Jours de vote historique à Bougainville

Le vice-président du gouvernement autonome votant à Buka.
D'ici au 7 décembre, près de 207 000 électeurs de Bougainville sont appelés à choisir entre rester un archipel autonome au sein de la Papouasie-Nouvelle-Guinée et devenir un pays indépendant. Un référendum historique qui a commencé ce week-end.
«C’est un jour historique pour les gens de Bougainville.» Ces mots ont été prononcés samedi par le responsable de l’organisation du référendum, lors de l’ouverture des bureaux de vote à Buka, la principale ville de la région. Un jour de fête, aussi. Au moins un millier de personnes s'y sont rassemblées à l'ouverture de la consultation.
 

Vers le plus jeune des Etats ? 

Dans une ambiance électrique alimentée, pour certains, par l'espoir de devenir le plus jeune Etat du monde. Une chorale improvisée d'hommes et de femmes arborant des guirlandes d'herbes a défilé joyeusement dans les rues, en agitant des drapeaux indépendantistes et en soufflant dans des flûtes de Pan en bambou. 
 
File d'attente pour voter à Buka.
 

En danses et en chants

Les habitants ont accompagné par des danses et des chants les personnalités politiques de l’archipel qui se sont rendues au bureau de vote. Le premier à glisser son bulletin dans l’urne a été John Momis, le président de cette région autonome de Papouasie-Nouvelle-Guinée. «J’espère que mon vote va contribuer à l’effort collectif des gens de Bougainville pour accomplir les objectifs de ce long processus, a-t-il déclaré. Cela a été un effort commun entre le gouvernement national de la Papouasie-Nouvelle-Guinée et Bougainville, pour réaliser à l’avenir de bonnes négociations.»
 

Vote aussi depuis Port-Moresby ou les Salomon 

Une première journée de vote qui s’est déroulée sans incident. Déjà, une partie des quelque 207 000 électeurs s'est déplacée pour voter partout à Bougainville, mais également à Port-Moresby, la capitale de la Papouasie, et dans le pays voisin, les Salomon. La consultation durera deux semaines, sous la surveillance d’observateurs internationaux.

Le résumé de Brigitte Whaap sur des images de la télé papoue EMTV :
©nouvellecaledonie
 

Résultats attendus courant décembre

Les électeurs ont jusqu'au 7 décembre pour répondre à cette question : «Voulez-vous que Bougainville accède à une plus grande autonomie ou à l'indépendance ?» Les résultats de ce scrutin ne sont pas attendus avant la mi-décembre. Une victoire des partisans de l'indépendance paraît prévisible. Mais faute de sondages fiables, celle des partisans du maintien de cette île riche en cuivre au sein de la Papouasie-Nouvelle-Guinée n'est pas à exclure.
 
Vote dans le centre de Bougainville.
 

A ratifier

Un vote favorable à l'indépendance aurait encore à être ratifié par le Parlement de Papouasie, où l'on redoute un effet de contagion dans un pays d'une très grande diversité ethnique. Ce référendum doit en tout cas permettre de tourner définitivement la page d'une décennie de conflit armé, qui a fait 20 000 morts avant le cessez-le-feu de 1998 et l'accord de 2001. «Nous n'entendons pas souvent d'histoires de gens qui déposent les armes, se réconcilient et recherchent la paix», s'est félicité samedi le responsable du scrutin référendaire, Mauricio Claudio.
 

Lutte d'influence

Bougainville, qui doit son nom au navigateur français, fait partie des territoires les plus pauvres de l'hémisphère Sud. Et en cas d'indépendance, elle pourrait devenir un nouvel enjeu de la lutte d'influence entre les puissances régionales dans le Pacifique, dont la Chine et l'Australie.