Retraites de la fonction publique: le Congrès de la Nouvelle-Calédonie adopte la réforme de la CLR à contrecœur

Le Congrès réuni ce 8 août 2024
Pour sauver la Caisse locale de retraites d'une faillite imminente, les élus du boulevard Vauban ont voté à la majorité des mesures impopulaires. Les cotisations salariales de la fonction publique augmentent de 1 % dès ce mois d'août et les pensions des retraités baissent de 3 % jusqu'à la fin 2025.

Trois dispositions relatives à la Caisse locale de retraites ont été examinées ce jeudi matin, par les élus du Congrès de la Nouvelle-Calédonie. Insuffisantes pour sauver la CLR sur le long terme, elles vont permettre d'économiser plus d'1 milliard de francs sur une année et "repousser temporairement un mur", a résumé Vaimua Muliava, en charge de ce dossier au gouvernement.

En clair, il s'agit de sauver provisoirement la Caisse qui finance les pensions de près de 6 000 retraités de la fonction publique. 

Parmi les deux mesures adoptées : l'augmentation du taux de cotisation salariale de 1 % dès ce mois d'août et une baisse des pensions de 3 % jusqu'à fin 2025. Seule disposition qui n'a pas été adoptée : le versement des pensions de retraite au prorata des fonds disponibles.

Si l'hémicycle a voté "pour" deux de ces trois dispositions à la quasi-unanimité (une seule abstention), ce choix s'est fait dans la douleur pour de nombreux élus.


Garantir le paiement des pensions

Du côté des Loyalistes, on affirme devoir agir et voter en faveur des textes face à l'urgence de la situation mais on déplore l'injustice qui pèse désormais sur les bénéficiaires des pensions de retraite. “On a voté ce texte parce que c’est ce qui permet de garantir aux retraités qu’ils aient le paiement de leurs pensions, qu’ils ne se retrouvent pas en insécurité", a justifié Sonia Backès. 

Même constat pour le groupe Union Nationale pour l'Indépendance. “Nous regrettons que les actifs et les retraités soient mis à contribution, alors que le Congrès avait sa responsabilité sur le vote des mesures, pour venir soutenir les collectivités qui indirectement prendraient en charge leurs charges sociales",a expliqué Ithupane Tieoue. Aujourd’hui, on a des difficultés, plus de 600 millions de francs de pénalités de retard. Nous n’avons pas le choix pour prendre ces mesures. Il nous appartient de repenser notre fonction publique, son dimensionnement et rechercher d’autres financements." 


Un vote "totalement injuste"

De son côté, Omayra Naïsseline, pour l'UC-FLNKS et Nationalistes, ajoute que le régime retraite fera l’objet "d’autres travaux en commission, nous avons un projet de loi de pays sur le bureau du Congrès, ça permettra de prendre des mesures en profondeur et sauver notre système."

Pour Philippe Gomès, membre du groupe Calédonie ensemble, le retraité est devenu la variable d'ajustement des impayés des employeurs publics. Cette réforme votée ce matin est "totalement injuste", ajoute Philippe Michel. Selon lui, elle fait peser sur les retraités de la fonction publique “des efforts disproportionnés."

Pour Calédonie ensemble, elle est clairement insuffisante et imparfaite mais "témoigne en réalité de la situation de chaos dans laquelle la Nouvelle-Calédonie se trouve aujourd’hui."


Et la réforme du Ruamm ?

Sonia Backès, au nom du groupe Les Loyalistes, dénonçait également ce matin l'absence d'une réforme globale nécessaire, conditionnée à celle du Régime unifié d'assurance maladie et maternité, le RUAMM : "Ce qui est fait, c’est n’importe quoi : on vient chercher l’argent chez les retraités alors que certains employeurs ne payent pas leurs cotisations, notamment les employeurs hospitaliers parce qu’il n’y a pas eu de réforme du Ruamm. C’est insupportable, la majorité indépendantiste a la possibilité de passer une réforme quand elle le souhaite, elle ne le fait pas et au final ce sont les retraités qui payent.”

Même chose pour l'UNI. "Nous espérons que cette réforme du Ruamm pourra avoir lieu, ça résoudrait pas mal de problèmes", a expliqué Ithupane Tieoue.

Ces délibérations sont scrutées par Bercy. Le ministère des finances avait en effet consenti, avant les exactions du mois de mai, un accompagnement financier. Une subvention sèche toujours d'actualité, à condition que les efforts et l'engagement des politiques Calédoniens lui soient prouvés. 

Le compte rendu de cette séance avec Marion Thellier et Thierry Chapuis

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