Vous n’aviez peut-être jamais entendu parler de Nicolas Kutran et de son frère jumeau, Baptiste, avant la Coupe du monde de football des moins de 17 ans, qui s’est jouée en Indonésie du 10 novembre au 2 décembre 2023.
Trente-cinq arrêts : un record !
Les deux frères de 15 ans, originaires de Hnapalu, à Lifou mais installés en région bordelaise depuis 2012, ont vécu un tournoi compliqué : trois défaites et 24 buts encaissés (10 contre l’Angleterre, 9 contre le Brésil et 5 contre l’Iran). Pourtant, la prestation de Nicolas, le gardien de la sélection calédonienne, a fait le tour des réseaux sociaux. Et pas du tout pour tourner en ridicule le jeune homme, mais bien pour souligner une prestation exceptionnelle.
Le gardien de la Nouvelle-Calédonie a à peine 15 ans. Il a réalisé trente-cinq arrêts lors de la Coupe du monde U17. Je pense qu'on réalise tout simplement pas la performance de zinzin que c’est !
Le TikTokeur Benbekeur
Quelques jours après leur élimination de la Coupe du monde (remportée finalement aux tirs au but par l’Allemagne face à la France), le TikTokeur Benbekeur publiait une vidéo, vue plus de 45 000 fois, qui mettait en avant la performance de Nicolas Kutran. "Le gardien de la Nouvelle-Calédonie a à peine 15 ans. Il a réalisé trente-cinq arrêts lors de la Coupe du monde U17. Je pense qu'on ne réalise tout simplement pas la performance de zinzin que c’est !"
Dans les traces de Ruben
Nicolas et Baptiste sont les jeunes frères d’un autre footballeur calédonien. Ruben Hnaselën Kutran, décédé il y a tout juste un an, à l’âge de vingt ans, terrassé par une crise cardiaque pendant un match entre amis. Ils ont suivi les traces de leur aîné. Passés par le CM Floirac, le gardien et l’attaquant ont intégré le centre de formation des Girondins de Bordeaux. Ils évoluent en championnat régional et en National.
On représentait le pays, c’était une fierté. On ne calculait pas le score, on venait pour apprendre.
Nicolas Kutran
Leur expérience en Indonésie restera un beau souvenir, malgré les trois défaites et aucun but marqué. "Il y avait une bonne ambiance, se souvient Nicolas. On représentait le pays, c’était une fierté. On ne calculait pas le score, on venait pour apprendre." Le jeune a gardien a particulièrement apprécié l’état d’esprit des Iraniens, lors du dernier match de la compétition. "Ils n’avaient pas peur des duels et étaient très soudés. C’est comme ça que j’aime le football."
La fierté de leur maman
Les deux frères ont vécu cette Coupe du monde comme un hommage à Ruben. Une fierté également pour Emelie, leur maman. "C'est avec beaucoup d'émotion que j'ai assisté à chacun de leurs matchs devant mon écran de télévision ici, à Bordeaux, raconte-t-elle. C'est une très belle expérience pour chacun d'entre eux. Et se dire qu'une fois dans leur vie, ils ont eu cette chance de se mesurer à de très grandes équipes."
"Je voulais féliciter tous nos garçons qui se sont battus jusqu'au bout, qui n'ont rien lâché sur le terrain", ajoute-t-elle. "Je leur souhaite beaucoup de courage et de réussite pour la suite de leur parcours footballistique. Et aussi un grand merci au pays pour tous vos encouragements envers Nicolas sur les réseaux sociaux."
Être un jeune gardien de but de petite taille, ça veut rien dire. Il faut croire en ses rêves et continuer à jouer au football.
Nicolas Kutran
Humilité
Une aventure vécue avec humilité par les deux frères, conscients d’avoir participé à quelque chose d’exceptionnel. "J'ai vécu une belle expérience. J'ai été confronté à de jeunes joueurs professionnels de la génération 2006 qui ont signé pro très tôt. Parmi eux peut-être de grands joueurs pour l’avenir. J'ai beaucoup appris lors de cette Coupe du monde", indique modestement Nicolas.
Du haut de son 1,74 m, ce gardien atypique sur un poste qui privilégie les grands garde les pieds sur terre, mais nourrit déjà de belles ambitions. "Être un jeune gardien de but de petite taille, ça veut rien dire. Il faut croire en ses rêves et continuer à jouer au football."
Et son rêve à Nicolas, c’est de jouer un jour en Angleterre. On lui souhaite d’ici là de battre encore de nombreux records et de porter fièrement le maillot rouge et gris. Et peut-être, un jour, un maillot bleu ?