"Le chômage partiel va être prolongé jusqu’en décembre", confirme Louis Mapou, président du gouvernement calédonien

Louis Mapou, invité du JT ©NC la 1ère
Dans le sillage de sa visite, le ministre des Outre-mer, François-Noël Buffet, a laissé le reproche d’un soutien financier par l'Etat jugé insuffisant face à l’ampleur des besoins. Avec des critiques collatérales envers le gouvernement local : il est taxé, par Calédonie ensemble ou l'Eveil océanien, de n'avoir pas su mieux convaincre Paris, voire d'être soumis au ministère de l'Economie. Invité du journal télévisé dimanche 20 octobre, Louis Mapou y répond.

"Nous avons fait valoir un besoin global de l’ordre de 80 milliards [de francs CFP]", rappelle Louis Mapou, invité du journal télévisé dimanche 20 octobre. "Nous en serons rendus au rendement de 60 milliards d’ici la fin de l’année. Effectivement, cette aide est nettement insuffisante. Nous avons renouvelé auprès du ministre la nécessité qu’il puisse aller plus loin." Et de confirmer : " Le chômage partiel va être prolongé jusqu’en décembre. C’est une annonce qu’il n’a pas faite lors de son allocution au centre Tjibaou, c’est ce qu’il nous a dit avant de partir." François-Noël Buffet le laissait entendre dès vendredi soir sur le plateau de NC la 1ère.

Prolonger le FSE

"Pour ce qui concerne le fonds de solidarité, nous avons aussi demandé qu’il puisse être prolongé. Toutes ces discussions restent ouvertes, ajoute le président du gouvernement. La nouveauté que nous allons avoir, dans la tranche qui va nous être affectée, est la possibilité de l’utiliser pour compenser les pertes fiscales qui, par cascades, ont des répercussions sur les budgets des collectivités." Il souligne par ailleurs : "Pour ce qui concerne les entreprises, nous avons fait le choix, depuis le début, qu’il y ait une relation directe entre les entreprises et l’Etat." Toutefois, "nous appuyons sur la question des assurances", appelées à se mobiliser davantage. 

Les avances remboursables, "le dispositif disponible"

Les aides octroyées à travers des prêts, qui seront donc à rembourser, font grincer des dents. "C’est un choix discutable et très discuté, même contesté", commente le président du gouvernement collégial. "Pour ce qui concerne les dernières avances remboursables, c’est le dispositif qui était apparemment à la disposition de l’Etat dans un contexte de gestion des affaires courantes", suite à la dissolution de l'Assemblée nationale. "À côté de ça, il y a une négociation que nous ouvrons avec l’Etat pour voir comment sur les trois prochaines années, l’ensemble des engagements que nous avons pris les uns et les autres puisse être traité de la manière la plus parcimonieuse possible."

"Procès inacceptable"

Louis Mapou défend la démarche de la Nouvelle-Calédonie autour du plan S2R, dévoilé jeudi 17 octobre et présenté aussi en ce début de semaine. "Je trouve inacceptable qu’on fasse un procès envers le gouvernement", martèle-t-il en énumérant les différentes étapes de concertation avec la sphère politique. "Nous sommes revenus devant le Congrès la semaine dernière pour présenter les grands axes du plan. Nous avons passé cinq heures pour en discuter. Nous avons réuni tous les partenaires la semaine dernière…" 

Je ne peux pas accepter. À moins qu’il y ait des stratégies derrière, ce qui semble se dessiner de plus en plus : la volonté de Calédonie ensemble, de l’Eveil océanien et de l’Union calédonienne de tomber le dix-septième gouvernement. On verra, qu’ils aillent jusqu’au bout de leur démarche. 

Louis Mapou

Un plan qui peut tracer l'avenir

Le ministre des Outre-mer dit croire que la solution pour l'avenir repose sur les partenaires calédoniens. "La solution peut revenir aux élus locaux, et à travers le plan que nous travaillons", renchérit l'invité du journal télévisé. "Pendant les deux accords précédents, nous avons très peu discuté de la situation interne de la Nouvelle-Calédonie sur le plan économique, social, etc. Et à chaque fois (…), c’est ce que les uns et les autres ont pu discuter qui a permis de dessiner ce que seraient les mesures d’accompagnement, de rééquilibrage et d’émancipation." 

"Contrat social interne"

Or, défend-il, "nous avons la chance, à travers le plan S2R, de discuter de ce sujet et notamment de ce que pourrait être le contrat social interne à la Nouvelle-Calédonie. Pour sortir tout le monde de cette crise, pour permettre de se donner une perspective sur les trois prochaines années." 

Je nourris le vœu que ce travail, que nous ferions ensemble ici, puisse venir s’adosser à l’accord global qui serait en condition. Nous aurions contribué largement à essayer de dessiner ce que serait le futur de la Nouvelle-Calédonie. 

Louis Mapou

Sur la baisse des indemnités pour les élus

Où en est-on avec la baisse des indemnités de tous les élus, afin de montrer l'exemple en ces temps difficiles ? "Selon la loi organique, il appartient aux assemblées de province de la décider. Pour ce qui concerne le gouvernement, c'est au Congrès de le décider", répond Louis Mapou. Un projet de résolution a été préparé. "C'est un geste, qui ne représentera pas un élément déterminant pour solutionner les dépenses que nous devons satisfaire dans les prochains mois."

Quid de l'indexation ?

Un autre internaute se renseigne sur le projet de désindexer les fonctionnaires et retraités territoriaux. "C'est une discussion que nous avons ouverte avec les syndicats lors des assises de la Fonction publique. Cette question est revenue à l'ordre du jour, elle est inscrite, ça fait partie des débats. Lorsqu'on veut définir un modèle pour la Nouvelle-Calédonie, indique le président du gouvernement, il ne doit pas y avoir de sujets tabous, de non dits. Nous devons poser sur la table tous les éléments indispensables pour décider ce qu'on serait la trajectoire." 

Sa vision ? "Nous souhaitons qu'en 2028, on ait rétabli l'économie et qu'on retrouve par exemple un PIB qui est celui de 2023. On voudrait aussi qu'on puisse équilibrer le Ruamm à l'horizon 2028. Et parmi tous les éléments, il y a la dépense publique. On considère que le mille-feuilles dont nous disposons génère des dépenses considérables pour un territoire de 270 000 habitants. Il n'appartient qu'à la Nouvelle-Calédonie de le revoir."