Quelles raisons peuvent pousser une personne à incendier une église ? C'est autour de cette question que se sont articulés les débats du jour au tribunal de Nouméa. A la barre, un homme de 24 ans, en détention provisoire depuis déjà un mois.
Les faits remontent au mois d'août 2024. Le 14, après avoir consommé de l'alcool et du cannabis, l'individu s'introduit au petit matin dans l'église de Tyé (Poindimié), restée ouverte. Il embrase ensuite les rideaux à l'aide d'un briquet. L'enquête soulignera la présence de neuf départs de feu, "un acharnement" aux yeux du procureur de la République Nicolas Kerfridin.
De récents antécédents
L'homme se dit pourtant croyant. Il explique s'être trouvé au moment des faits sous l'influence des réseaux sociaux et avoir voulu "se venger de l'église qui avait caché des morts au moment de la colonisation". Deux mois et demi plus tôt, le 22 mai, il s'était déjà introduit par effraction dans la mairie de Poindimié, dérobant du matériel informatique et mettant le feu au portrait du président de la République "par conviction politique".
Des passages à l'acte "d'autant plus étonnants que l'homme est titulaire d'un CAP d'agent de sécurité", souligne le président Thibaud Soubeyran. "Ces personnes sont généralement du côté de la loi qui protège les biens et les gens".
"L'influence des réseaux"
Du côté de la défense, Maître Sophie Devrainne, l'avocate de l'incendiaire décrit un "homme solitaire, dépressif qui n'est en aucun cas un délinquant habituel". Pour le juger, il ne faut selon elle retenir "que l'influence des réseaux sociaux et ses addictions".
Après un mois derrière les barreaux, l'homme assure regretter l'incendie de l'église, il dit avoir compris. Insuffisant pour le procureur, qui pointe la gravité de l'acte et requiert 15 mois d'emprisonnement dont dix avec sursis. La cour se montre finalement plus sévère : ce sera deux ans de prison, dont un avec sursis probatoire assorti d'une obligation de soins. Le prévenu, incarcéré au Camp Est avec mandat de dépôt, a désormais dix jours pour faire appel.
Retrouvez ci-dessous le compte-rendu de la séance réalisé par Caroline Antic-Martin et Christian Favennec :