Isabelle Champmoreau, vice-présidente du gouvernement, évoque les violences conjugales, "un désastre social" en Nouvelle-Calédonie

Isabelle Champmoreau invitée du JT du 3 septembre 2023 ©nouvellecaledonie
Violences conjugales, baccalauréat, avenir institutionnel ou situation de l’Asee, Isabelle Champmoreau est revenue ce dimanche 3 septembre sur l’actualité de la semaine. Elle était l’invitée du JT de Laurence Pourtau.

La vice-présidente du gouvernement a plusieurs casquettes à son actif au sein de l’exécutif. Invitée du journal télévisé de dimanche, elle a évoqué divers sujets d’actualité. 

La Nouvelle-Calédonie, championne des violences conjugales

C’est un triste record dont le pays se serait bien passé. La Nouvelle-Calédonie est en tête des violences au sein des couples au niveau national. Sur les 145 décès enregistrés en France en 2022, trois femmes ont été tuées en Calédonie, c’est le plus fort taux par habitant. Des chiffres qui ont fait réagir Isabelle Champmoreau, la vice-présidente du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, notamment en charge de la lutte contre les violences conjugales. 
"Il y a déjà beaucoup de choses qui ont été faites, notamment avec les partenaires que sont la justice, les forces de l’ordre, les associations…On a créé face à ce désastre social un secteur dédié au gouvernement pour travailler avec ces partenaires".  Et de rappeler que des mesures ont déjà été prises, comme la réduction du temps de traitement des affaires en justice, des perquisitions à domicile avec saisie des armes, l’utilisation de téléphones grave danger, de bracelets anti-rapprochement…
Mais, " on voit que ça n’est pas suffisant" poursuit Isabelle Champmoreau. "100 % de ces faits sont commis sous l’emprise de l’alcool, il y a un problème lié aussi aux addictions et à la santé mentale, donc on manque aussi de structures de soins en Nouvelle-Calédonie".

Deux projets évoqués avec le ministère de la justice

La vice-présidente du gouvernement avait rencontré à Paris en avril dernier le Garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti. Avec le procureur de la République, elle avait présenté deux projets qui ont reçu un avis favorable de l’État : tout d’abord la création d’un centre de prise en charge des auteurs de violences conjugales. 
"Effectivement, les auteurs des violences les plus graves vont aller en prison au Camp Est, mais là, c’est vraiment pour éviter à certaines personnes d’enclencher cette spirale fatale de violence. Et ça permet souvent d’enlever la personne violente de son domicile parce qu’on sait souvent que la personne qui est victime, c’est un peu la double peine ; on est violenté, en plus, il faut déménager". 
Autre projet, la création d’une unité médico-judiciaire au Médipôle pour une prise en charge globale des victimes. 
"Quand on est victime et qu’on est vraiment dans une phase difficile de sa vie, on n’a pas besoin d’être envoyé au commissariat, chez le médecin légiste, voir une association, on doit trouver au même endroit tous ces services pour être correctement pris en charge et notamment avec ses enfants". 

Encourager les femmes à porter plainte

Si la parole des victimes de violences conjugales se libère, et qu’elles hésitent moins à porter plainte, elles sont toujours trop peu nombreuses à le faire. 
" Je voudrais vraiment passer un message sur ce sujet : que les victimes (9 fois sur 10 ce sont des femmes) puissent se présenter auprès des associations, des forces de l’ordre, elles vont trouver de l’aide. Il n’y a que 24 % des victimes qui portent plainte. Il faut les encourager à porter plainte auprès de la gendarmerie ou de la police nationale". 

Un bac à réformer

Plus de 2000 élèves de terminale étaient convoqués la semaine dernière pour leurs épreuves de spécialités du baccalauréat. Pour la première fois depuis la réforme du bac, ces épreuves ont été réalisées au mois d’août. Et sans doute pour la dernière fois, puisqu’une réforme est d’ores et déjà annoncée. 
Si Isabelle Champmoreau, en charge également de l’enseignement, relève des points positifs dans le bac nouvelle version, comme l’organisation du grand oral, elle convient que certains points restent à améliorer. 
Par exemple sur l’enseignement des mathématiques qui reviendra en tronc commun à raison d’une heure trente de plus par semaine dès la rentrée 2024.
Les épreuves anticipées de spécialités seront de leur côté repoussées en fin d’année. "Il y a deux soucis [avec les épreuves au mois d’août]. Il y a le fait que les élèves ont l’impression d’avoir passé leur baccalauréat parce que c’est deux coefficients 16, c’est 30 % de la note finale du bac, donc ils sont un peu démotivés, c’est dur de les reprendre après pour la philosophie et le grand oral. Et la deuxième chose, c’est que les professeurs nous disent qu’ils sont obligés de faire le programme vraiment en accéléré, le condenser jusqu’au mois d’août. Et je trouve également que pour les élèves qui peuvent être en difficulté, ça ne nous donne pas le temps de remédier et de proposer des choses adaptées. Donc c’est très bien bien que ce soit tout en fin d’année".

Quelles solutions pour l’Asee ?

L’Alliance scolaire de l’église évangélique est en redressement judiciaire depuis 2017. Et la situation peine à s’améliorer. 
"Il y a un risque de liquidation puisque l’Asee a augmenté sa dette sociale depuis la mise en redressement judiciaire. Nous, on doit se préparer en termes de politique publique. Si les établissements fermaient, où iraient les élèves ?".
Le gouvernement a donc planché sur la carte scolaire, et propose une nouvelle organisation juridique de l’Asee avec " des établissements autonomes, sur lesquels on va avoir un contrôle budgétaire et un accompagnement technique beaucoup plus précis". 
Isabelle Champmoreau évoque des décisions "positives" prises lors de la dernière assemblée générale qui pourraient  "permettre de laisser les établissements les plus importants de l’Asee ouverts et donc les élèves pourront continuer à fréquenter ces établissements".
"La question de la dette reste entière" en revanche et "ne pourrait être remboursée qu’à partir de ventes de ce qui pourrait appartenir à l’Asee".

Les discussions à Paris

Interrogée sur les discussions politiques qui se tiennent cette semaine à Paris, Isabelle Champmoreau estime qu’elles se résument en trois mots : union, respect et perspectives.
Union entre les loyalistes tout d’abord, mais aussi respect "de la volonté de la majorité des Calédoniens et le respect du calendrier. Il faut une révision constitutionnelle en début d’année prochaine et que les élections provinciales se tiennent en 2024". 
Quant aux perspectives, il faut selon Isabelle Champmoreau créer de la visibilité et une stabilité pour les Calédoniens. 
"On est englué dans ces problématiques institutionnelles maintenant depuis plusieurs années. […] Les choses doivent se décider avec ceux qui acceptent de venir à la table des discussions. Et j’espère que ça va se faire. Les délégations se déplacent, et je trouve que la parole qui a été portée par le président de la République a fondé aussi beaucoup d’espoir et je pense qu’elle a été entendue". 

La protection animale

Chargée de la cause du bien-être animal au sein de l’exécutif, la vice-présidente du gouvernement veut poursuivre le travail entrepris sur les stérilisations et les identifications, ainsi que la sensibilisation notamment des jeunes. 
Il faut adapter la règlementation locale pour que l’animal ne soit plus considéré comme un objet mais comme un être vivant. 
Enfin, une loi de pays doit être présentée au Congrès avant la fin de l’année sur la question de la règlementation des ventes : "il y a un système un peu anarchique de vente et ça amène des abandons et des maltraitances".