Hnadrune Yeiwéné, veuve de Yeiwéné Yeiwéné, est morte ce vendredi. Après l'assassinat de son mari, le 4 mai 1989, Hnadrune Yeiwéné ne lâchera rien, pour ses enfants, pour le clan Yeiwene et pour sa famille politique, l'Union calédonienne.
"Quand il y avait eu les événements, c'était très dur, donc à un moment donné ils ne pouvaient plus rester chez eux à Koutio, et Yéyé a dit à Nana qu'il fallait qu'elle aille vivre chez ses soeurs et elle a refusé. Elle lui a dit qu'elle irait chez ses soeurs seulement s'il venait avec elle. Elle voulait rester avec lui, se souvient Damien Yeiwéné, le frère cadet de Yeiwéné Yeiwéné. C'était dans son caractère de rester avec Yéyé jusqu'au bout."
En 2013, à Ouvéa, elle retrouve Marie-Claude Tjibaou et Maanaki Wea lors de la venue du Premier ministre de l'époque Jean-Marc Ayrault. "C'est très émouvant, parce que c'était l'occasion de nous retrouver toutes les trois ici, depuis la réconciliation et de se retrouver avec les gens de l'île", déclare t-elle alors.
Foi en la jeunesse
Fille de pasteur, Hnadrune Yeiwéné s'est également beaucoup investie au sein de l'église protestante, elle faisait partie notamment de la chorale du Vieux temple et de Koutio. "Elle était impliquée dans le mouvement des femmes de la paroisse, elle fait partie de ces personnes exemplaires, qui sont là aussi pour donner des conseils aux autres et c'était une femme de cœur", raconte Jacques Wahlengene Waitea, pasteur de la paroisse de Montravel.
Hnadrune Yeiwéné avait également foi en la jeunesse, elle fut à l'initiative de la coupe Yeiwene qui a célébré l'an dernier ses 30 ans. Devant les médias, elle n'hésitait pas d'ailleurs à prendre leur défense. "Peut-être que les médias exagèrent en parlant de nos enfants, pour moi c'est pour détruire, pas pour construire, pas pour aider les jeunes à grandir."
A cette jeunesse calédonienne, à ses six enfants et six petits-enfants, elle répond à cette question sur l'avenir. "Moi je suis confiante, il faut qu'on aille dans ce sens-là." Hnadrune Yeiwéné avait 72 ans. La cérémonie funéraire s’est tenue samedi après-midi.
Hommages des politiques
L’Union Calédonienne salue cette "militante dévouée et courageuse" qui a "toujours su faire face aux difficultés de la vie avec courage et pugnacité". L’UC se souvient de son parcours, comme salariée de l’OPT et citoyenne. "Elle s’est engagée avec abnégation et conviction dans la réconciliation entre les gens d’Ouvéa, de Maré et d’Hienghène afin d’offrir un avenir apaisé aux générations à venir."
Depuis la Polynésie, Oscar Temaru, qui la connaissait bien, lui a rendu hommage à travers un communiqué. "Hnadrune, que ses proches prénommaient Nana, était une source d'inspiration pour son entourage et pour toute sa communauté. Avec Marie-Claude Tjibaou, elle était à l'origine de la réconciliation du peuple kanak", écrit le leader indépendantiste polynésien.
Le reportage de Dave Waheo-Hnasson et David Sigal :