La crise sanitaire a eu de lourdes conséquences sur le trafic maritime mondial. Le coût du fret augmente fortement et les prix pour les Calédoniens devraient malheureusement suivre la même pente.
Après des mois de paralysie, le trafic maritime à l’échelle internationale subit les conséquences d’une reprise croissante. Manque de place dans les containers, bateaux surchargés et flambée des coûts du fret : les professionnels locaux doivent entièrement se réorganiser. Une hausse des prix est attendue sur le territoire.
Une inflation attendue
Ports congestionnés, bateaux surchargés, le quotidien du transport maritime international a été chamboulé par la crise sanitaire. Conséquence : les tarifs du fret ont fortement augmenté. Une évolution toutefois contrastée selon la marchandise et la provenance. Le port autonome de Nouméa, qui accueille trois porte-conteneurs par semaine, n’est pas épargné.
" Sur l’Europe, en marchandises générales, on va avoir 300 euros d’augmentation sur un conteneur 20 pieds par exemple" explique Frédéric Pierson, président du syndicat des transitaires (18 transitaires locaux qui regroupent environ 380 professionnels). "Ça va impacter le territoire en deux termes. Du côté des recettes fiscales, puisque les recettes douanières vont un peu augmenter. Et en termes d’inflation puisqu’il va bien falloir intégrer ces prix là dans les prix de revient".
Des navires affrétés pour transporter des conteneurs vides
Une augmentation justifiée selon les compagnies maritimes à l’image de la MSC, qui importe 12 000 conteneurs à l’année sur le territoire. Des difficultés qui concernent majoritairement la Chine, qui représente 30% des importations locales.
" Aujourd’hui, il y a une telle demande en transport que les navires ne transportent que des conteneurs pleins, donc on n’a plus de place pour repositionner les conteneurs vides là où on en a besoin" explique Maxime Tinel, directeur général de la compagnie. " Donc les compagnies maritimes sont obligées d’affréter des navires entiers pour uniquement repositionner des conteneurs vides, principalement en Asie. Tout ça, ça engendre d’énormes surcoûts pour les compagnies maritimes. Un navire, c’est 20, 25 000 dollars par jour de fonctionnement. Petit à petit, il y a eu un réajustement de taux de fret qui avaient beaucoup baissé ces dernières années sur la Nouvelle-Calédonie parce qu’il y a une grosse concurrence".
Des délais de livraison rallongés
Autres difficultés : le manque de matières premières et des délais de livraison bien plus longs, pour les près de 110 sociétés locales importatrices et distributrices.
" Aujourd’hui, on se retrouve avec un phénomène de rupture sur certaines lignes, de délais qui sont importants et des augmentations des fournisseurs annoncés pour le mois de mai et le mois de juin principalement" explique Laurent Vircondelet, président du syndicat des importateurs et distributeurs. " On peut aller jusqu’à deux mois pour avoir un container à disposition sur un quai. A partir du mois prochain, on va s’attendre à des augmentations progressives des importateurs".
Des subventions sur le fret ?
Une loi pourrait être présentée au Congrès, afin d’accorder des subventions sur le fret des matières premières. Une disposition appliquée en Métropole (à hauteur de 50%), qui, les professionnels l’espèrent, verra le jour sur le territoire.
En 2020, les importations s’élevaient à 271 milliards de francs CFP en Nouvelle-Calédonie, en recul de 14% par rapport à 2019.
Les précisions de Xavier Benoist, président de la Fédération des Industries de Nouvelle-Calédonie.
Fret maritime itw Benoist
Le reportage du 22 juillet 2021 de Brigitte Whaap et Claude Lindor