Au-delà du drame humain, les conséquences environnementales des incendies de Maui figurent parmi les préoccupations les plus importantes des autorités. Des centaines d'hectares et 2 200 structures ont été brûlés l'an dernier.
Ce feu a rejeté cendres, particules et matériaux toxiques dans les eaux côtières de Lahaina. De nombreux experts ont craint une disparition massive des coraux. Toutefois, les multiples observations scientifiques, effectuées depuis, sembleraient indiquer que, même si le sol sous-marin a complètement changé, les récifs auraient l'air sains et comparables à ceux des autres régions de Maui.
Des teneurs élevées en cuivre et en zinc
Toutefois, des sujets d'inquiétude persistent. Andrea Kealoha, professeure assistante au département d'océanographie de l'université d'Hawaï à Mānoa, en cite quelques-uns. "Nous avons mesuré des niveaux élevés de cuivre et de zinc pour les métaux et nous observons également des concentrations élevées de nutriments dans les eaux côtières. Nous ne savons pas exactement quel est l'impact du zinc sur les récifs coralliens, mais nous disposons de nombreuses informations sur l'impact du cuivre et des nutriments sur la santé des écosystèmes côtiers."
Or, si les concentrations en cuivre et en plomb ont baissé de façon satisfaisante, la teneur en zinc, entre autres, a augmenté après la première grande tempête. Cela serait dû à des ruissellements parvenus jusqu'à l’océan et à une sédimentation plus importante après les incendies. Les scientifiques tentent de comprendre l’impact sur la fertilisation des coraux et donc, à terme, sur la santé des récifs.
L’océan, pilier de la culture hawaïenne
Les observations se poursuivent sur la qualité de l'eau et la comestibilité des poissons. La population locale y participe activement, en particulier les pêcheurs qui indiquent des sites à étudier et où effectuer des prélèvements.
Pour les Hawaïens, l'enjeu est majeur à tous les niveaux comme l’explique l’universitaire hawaïenne. "L'une des valeurs fondamentales de la culture hawaïenne est l'aloha ʻāina, qui consiste à prendre soin de la terre, y compris de l'océan. C'est là que nous trouvons notre nourriture. C'est un endroit où nous nous réunissons. C'est là que nous menons nos activités culturelles. Il est donc très important d'avoir un écosystème côtier sain, non seulement pour la santé de notre communauté et de sa culture, mais aussi pour la perpétuation de notre culture."
Un attachement très ancien
"Dans le Kumulipo, qui est notre chant de l'histoire de la création, le koʻa ou le polype corallien est le premier organisme à émerger de l'océan. Et l'homme est en fait la dernière chose à avoir été créée. Les Hawaïens ont donc très tôt reconnu l'importance des coraux dans la construction de l'ensemble de l'écosystème."
Pour l'heure, les chercheurs se montrent prudents sur les premiers résultats d'analyse. Mais les études approfondies menées à Lahaina permettront de mieux connaître, globalement, les effets des stress environnementaux sur les écosystèmes coralliens.