cette saison 2024, une soixantaine de groupes de baleines à bosse ont été observés. Ce qui correspond à 119 spécimens. Au total, 54 individus ont été identifiés, dont 18 déjà connus, sur la base de leur queue ou de leur nageoire dorsale”, détaille Solène Dervilles, chargée de recherches à l’IRD.

36 nouvelles baleines observées

Des spécimens observés plusieurs fois, dans les mêmes zones. “On a vu un nombre de baleines relativement habituel. Ce sont les mêmes spécimens que l’on revoyait plusieurs fois, dans les mêmes endroits”, poursuit la chercheuse.

30% des baleines recensées étaient déjà connues des spécialistes et 60% de nouvelles baleines ont été dénombrées, soit 36 spécimens. Un signal constant dans nos eaux ces dernières années. “Ce qui montre que la population augmente, lentement, mais sûrement. On peut dire que la population en Nouvelle-Calédonie se porte plutôt bien”, assure Solène Dervilles.

Seule donnée différente cette année : le nombre de baleines vues dans le lagon sud-ouest. Et pour cause : cette année sera difficilement comparable aux précédentes, “parce que nous, on a mené nos recherches dans des zones différentes. La saison a été atypique, par le nombre de baleines observées autour de Nouméa. Mais le nombre total d’individus observés, était en revanche normal”.

Une campagne menée malgré les émeutes

La campagne d’observation a pu se dérouler, malgré les émeutes et la crise qui touche le territoire depuis le 13 mai dernier. Mais le contexte a affecté les recherches. “En juillet, on ne savait pas si on allait pouvoir suivre les baleines cette année. Au final, ça s’est bien passé. En juillet, on a beaucoup travaillé au départ de Nouméa et en août, on s’est dirigés plutôt vers la corne Sud. On a pu explorer des zones dans lesquelles on allait moins souvent par le passé et on y a trouvé des baleines”, indique la chargée de recherches à l’IRD.

L’organisation, elle aussi, a dû être différente avec moins de jours en mer. “On a passé 27 jours en mer, ce qui est déjà pas mal. Mais c’est moins important que les années précédentes”, poursuit la spécialiste.

Suivi à l’aide de drones

Cette année est également la première, pendant laquelle le suivi s’est effectué à l’aide de drones. “Le drone apporte une vision totalement différente, sur le comportement des animaux. Le fait de les voir par les airs, plutôt que depuis un bateau, ça nous permet d’observer les interactions entre individus d’une façon exceptionnelle”, indique Solène Dervilles.

Douze vols ont été réalisés au total, pour cette saison de test. “L’objectif de cette prise d’images, ça va aussi être de pouvoir mesurer les animaux, ce qu’on ne pouvait pas du tout faire par le passé. On va pouvoir dire si les baleines ont une croissance plus ou moins importante. Et comparer dans les années futures”. L’occasion de collecter de nouveaux paramètres, dans le suivi de la population sur le territoire.

D’anciennes baleines toujours au rendez-vous

Cette année, un spécimen particulièrement ancien a pu être observé dans nos eaux. Cette baleine est nommée Aussie, “parce qu’elle vient d’Australie. Et c’est la baleine HNC002. C’est la deuxième baleine dont la nageoire caudale a été cataloguée en Nouvelle-Calédonie. Elle est connue dans nos eaux depuis 1993 et c’était déjà une adulte à l’époque. Donc elle est extrêmement vieille”, raconte la spécialiste.

Participation au projet sentinelle

En 2024, les chercheurs de l'IRD continuent également leur participation au projet collaboratif Sentinelle. Il est mené par une chercheuse, à la Griffith University, en Australie. Et réunit des équipes de recherche, dans toute l’hémisphère sud. “Ces équipes vont collecter des échantillons de peaux et de gras, sur les baleines à bosse qui viennent se reproduire dans leurs eaux. Ces baleines arrivent toutes de l’Antarctique. Dans ces échantillons, on va pouvoir faire tout un tas d’analyses, qui vont pouvoir nous donner des indications sur les conditions en Antarctique”, explique la chargée de recherches à l’IRD.

L’occasion d’évaluer l’étendue et l’impact du changement climatique, “avec l’analyse de paramètres génétiques, isotopiques ou encore de polluants”.