En termes d’effectifs, avec 854 sapeurs-pompiers pour un peu moins de 270 000 habitants, la Nouvelle-Calédonie est presque aussi bien dotée que l'Hexagone. En revanche, alors qu’en Métropole, 90 % des interventions sont réalisées en moins de 15 minutes, à Ouégoa, il faut compter “entre 30 minutes et une heure” d’attente avant l’arrivée des secours, témoigne Margot Martin, animatrice municipale. La commune d’un peu plus de 2 000 habitants n’a en effet pas de caserne.
“En cas d’incendie, par exemple, on fait appel à la gendarmerie, qui sollicite le centre de secours le plus proche, celui de Koumac. Mais le personnel ne sera déployé qu’en cas de gros incendie, quand des vies, des habitations, des élevages sont en danger. Sinon, c’est la société civile, la mairie, les gendarmes, qui s'organisent sur le terrain”, décrit-elle. En saison sèche, “on n’est pas serein.” Depuis quelques mois, la municipalité travaille avec les communes du syndicat intercommunal à vocation multiple du Nord. Elle aimerait s’équiper d’un pick-up avec lance-incendie et rejoindre la collectivité. Mais le coût est non négligeable : 6 millions de francs. “C’est un réel investissement.” Auquel il faudrait ajouter la formation et l’engagement de personnel, professionnel ou volontaire.
Quel coût ?
“Une petite commune, si elle a quinze pompiers volontaires, ça lui coûte à peu près 20 millions de francs de vacation par an”, explique Mauro Pizzolitto, président de l’Union des pompiers calédoniens. Construire une caserne peut nécessiter entre 200 et 600 millions d’investissement, en fonction de sa taille. Quant aux véhicules, leur prix varie selon leurs spécificités : il faut compter 10 à 20 millions pour un camion de secours routier, 35 millions pour un engin de lutte contre les feux de forêt, 60 millions pour une grande échelle, précise le capitaine Alexandre Rossignol, officier communication de la Sécurité civile, qui coordonne les secours du territoire.
Les communes peuvent compter sur des subventions. Mais dans une bien moindre mesure qu’en Métropole, où les centres de secours sont financés par les départements, les régions et par l’impôt, indique Alexandre Rossignol. “Les habitants paient environ 7 000 francs par an et par habitant pour bénéficier de secours à proximité”, précise-t-il, tout en mettant en garde contre les comparaisons.
Un maillage à améliorer
“En Métropole, les sapeurs-pompiers ont 200 ans d’histoire. En Nouvelle-Calédonie, nous en avons 77. Ça a un avantage, ça nous permet d’adapter ce qui a été fait.” Mais le maillage reste moins complet. “Il y eu de beaux efforts”, défend le représentant de la Sécurité civile, estimant “la couverture convenable" malgré "des trous dans la raquette avec des communes qui ont des difficultés à investir, dans le Nord et à l’île des Pins.”
L’un des rôles de la Securité civile est “d’être garante des secours, donc d’aider à améliorer la couverture des risques. Mais il est compliqué d’évaluer combien d’interventions vont être effectuées par an.” Autrement dit, s’il est plus pertinent, dans les zones faiblement peuplées, par exemple, “d’ouvrir une caserne ou d’avoir des hélicoptères capables de faire du secours à personne par voie aérienne” pour pouvoir intervenir dans un délai raisonnable.