Fidji : le résultat des élections législatives contesté

Sitiveni Rabuka (à droite), ancien chef du gouvernement, devrait prochainement remplacer Frank Bainimarama (à gauche) au poste de Premier ministre de Fidji
À la suite des élections législatives qui ont eu lieu le 14 décembre à Fidji, Sitiveni Rabuka, ancien chef du gouvernement, devait prochainement remplacer Frank Bainimarama au poste de Premier ministre de Fidji. Mais le parti de ce dernier ne reconnait pas sa défaite et entend  maintenir son candidat au pouvoir.

Le parti du Premier ministre fidjien sortant, Frank Bainimarama, a contesté, ce mercredi, sa défaite aux élections législatives et annoncé qu'il se battrait pour maintenir son candidat au pouvoir. Le gouvernement est sorti du silence pour la première fois depuis le 14 décembre, affirmant que l'accord ayant permis aux partis d'opposition de l'emporter était illégitime.

L'adversaire de Frank Bainimarama, Sitiveni "Rambo" Rabuka, ancien rugbyman international puis double-pustchiste, a conclu un accord mardi avec le parti social-démocrate pour constituer une majorité au Parlement. L'ex-chef du gouvernement devrait donc revenir prochainement à la tête des Fidji et a promis de rénover la démocratie de ce petit État du Pacifique.

"Ils créent du désordre"

Mais tous ne l’entendent pas de cette oreille. "Le Premier ministre Josaia Voreqe (Frank) Bainimarama est toujours Premier ministre, comprenez-le bien", a rétorqué le secrétaire général du parti Fiji First, Aiyaz Sayed-Khaiyum, également procureur général des îles Fidji. Ce dernier a jugé l'alliance d'opposition "légalement immatérielle" et insisté sur le fait que le Parlement devrait voter pour élire le Premier ministre.

Le gouvernement en place a bien reconnu que les deux candidats étaient au coude-à-coude, tout en décrivant les efforts de l'opposition pour prendre le pouvoir comme des tentatives de "semer le trouble".

"Ils créent du désordre dans la communauté, leur intention n'est pas noble, leur intention n'est pas d'apporter de la stabilité", a poursuivi M. Sayed-Khaiyum, affirmant que M. Rabuka ne "peut pas devenir Premier ministre".

Des jets de pierre 

Le secrétaire général du parti de Frank Bainimarama a annoncé que le gouvernement tenterait de défaire l'accord conclu par la coalition et de former sa propre majorité avec le parti social-démocrate. De nouvelles élections pourraient être nécessaires, selon lui.

Il a également affirmé que "le niveau de racisme dans ce pays a(vait) augmenté" depuis mardi, avec le risque de violences inter-communautaires à l'encontre de la minorité indo-fidjienne, qui supporte plutôt Frank Bainimarama. "Avez-vous remarqué l'environnement toxique qui a été créé depuis hier sur les réseaux sociaux ?", a-t-il demandé.

Plus tôt mercredi, un commandant de police nommé par le gouvernement s'est dit préoccupé par des "jets de pierres" et des violences visant cette minorité. L'institution a, par la suite, reconnu que ces éventuels incidents n'avaient pas fait l'objet d'une enquête. Aucun mouvement généralisé n'a eu lieu depuis l'élection.

Quatre coups d'État en 35 ans 

Le ministre néo-zélandais des Affaires étrangères Nanaia Mahuta a, de son côté, envoyé ses "félicitations" à Sitiveni Rabuka pour avoir formé une coalition capable de gouverner, un message critiqué par le camp du Premier ministre sortant. Avant de modérer cette déclaration en disant qu'il fallait attendre d'y voir plus clair dans le résultat de cette élection.

L'actuel Premier ministre, Frank Bainimarama, arrivé au pouvoir après un putsch en 2006, mais élu deux fois par la suite, n'a pas fait de déclaration publique depuis qu'il a voté. Il avait auparavant juré qu'il respecterait le résultat de l'élection aux Fidji, un pays secoué par quatre coups d'État en 35 ans.

L'homme de 68 ans a dirigé les Fidji pendant près de deux décennies. La conclusion d'un accord dans l'opposition pour l'évincer du pouvoir avait suscité des scènes de joie dans la capitale, Suva. Pour autant, le gouvernement de Frank Bainimarama, qui n'est pas considéré comme un autocrate notoire, a régulièrement utilisé le système juridique fidjien pour écarter des opposants, faire taire les critiques et museler les médias.