Dans une boucherie-charcuterie-traiteur, basée à Païta depuis 5 ans, les viandes, toutes confondues, sont mises en valeur dans un laboratoire. Ici, tout est fait maison, de la découpe à la transformation en terrines, saucissons, brochettes et jambons. "Voilà un demi-porc cassé, vite fait bien fait", commente un boucher.
Dès dimanche, sur les étals, la viande locale et importée mise en vente coûtera plus cher : +8%, en moyenne. Une hausse qui a été décidée par le gouvernement, mercredi 27 avril, suite aux augmentations successives du coût du fret, du carburant, des engrais et de l'alimentation animale.
Une situation subie depuis 2019
"On va faire au mieux pour toucher au moins le consommateur, mais c'est sûr qu'on ne peut pas la prendre pour nous cette augmentation. Cela ne va pas être possible. Si on veut être encore là l'année prochaine, il faut malheureusement répercuter quelque chose. Maintenant, on fera au mieux", commente Sandra Rousseau, gérante du commerce évoqué plus haut. "On a de la chance d'avoir des agriculteurs qui font de l'excellent travail. On a de la super bonne viande en Nouvelle-Calédonie, donc là, s'ils ont besoin de nous, il faut nous aider. Dans le monde entier, tous les prix augmentent et on n'a pas d'autre choix que de suivre, de subir."
Une situation qui est subie depuis l'apparition de la fièvre porcine, en 2019, aggravée par la Covid-19 et la crise ukrainienne, qui accentuent les difficultés d'approvisionnement et de transport à l'échelle mondiale et donc en Nouvelle-Calédonie. L'importation représente un tiers des besoins en viande, sur le Caillou.
+17,5% pour l'aliment utilisé par les éleveurs de porc
"Cela fait des mois et des mois que l'on subit cette inflation. On a pu tenir, jusqu'à aujourd'hui, malgré des pertes, mais la situation n'est plus tenable. Sur l'importation, il faut absolument relever les prix pour être en accord avec les cours internationaux des viandes et des devises, qui ont aussi augmentées", explique Frédéric Espinosa, directeur de l'Office de commercialisation et d'entreposage frigorifique (Ocef).
Dans une économie mondialisée et interconnectée, l'autonomie alimentaire est plus que jamais une urgence, avec la conjoncture actuelle. "A titre d'exemple, l'aliment pour les éleveurs de porc a augmenté dans des proportions énormes, suite à la crise ukrainienne. En Métropole, le coût de l'aliment, sur un an, a augmenté de +17,5%. En Nouvelle-Calédonie, c'est la même chose pour les éleveurs. Si on ne soutient pas les éleveurs de porc, en achetant, pour compenser cette hausse, leurs animaux plus chers, ils vont disparaître", argumente Frédéric Espinosa.
Il est vraiment absolument nécessaire de soutenir les élevages, non pas pour qu'ils gagnent plus, mais pour qu'ils survivent et qu'ils continuent à exercer leur activité et à produire.
Frédéric Espinosa, directeur de l'Ocef
Les 600 éleveurs locaux enregistrés à l'Ocef assurent les deux tiers des besoins en viande des Calédoniens. Ce marché est évalué à 7 200 tonnes par an.
Retrouvez, ci-dessous, le reportage de Nadine Goapana et Nicolas Fasquel :