Une centaine d'agriculteurs en colère tirent la sonnette d'alarme à Bourail

Une centaine d'agriculteurs se sont rassemblés au champ de foire de Téné, à Bourail, vendredi matin.
Un rassemblement d'agriculteurs a eu lieu, à Bourail, vendredi 29 avril, en matinée. En grande difficulté financière, ils ont fait part de leur colère et déplorent un manque de soutien des pouvoirs publics face à la flambée des prix de leurs moyens de production.

Ils sont une centaine à s’être rassemblés, vendredi 29 avril au matin, sur les champs de foire de Téné, à Bourail. Les agriculteurs sont en colère et ils ont tenu à le faire savoir. Entre les intempéries, l’envolée des prix et un manque de considération des pouvoirs publics, ils trouvent leur situation intenable. Ils font part de leur désarroi.

"On veut juste rappeler à tout le monde qu'on existe, qu'on est là, qu'on travaille dur et qu'on a besoin d'une certaine reconnaissance par rapport au métier que l'on fait, celui de nourrir nos compatriotes", explique David Perrard, organisateur du rassemblement des agriculteurs en colères. Un mouvement spontané a débuté, mardi, par un rassemblement, devant la mairie du village. Il s’est structuré et poursuivi, ce jour, sous une pluie battante.

Un ensemble d'augmentations

Le 20 mars, l'Institut de la statistique et des études économiques (Isee-NC) a publié le dernier Indice des prix d'achat des moyens de production agricole de la Nouvelle-Calédonie (Ipampa-NC), qui permet de suivre l'évolution des prix des biens et des services utilisés par les agriculteurs, pour leur exploitation. Ce dernier a augmenté de +0,7% en un mois, tout comme l'indice énergie et lubrifiants (+4,3%). En un an, l'Ipampa-NC a augmenté de +5,3%, les indices semences et plants +3,3%, énergie et lubrifiants +17,4%, les produits de protection des cultures +8%, les aliments des animaux +7,5%, les ouvrages de génie civil +7,1% et l'indice entretien et réparation +2,7%.

En 12 mois, l'indice Ipampa-NC a augmenté de +5,3%.

"On veut interpeller les institutions par rapport à l'ensemble de ces augmentations. Le coût des intrants n'a eu de cesse d'augmenter, depuis maintenant pratiquement 24 mois. Notamment sur les filières le plus sensibles, qui sont encadrées, comme les filières porcines ou avicoles, où l'on sait que le prix des aliments rentre pour un part importante dans le calcul du prix de revient", poursuit David Perrard.

Ces gens-là sont en train de mourir. Si on ne trouve pas de mesure pour qu'ils puissent s'en sortir et qu'on ait une certaine réalité des prix en sortie, on va avoir des exploitations qui vont finir par disparaître.

David Perrard, organisateur du rassemblement des agriculteurs en colère

Une aide à l'énergie et des encadrements des prix étudiés

En parallèle, une réunion de travail contre la vie chère et l'inflation s'est tenue, dans la journée, au gouvernement, sous l'égide de Gilbert Tyuienon, membre du gouvernement en charge de la fiscalité. Une augmentation de l'aide à l'énergie, pour les agriculteurs, est à l'étude.

Dans le même temps, diverses mesures de règlementation des prix alimentaires, à l'importation, sont envisagées :

  • l'encadrement temporaire des prix maximums des fruits et légumes les plus consommés
  • la relance de l’accord de modération des prix "bouclier qualité prix" pour un panier de fruits frais
  • la suppression définitive, temporaire ou périodique, des restrictions aux importations des fruits et légumes
  • la valorisation des productions labellisées
  • la baisse des droits de douane et de la Taxe de soutien à la production agricole (TSPA) sur les fruits et légumes

Des aides de l'Agence rurale et le versement d'acomptes autorisés

Début avril, après le passage de la dépression tropicale Fili, l'octroi de 130 millions de francs CFP d'aide aux producteurs de fruits et légumes en difficulté a été décidé par l'Agence rurale. "Pour ceux qui auront perdu 30% de leur chiffre d'affaires, on leur proposera une aide plafonnée à trois millions avec des critères à respecter", précisait, le 14 avril, Lionel Brinon, son président.

Le gouvernement a également classé en calamités agricoles plusieurs communes, après les intempéries de début janvier et la dépression tropicale Dovi. La collectivité en a également fait de même après la dépression tropicale Ruby, les 13 et 14 décembre. Une décision qui permet à la a Caisse d'assurances mutuelles agricoles (Cama) de verser un acompte sur remboursement aux agriculteurs assurés, avant des indemnisations définitives.

Mais les agriculteurs des communes de La Foa, Moindou et Bourail déploraient, fin mars, que les exploitations de ces trois communes aient été exclues des indemnisations, l'arrêté du gouvernement ne prenant pas en compte les communes de la province Sud situées au nord de Boulouparis.

Retrouvez, ci-dessous, David Perrard, au micro de Nathan Poaouteta :

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