"Il y a eu un certain nombre d'alertes", les réactions des indépendantistes après l'élection de Veylma Falaeo, face à Roch Wamytan, à la présidence du Congrès de la Nouvelle-Calédonie

Veylma Falaeo de l'Eveil océanien commence son discours.
Une "surprise" pour les uns, des "alertes" qui n'ont pas été entendues pour les autres. L'élection de Veylma Falaeo, soutenue par les voix des groupes "Loyalistes-Rassemblement" et "Calédonie ensemble", ne manque pas de faire réagir les élus indépendantistes. Malgré leurs récentes dissensions, ils ont tous voté pour le président sortant, Roch Wamytan.

26 voix pour Roch Wamytan. Celles des élus indépendantistes, qui ont fait bloc. Et 28 voix pour Veylma Falaeo, soutenue par le report des votes des groupes Loyalistes, Rassemblement et Calédonie ensemble, après le retrait de leur candidat respectif. Après l'annonce du résultat, l'ancien président n'a pas fait de déclaration. Dès la séance finie, il a quitté l'hémicycle.

Roch Wamytan, ancien président du Congrès de la Nouvelle-Calédonie.

>> Revivez ici la séance de renouvellement des instances au Congrès

Déjà ce scénario en tête

Un retournement de situation qui ne surprend pas tant que ça Pierre-Chanel Tutugoro, président de l'intergroupe UC-FLNKS et nationalistes. "Quand on a vu l’arrivée de M. Muliava, on a compris que les choses étaient engagées, bien engagées. On s’attendait à ça ce matin. J’ai présenté tous les scénarios possibles. Tous nos élus du groupe qui sont venus ce matin avaient déjà en tête ce scénario."

Des communiqués pour libérer le pays

Interrogé sur la position des élus de l'Éveil océanien, il estime que ce parti avait mis les indépendantistes en garde. "Les alertes, il faut les lire et il faut les entendre", affirme Pierre-Chanel Tutugoro. "Il y a eu un certain nombre d’alertes qui se sont traduites par des communiqués. Également à l’adresse du FLNKS, pour libérer le pays et permettre aux Calédoniens de réapprendre à vivre ensemble. C’est comme ça qu’ils avaient appelé les choses."

Je pense qu’ils estiment ne pas avoir été entendus, parce que dans leur courrier, ils disaient qu’ils prendraient leurs responsabilités en cas de non-réponse.

Pierre-Chanel Tutugoro, président de l'intergroupe UC-FLNKS et nationalistes

Pour autant, malgré la défaite de leur candidat, les élus de l'intergroupe regardent vers l'avenir. "Ils ont fait un choix et on va travailler ensemble en responsabilité, parce que les réformes sont nécessaires pour tous."

Son interview 

"Une stratégie bien préparée à l'avance"

Jean-Pierre Djaïwé, président du groupe UNI, s'étonne de ce revirement de situation. "C’est une surprise effectivement, parce que ces dernières années ils étaient dans la majorité océanienne et aujourd’hui, ils basculent. C’est la démocratie qui s’est exprimée. Nous sommes des indépendantistes et nous sommes aussi des démocrates, donc le résultat, on l’accepte. M. Muliava a démissionné du gouvernement et il se retrouve ici sur les bancs du Congrès. On pense que ça a été une stratégie bien préparée d’avance."

Ce n’est pas le fruit du hasard, ça a été voulu.

Jean-Pierre Djaïwé, président du groupe UNI

Besoin de l'État

Jean-Pierre Djaïwé espère maintenant que la majorité qui s’est exprimée ce jeudi ira dans le sens des réformes. "On l’accepte, d’autant plus que, pour nous, la priorité des priorités est la situation catastrophique du pays. Nous ne sommes pas en situation de faire face à cette crise seuls, nous avons besoin de l’État. […] Les conditions sine qua non demandées par l’État, c’est de mettre en place des réformes."

Que ce soit un indépendantiste ou un non indépendantiste à la tête du Congrès, c’est notre priorité à tous.

Jean-Pierre Djaïwé, président du groupe UNI

Une démission qui fragilise le gouvernement

Concernant les conséquences de la démission de Vaimu'a Muliava du gouvernement, Jean-Pierre Djaïwé estime que cela risque de fragiliser l'exécutif. "Il y a des choses qui ont été entamées par M. Muliava. Et c’est toujours difficile de reprendre le travail après, d’autant plus qu’il s’est occupé de la CLR [la caisse locale de retraites]." Et d'ajouter que dans le contexte actuel, le gouvernement a "besoin de continuité et de stabilité dans le travail".

Son interview

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