Des mots pour partager leurs maux. Les élèves calédoniens ont exprimé leur ressenti au travers de textes, face à la crise qui a secoué la Calédonie à partir du 13 mai. Une invitation lancée par l'association Livre mon ami, qui promeut la lecture, l'écriture et lutte contre l'illettrisme sur le territoire depuis plus de vingt-huit ans.
"Le chaos, à cause d’une union tombée à l’eau"
Ayo, élève de quatrième, est la première à avoir pris la plume. “Ma Calédonie, j’ai grandi sur tes terres, qui, aujourd’hui, ne sont que poussière. Ici, c’est le chaos, à cause d’une union tombée à l’eau. (…) Je vois les feux et la fumée, qui ne font que renier la paix”. Un texte qui a rapidement conquis ses lecteurs sur la toile.
Autre élève elle aussi très inspirée par la situation pour le moins compliquée, Juliette, en classe de CM2 à l’école Fernande-Leriche de Nouméa. Elle a écrit : “Ma Calédonie, c’est une île de bienveillance et d’une superbe élégance. Seulement, en ce moment, tout le monde se regarde tristement. (…) Je regarde autour de moi et c’est bien noir, ce que je peux voir. L’île est grise et triste. Tout est sinistre. J’espère que bientôt, tout sera plus beau ! On pourrait vivre ensemble, au fond, on se ressemble. Nous sommes égaux, personne n’est plus haut.”
Autre production, cette fois-ci collective : celle des CM2 de l’école Candide-Koch à Nouméa. Ils ont rédigé plusieurs poèmes, encadrés par leur enseignante, maîtresse Sophie.
Le premier, espérant un retour à la paix, est signé Zoé, Chloé et Tess. “Ma Calédonie, tu es mon pays. Avec tes lagons, ta végétation, tu es notre mère, notre terre, mais malheureusement tu n’es plus comme avant. Je ne vois que poussière, j’aimerais un peu d’air. [J’aimerais] beaucoup que la paix revienne, et que l’on s’abstienne d’avoir tant de haine. Ce que je souhaiterais, c’est d’arrêter toute cette violence, que la paix reprenne la cadence, et que notre enfance soit pleine de bienveillance.”
Victor et Eki ont eux, écrit : “Nous voulons arrêter la guerre, pour qu’on puisse se balader sans peur et ne plus plonger dans la terreur. Dans notre Calédonie, nous ne voulons pas d’armes à feu, pas de blessés, et ne rien casser. Dans notre Calédonie, toutes les rues sont bloquées. Au bout d’un moment, il faut arrêter !”.
Face à la crise, il y a ceux qui gardent espoir, comme Lilian et Effy. “Ma Calédonie, mon beau pays, aujourd’hui sur tes terres désolées, mon coeur est meurtri. Je veux rêver dans l’obscurité. Tout semble perdu, mais je garde espoir. Que les couleurs vives de la nature, nous mènent à la victoire”.
“Avant, tu étais une terre de partage. Maintenant, tout le monde veut partir… En ce moment tu es une terre qui se ravage. Ensemble, on peut tout reconstruire”, lancent de leur côté Mathias et Maxence.
Sarah, Noémie et Meïla ont, elles aussi, souhaité passer un message à leur Calédonie. “Je suis née sur ton île et j’en suis fière. Nos peuples se font la guerre, juste pour une histoire d’affaires. Alors que nous sommes tous frères. Tu étais belle, tu es meurtrie. Aujourd’hui, est un jour de pluie. Mais je penserai à toi toute ma vie. Alors je t'aime et je te l'écris, ma Calédonie chérie”.
Des textes empreints d'espoir et de paix, rédigés par des écoliers fortement touchés par la crise qui secoue la Nouvelle-Calédonie. Leurs productions seront mises en lumière à l'occasion d'une exposition à la fois réelle et virtuelle, proposée à la fin de l'année scolaire 2024.
Quant au traditionnel prix littéraire organisé par Livre mon ami, il a été décalé. Le vote des élèves concernés est prévu du 23 octobre au 6 novembre.