Réunis ce mardi matin au sénat coutumier, ses membres et dirigeants sont revenus sur la situation sanitaire et politique en Nouvelle-Calédonie. L’institution a décrété, "à compter du 06 septembre 2021, un deuil kanak d’une année". Une décision "lourde de sens", précise son président Yvon Kona, qui appelle les familles, clans et chefferies "à en saisir toute la portée et à la respecter".
"On est traumatisés"
271 morts au dernier bilan sanitaire de ce mardi, "ce sont plus de 500 familles directes concernées et plus d’un millier de clans endeuillés. Toutes ces familles, qui n’ont pu ni accompagner dignement leur défunt, ni faire leur travail de deuil", assure Yvon Kona. Ajoutant qu’il y aura "un avant Covid 19 et un après, Covid-19".
"Ce sont des moments particuliers, où il y a aura des temps de préparation des clans maternels, paternels", ajoute de son côté Justin Gaïa, porte-parole du sénat coutumier. "Pour que tout soit prêt, l’année prochaine, lorsqu’on remettra les corps aux clans maternels. C’est une période exceptionnelle. C’est la première fois que l’on a tant de morts. On est traumatisés, il y a eu un choc psychologique. C’est très difficile, dans cette période, d’organiser un rendez-vous aussi important que le troisième référendum".
Report du référendum à fin 2022
Dans cette lettre adressée au président de la République Emmanuel Macron, le sénat coutumier se positionne pour un report de la troisième consultation, à fin 2022. Et alerte le chef de l’État, sur "les risques de rupture que présente sa décision d’organiser rapidement ce 3e référendum. Risques que nous percevons dans les prises de position d’un côté, des partis politiques loyalistes et différents forums économiques et de l’autre, par les indépendantistes et les forces vives du monde kanak", poursuit son président Yvon Kona.
"Pour que la sérénité revienne dans ce pays, il faut que ce deuil soit mis en place et que cette période soit respectée. Nous demandons de décaler, à l’année prochaine, ce référendum qui pour nous, est mal venu", déclare Justin Gaïa, le porte-parole de l’institution.
Autre demande formulée, que des discussions approfondies aient lieu avec l’État, sur les conséquences du Oui et du Non. "Dans ces discussions, devront être aussi abordées la place de la coutume et de l’identité kanak, dans le prolongement du pluralisme juridique, né de l’accord de Nouméa. Et cela, quel que soit le choix du Oui et du Non", martèle Yvon Kona.
Quel avenir pour le sénat coutumier?
Enfin c’est l’avenir de l’institution qui doit être débattu selon les responsables du sénat coutumier. "Nous sommes à la fin de l’accord de Nouméa, qui a mis en place les deux institutions coutumières. Les huit pays et le sénat. Elles ont abouti à une conclusion, qui est qu’il faut revoir leur fonctionnement", poursuit Justin Gaïa.
Un renouveau qui doit être évoqué lors de ces discussions selon les membres de l'institution. "Peut-être que demain, il n’y aura plus qu’une seule institution coutumière, qui va couvrir l’ensemble du pays kanak. C’est à ce titre, que nous allons nous mettre à contribution pour réfléchir à l’avenir du sénat coutumier. Il y aura peut-être une évolution au niveau de la désignation des sénateurs. La priorité, avant 2025, c’est de mettre en place la nouvelle structure", conclut le porte parole de l’institution.
Le reportage de Brigitte Whaap et Christian Favennec :