La Nouvelle-Calédonie au sommet entre la Corée du Sud et les îles du Pacifique

Le président du gouvernement calédonien, Louis Mapou, avec le Premier ministre coréen, Han Duck-soo, le 29 mai 2023, à Séoul.
Après les Etats-Unis en septembre 2022, ou la Papouasie-Nouvelle-Guinée en mai dernier, les nations et territoires insulaires du Pacifique à nouveau au centre de l'attention à l'international. Ces lundi 29 et mardi 30 mai, c'est avec la Corée du Sud qu'ils échangent, dans le cadre d'un sommet inédit auquel la Nouvelle-Calédonie participe à travers une délégation de son gouvernement. Au cœur de ce rendez-vous, la "co-prospérité" et la coopération régionale.

Mise à jour avec reportage au deuxième jour

Le premier sommet entre la Corée du Sud et les dix-huit membres du FIP, le Forum des îles du Pacifique, s'est ouvert lundi 29 mai, à Séoul. A environ 7 800 kilomètres de Nouméa (et deux heures de moins). Il se tient dans le centre de la capitale et plus précisément à Cheongwadae, "la Maison-Bleue", ancienne résidence officielle du président coréen. 

Au premier sommet entre la Corée du Sud et le Pacifique insulaire, le 29 mai 2023 à Séoul.

Thématiques

Le thème de cette rencontre ? "Naviguer vers la co-prospérité : renforcer la coopération avec le Pacifique bleu". Avec des enjeux en termes de changement climatique, de pêche ou encore d'investissements. Ce sommet inédit, organisé dans un contexte de haute sécurité, a été ponctué par la visite de courtoisie au Premier ministre. Han Duck-soo s'est aussi exprimé lors du déjeuner de bienvenue à l'hôtel Lotte où séjournent les délégations. Les membres du FIP ont consacré l'après-midi à la préparation d'une déclaration commune. Le soir, dîner avec le président coréen, Yoon Suk Yeol. Et ce mardi, direction la deuxième ville du pays, la cité portuaire de Busan, à l'extrémité Sud de la péninsule. 

Logo de l'événement.

Soutien financier

Le président Yoon Suk Yeol a annoncé son soutien financier aux pays du Pacifique. “Il y a un fonds - Corée / Forum des îles du Pacifique - et il y a le soutien budgétaire qu’il apporte à chaque pays”, résume Louis Mapou au micro de NC la 1ère. “Nous allons continuer à progresser, avec deux grands plans qui encadrent : le plan de la Corée, qu’ils appellent aussi plan indo-Pacifique de la Corée, et le plan 2050 promu par le Forum des îles du Pacifique depuis l’année dernière.”

Echanges

Le gouvernement calédonien voit dans le sommet l’occasion de développer des échanges économiques avec la Corée du Sud, et de bénéficier de son expertise dans différents domaines stratégiques. "Il y a ici une capacité économique, industrielle, technique", a expliqué le président Mapou. "Des grands groupes comme Samsung, qui sont engagés dans le secteur de l’énergie. Une technologie coréenne en matière d’énergies renouvelables. Vous avez ici une industrie qui pourrait permettre à la Nouvelle-Calédonie, compte tenu de l’expertise que les Coréens ont, de mieux approcher son avenir, sur des bases un peu plus averties, plus initiées."

Louis Mapou et Moetai Brotherson à l'occasion du sommet Corée / Pacifique insulaire.

Son homologue polynésien, Moetai Botherson, évoquait quant à lui "l’économie numérique, tout ce qui est digital. C’est un des domaines dans lesquels la Corée est leader mondial. On peut envisager des partenariats sur ce domaine et également le domaine du secteur primaire : on a été invités par la chambre de commerce et on a vu qu’un certain nombre de développements en matière d’aquaculture sont très intéressants."

Parmi les grands débats, le changement climatique que subissent les îles du Pacifique et la relance économique. Dans ce domaine précis, le président du gouvernement calédonien souhaite que le “Caillou” et la Polynésie s’inscrivent dans des partenariats que la Corée a tissés avec d’autres pays. Et ainsi apporter leur touche particulière dans une zone majoritairement anglophone.

En Corée, le mardi 30 mai, la délégation calédonienne rencontre Bae Gaetak, président de la SNNC (Société du nickel de Nouvelle-Calédonie et Corée) qui gère l'usine off-shore Posco de la SMSP.

Nickel

Et puis quelle stratégie régionale pour le secteur privé, en matière de tourisme, d’économie verte ou de transition énergétique ? C’est aussi une des questions au cœur de ce sommet. Chez le Premier ministre Han Duck-soo, Louis Mapou a trouvé un homme très au fait de la situation économique et institutionnelle en Nouvelle-Calédonie. Et des enjeux que représente sa richesse première, le nickel. "En tant que pays aux ressources minières très importantes, dans le contexte du marché mondial aujourd’hui, il souhaitait que ce partenariat puisse se renforcer, se consolider, a-t-il déclaré. Ce à quoi j’ai répondu positivement, en rappelant que ce partenariat a aidé notamment le groupe du Nord à pérenniser son activité et surtout, est en train de prendre un développement particulier puisqu'ils ont décidé de se positionner sur le marché de la batterie."

Voyez les compte-rendus de Thérèse Waïa et Claude Lindor, au premier jour…

Et au second jour :

Participants 

Le FIP et ses membres ont envoyé des délégations. Celle qui représente la Nouvelle-Calédonie est composée de:

  • Louis Mapou, président du gouvernement,
  • Claude Gambey, directeur de cabinet,
  • Charles Wea, en charge des relations extérieures au sein du cabinet,
  • François Behue, qui dirige le service de la Coopération régionale et des relations extérieures
  • et Gaston Wadrawane, délégué de la Nouvelle-Calédonie à Fidji.

La délégation calédonienne au sommet organisée par la Corée du Sud avec le Pacifique insulaire.

La Polynésie française participe également au sommet. Moetai Brotherson effectue là son premier déplacement international en tant que président. On relèvera donc que deux des trois collectivités françaises du Pacifique sont présentes, et  représentées par des présidents indépendantistes. Lesquels, dans le cadre de l’axe indo-Pacifique, ont souhaité défendre les prérogatives de leur pays respectif. A noter également la présence du vice-Premier ministre australien et ministre de la Défense, Richard Marles, ou de la ministre néo-zélandaise des Affaires étrangères Nanaia Mahuta.

Déploiement de sécurité à Séoul, pour le sommet entre la Corée du Sud et les îles du Pacifique.

Jeu d'influences

Le sommet est organisé par un pays qui cherche à accroître son influence, dans une grande région où les grandes puissances expriment leurs rivalités géopolitiques. Il intervient quelques jours seulement après les rendez-vous stratégiques qui ont eu lieu fin mai, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, entre le Pacifique insulaire et les Etats-Unis, à travers le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, mais aussi l'Inde via le Premier ministre Narendra Modi. 

Ambiance côté presse, près des bureaux du Premier ministre coréen.