La pomme de terre calédonienne manque au menu

Aucune pomme de terre dans la chambre froide de l'Ocef, le jeudi 5 janvier, à Nouméa.
La Nouvelle-Calédonie n’a plus de pommes de terre locales en stock depuis mi-novembre. La récolte a été très insuffisante, après les intempéries subies par les agriculteurs en 2022. L'Ocef attend avec impatience les importations.

Du jamais vu à l’Ocef, en quarante-cinq ans. Depuis la mi-novembre, les chambres froides qui devraient stocker les pommes de terre locales s'avèrent vides. La faute aux fortes pluies de 2022. Après les intempéries et inondations de juillet puis août, les cultures ont été tellement endommagées qu'un peu plus de 300 tonnes, seulement, ont été récoltées, au lieu des 2 500 habituelles. L'Office de commercialisation et d'entreposage frigorifique a dû se rabattre sur les importations. 

Difficultés en Nouvelle-Zélande et en Australie aussi

Mais là aussi, pas simple. "On s'était tournés vers nos fournisseurs historiques en Nouvelle-Zélande", relate Adeline Cretin, directrice de la section pommes de terre à l’Ocef. "[Ils ont] promis de pouvoir nous approvisionner à partir de la mi-novembre, puisque c'est l'époque où ils démarrent leurs récoltes. Sauf qu'ils ont eu les mêmes problèmes d'intempéries que nous." 

Il a alors fallu "chercher des plans de remplacement, en Australie et en Métropole", poursuit-elle. En Australie, c'est compliqué aussi, parce qu'ils sont en pénurie. Il y a des pommes de terre, mais pas beaucoup. Elles sont chères. On avait réussi à faire venir des conteneurs de Melbourne mais, malheureusement, les bateaux ont été retardés." 

En 2022, la récolte de pommes de terre en Calédonie a été fortement touchée par les intempéries et les inondations dues à La Nina.

Pas de récolte avant septembre

Lundi 9 janvier, un bateau avec trois conteneurs doit arriver d'Australie et de Métropole puis un autre, en fin de semaine, de Nouvelle-Zélande avec là encore trois conteneurs. Soit environ 150 tonnes. La Calédonie sera ainsi tributaire des importations une grande partie de l’année, puisque le pays consomme 200 tonnes de pommes de terre par mois. Et qu'aucune récolte locale n’est prévue avant mi-août, "au mieux".

Casse-tête dans les assiettes

Un contexte avec lequel les restaurateurs doivent également composer. Exemple dans cet établissement nouméen où l’accompagnement emblématique n’est autre que la pomme de terre maison. Très prisée, elle est présentée entière au client, cuite de telle sorte qu’elle soit fondante à l’intérieur, croustillante à l’extérieur. 

"On commande au moins de cent à 150 kilos de pommes de terre par semaine", explique Elyson Silva, chef de cuisine et co-gérant. "On a la frite maison, que c'est un peu plus facile de stocker parce qu'on peut pré-cuire et après, surgeler. Je pense qu'on en a pour deux semaines. Et peut-être une semaine, pour la pomme de terre maison."

Voyez aussi le reportage de Lina Waka-Ceou et Claude Lindor : 

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